Chronique N° 967
Deux faits ont dominé cette semaine, d’abord la tempête Christine puis le retour des gelées avec l’anticyclone. Un changement de temps drastique !
La tempête Christine est remarquable par sa durée puisque les premières rafales supérieures à 100 km/h commencent par la pointe de Penmarch le 2 mars vers 18 heures et les dernières sont observées au Mont Aigoual le 5 mars à O heures. Au niveau de l’intensité les rafales les plus violentes dépassent assez peu 100 km/h sauf quelques pointes isolés. On mesure des maximums de 143 km/H au cap Férret le 3 mars vers 14 heures et 128 km/h à la pointe du Raz le même jour à 18 heures, hors postes de haute altitude sur le Massif central et probablement les Pyrénées. Même si les montagnes du sud ont été très ventées, la montagne a accouché d’une souris quand on compare avec les tempêtes antérieures au niveau des rafales maximales.
Comme les précédentes, les rafales supérieures à 100 km/h n’affectent que des régions côtières, des iles ou des cimes montagneuses avec une géographie particulière. La seule ville touchée un peu à l’intérieur est Niort le 3 mars à 12 heures avec 104 km/h. Les littoraux concernés sont ceux de l’Atlantique du golfe de Gascogne à la pointe de la Bretagne. La Manche et la mer du nord souvent au cœur des vents violents en particulier sur le Cotentin et la pointe du Boulonnais ont été totalement épargnées. Sur cet espace Atlantique, on a l’impression d’un saupoudrage des vitesses les plus fortes sur l’ensemble et l’évolution géographique de la tempête est peu évidente. On remarque cependant une tendance à descendre vers le sud, avec un début sur les côtes méridionales de la Bretagne et à partir de la mi-journée du 3 mars une extension aux côtes landaises puis dans l’après-midi à celles du Pays basque. La pointe de Socoa continue d’être très soufflée jusqu’au 4 mars dans la matinée. Ceci n’a rien de régulier car la Bretagne continue de recevoir jusqu’en soirée des rafales importantes.
Dans la journée du 4 mars, les hauteurs des Cévennes et des Pyrénées subissent à leur tour les vents violents. Au débouché sur la Méditerranée, le Roussillon du cap Béar à Leucate est aussi affecté quelques heures à la mi-journée du 4 mars.
Toutes ces particularités s’expliquent car Christine est une tempête « à reculons ». Elle a été refoulée sur l’Atlantique par les anticyclones russes et des Açores qui progressent l’un en direction de l’autre sur le continent Européen et lui coupent la route. Ceci provoque la tempête car entre la dépression Atlantique et ces anticyclones, le gradient de pression dont dépend la vitesse des vents, augmente. La dépression atlantique de 970 hpa le 2 mars au large de l’Irlande, progresse le 3 jusqu’à l’entrée de la Manche. Là elle est totalement stoppée par la progression des anticyclones et doit reculer. Le 4 on la retrouve centrée entre le mer d’Iroise et le sud de l’Irlande à 1000 hpa.
Ceci explique la durée de la tempête pendant tout le temps du blocage, son assez faible intensité avec des pressions assez peu creusées en son centre et le fait qu’elle soit rabattue en direction du golfe de Gascogne avec des vents de nord-ouest
Ce blocage a eu aussi une seconde conséquence, les anticyclones ont rabattues les précipitations de la perturbation qui accompagne Christine en direction du versant nord des Pyrénées avec des crues des rivières du bassin de l’Adour. Comme une grande partie tombe sous forme de neige en montagne, les crues ne se développent qu’en aval dans les plaines des landes ou de Gascogne. Le gave de Pau atteint 8 m à Orthez, loin des fortes crues de Juin 2013 et de décembre 1980, le fleuve avec 2.5m à Aire sur Adour, est en dessous des 5.45 m de février 1952. Cette région a encore été à la « une » de l’actualité pour ses inondations comme très souvent depuis octobre 2012, et juin 2013, mais avec des événements de bien moindre importance.
