Si l'on exclut le bassin du Rhône au sud de Lyon, rares sont les fleuves et rivières qui ne montent pas en France actuellement.
Dans cet ensemble, les situations les plus dangereuses concernent de petits cours d'eaux affluents ou sous affluents des fleuves qui sont disséminés aux quatre coins du territoire.
C'est ainsi que l'on en trouve :
1) Sur le bassin de la Seine amont : la crue du Loing a effectivement dépassé le niveau de la célèbre inondation de 1910 sur des partie très limitées de son cours amont ( 2.1 m contre 1.85 en janvier 1910 à Montbouy). L'onde se propage vers l'aval où elle monte encore à Nemours où elle n'a pas dépassé celle de 1910 (3.96 m contre 4.25 m). A proximité, l'Yonne d'habitude l'affluent terrible de la Seine, a monté sans atteindre pour l'instant ses niveaux historiques (3.3m environ autant à l'amont à Gargy qu'à l'aval à Courbon)
2) Sur la Seine aval seule la Drouette affluent de l'Eure a dépassé les niveaux les plus élevés de crues récentes (2.47 m contre 1.91 m en décembre 1999)
Sur le bassin de la Loire on trouve aussi plusieurs points sensibles
3)A l'amont deux sous affluents, éloignés géographiquement ont réagi une première fois dimanche , puis connaissent une seconde montée plus importante que la première en ce moment.
La Dore affluent de l'Allier avec 3.02 m au Dorat ce matin (3.88 m en décembre 2003) et la Bourdince (rivière de Paray le Monial ) affluents de l'Arroux puis de la Loire à Digoin (3.31m)
4) A l'aval il faut surveiller comme je l'indiquais hier les affluents méridionaux en aval d'Orléans mais là encore ce sont de petits bassins qui réagissent avant les grands :
d'abord des affluents du Cher comme la Sauldre ( 4.94 m à Salbris), la Yèvre (4.83 m), l'Arnon
puis l'Indre et actuellement les parties amont de la Vienne, la Creuse et la Gartempe.
5) Pour trouver d'autres points sensibles il faut se rendre dans "les hauts de France" avec deux points assez éloignés de débordement où les rivières amorcent leur décrue après un maximum le 31 mai
La Lawe dans la région de Béthune (2.18 m contre 1.61 m en mars 2012) et dans une moindre mesure son voisin la Lys
à l'autre bout du Nord L'Helpe mineure est montée à 3.55 m alors que sa voisine la majeure a été bien plus modérée
6) Enfin le dernier secteur inquiétant se trouve dans l'est avec 3 zones éparses, surtout l'Orne affluent de la Moselle en Lorraine du Nord et deux secteurs très éloignés du bassin de la Meuse, la Chiers affluent le long de la frontière belge (3.4 m contre 3.77m en janvier 2007) et dans une moindre mesure l'amont du fleuve (1.92 m à Comercy contre 3.8m en décembre 2001)
Pourquoi ces points de crispations éparpillés sur le territoire alors que le plus souvent la zone des inondations correspond à un secteur géographique précis?
Il semble que les caractéristiques des bassins versants jouent un rôle majeur par rapport à la trajectoire des pluies :
précipitations qui se bloquent contre des reliefs le long desquels s'étirent des cours d'eaux : la Dore , la Bourdince, bassin de la Vienne et de l'indre contre le Massif central
rivières de plaine peu habituées à recevoir de fortes précipitations en provenance du nord surtout au mois de mai juin : Loing, Drouette, affluents du Cher
Une inondation sur autant d'espaces géographique en mai-juin est-ce inhabituel ?
On se trouve dans la saison des paroxysmes orageux qui déterminent des inondations localisées sur un point déterminé du territoire et rarement des phénomènes étendus sur de multiples bassins mais il existe dans le passé des précédents majeurs :
dans le domaine océanique : la principale crue de la Saône en mai 1983
dans le domaine méditerranéen : la crue de l'Argens de juin 2010
Surtout sur une grande partie de la France : les inondations de mai juin 1856 gardent encore les plus hauts niveaux sur des nombreux secteurs des bassins du Rhône et de la Loire. C'est après cette catastrophe que Napoléon III a commencé à mettre en place la protection contre les inondations ( digues , législation etc)
Enfin de tels débordements peuvent-ils s'étendre aux grands fleuve ?
Ceci dépend de la concentration concomitante en aval des ondes élémentaires de crues.
Le danger semble à mon avis plus important sur la Loire que sur la Seine où l'on ausculte le fameux zouave du Pont de l'Alma
Sur la Seine le point de concentration sensible correspond à l'agglomération parisienne et les rivières qui ont peu monté (Marne , Oise et Aisne ) semblent plus nombreuses que celles qui ont beaucoup monté ( Yonne et surtout Loing), le fleuve montera encore mais sauf apport pluviométrique nouveau, on peut penser que les niveaux ne seront pas exceptionnels.
Sur la Loire le point de concentration se situe entre Tours et Saumur et sur ce secteur les trois principaux affluents montent fortement ( La Vienne à Nouatre 5.72 m ou l'Indre 2.72 m ) ou sont appelés à monter en raison de l'apport de leurs rivières ( le Cher ).
Les prochaines pluies arrivant du nord selon une trajectoire plus orientale, sont actuellement sur les Ardennes ou l'Allemagne du nord,et peuvent développer les crues éparses actuelles sur la Meuse et la Moselle et surtout faire monter le bassin de la Saône qui a encore peu réagi.
rien n'est terminé!
Gérard Staron