L’arrivée de l’air froid en Méditerranée a provoqué une dépression sur l’Italie qui accélère l’air sur les montagnes du sud, Cévennes et Pyrénées mais aussi dans la descente vers la mer dans le Roussillon, mais quand on analyse la situation météorologique, cette accélération sur les hauteurs et côtes de la Méditerranée semble un phénomène assez différent de la tempête Christine.
Le temps a totalement changé avec l’arrivée des hautes pressions. Ces anticyclones ont eu une deuxième conséquence dans les jours suivants avec le retour des gelées matinales.
Ces dernières ne sortent des régions de montagne que le mardi 4 mars pour atteindre quelques points des Ardennes, de lorraine et de Picardie. Elles s’étendent le mercredi 5 mars selon une diagonale du Massif central aux Ardennes en passant par le Val de loire , la Beauce , la région parisienne et la champagne. Nevers est la ville la plus froide avec -3.7°. Le 6 correspond à l’extension maximale des gelées. D’autres régions s’ajoutent à celles affectées la veille, le nord du bassin Aquitain jusqu’à la vallée de la Garonne et les plaines de l’est de l’Alsace à la Saône. Charleville et Guéret ont des minimums de -4.3°. A partir de vendredi, les gelées matinales commencent à régresser pour leur extension géographique et leur intensité.
Depuis mercredi, les médias n’ont signalé que la douceur des températures maximales et le départ précoce de la végétation. L’annonce de ces gelées semble l’élément qui dérange, pourtant beaucoup de postes ont presque autant de jours de gelées en mars qu’en février. Par exemple Nevers a eu 5 jours de gel en février avec un minimum de -3.8° alors qu’en mars il y a déjà 4 jours avec 2 minimums en dessous de -3° (3.7°). Charleville a subi 7 jours de gel en février et déjà 5 en mars avec un minimum aussi bas pour les deux mois !
Il existe souvent au début de mars l’une des dernières recrudescences de l’hiver, cette dernière est illustrée par ces gelées cette année, mais en même temps, des températures maximales élevées permettent de masquer ce phénomène.
En réalité les conditions atmosphériques et thermiques ont totalement changé en début de semaine. Au moment de l’arrivée des tempêtes et des perturbations atlantiques, l’air qui arrive de l’Océan est doux, avec des vents d’ouest. Dans ces conditions les gelées matinales sont inexistantes sauf en montagne. Dans la journée, le ciel couvert, limite l’ensoleillement et la montée des températures. Les maximums sont doux sans plus.
L’arrivée des anticyclones a amené un air froid véhiculé par un temps de nord ou nord-est. Ne pas oublier que l’air qui arrive dans les basses couches provient de l’anticyclone russe, froid même après le voyage. Le ciel se dégage aussi. Pendant la nuit, l’origine de l’air froid et le fort rayonnement font baisser les températures et les gelées reviennent, non seulement en montagnes mais aussi en plaine. Au contraire dans la journée, le fort ensoleillement apporte un réchauffement qui contredit la froidure du matin, les températures montent et atteignent des niveaux de plus en plus élevés dans la journée.
Au départ la froidure l’emporte, et les gelées sont maximales jeudi, ensuite peu à peu l’ensoleillement réussit à réchauffer progressivement l’air , les maximums augmentent et les gelées diminuent, ceci se produit depuis hier vendredi.
Il est des moments où les conditions climatiques basculent complètement. Depuis deux mois nous subissions un hiver océanique doux arrosé et perturbé, les anticyclones en progressant, ont fait reculer la dernière tempête et ont mis fin à cette longue période au moment du début du Carême, en devançant « les quatre temps » situés la semaine prochaine !
Gérard Staron donne rendez-vous samedi prochain sur Radio Espérance , Bonne semaine !