La Montagne Noire avait des idées noires pendant la nuit de dimanche à lundi comme le montre le montage des images de satellite. Captées par Claude (merci)
Le 14 avant le déclenchement des fortes pluies sur l’Aude, on distingue des masses nuageuses méridiennes de la Catalogne espagnole où se situent les principales masses nuageuses à l’ouest de la France
Le 15 au matin après les fortes pluies , on remarque la basculement des masses nuageuses orientées cette fois sud-est nord-ouest
Les masses nuageuses sont venues buter de plein fouet contre la Montagne Noire et ont changé d’orientation sur ce secteur car les hautes pressions situées sur le continent européen ont bloqué les pluies ce qui a augmenté d’autant les précipitations sur ce secteur.
Ceci a eu deux conséquences importantes :
I - La première concerne l’aspect géographique avec les calamités concentrées sur un espace très réduit pour une pluie méditerranéenne
- Le secteur géographique concerné est très réduit, limité au versant méridional de la Montagne noire jusqu’au seuil de Naurouze dans la région de Carcassonne avec un orage qui a été quasi stationnaire sur ce secteur , comme ceci avait déjà été cas l’an dernier sur la Haute Loire le 13 juin dans le secteur de Goudet Costaros.
- Les précipitations cévenoles classiques remontent ensuite habituellement jusqu’à nos départements ligériens, tel n’a pas été le cas cette fois, car ce blocage a coupé la route aux masses pluvieuses, or avec la sécheresse, il y aurait eu intérêt à ce qu’une petite partie au moins des pluies arrive jusqu’à nous, et nous n’avons eu aucune précipitation !
II - Autre surprise le contraste entre l’importance de la crue hydrologique avec les dégâts induits et l’importance bien plus réduite des hauteurs de précipitations.
Le cumul, le plus important, mesuré à Carcassonne sur 24 heures, 139.8 mm est loin d’être un record. Pour ce poste il y était déjà tombé : 168.6 mm en novembre 1999, 151.7 mm en 1970 alors que la crue en aval de la ville approche à Trèbes ( 7.68 m contre 7,95 m) ou même dépasse de quelques centimètres à Puicheric ( 6.63 m contre 6.61 m) le record de la crue du 25 octobre 1891 !
Nous avons donc des pluies à peine supérieure à une probabilité décennale (les pluies sont plus souvent supérieures à 200 mm en 24 heures parfois 600 mm lors de crues méditerranéennes) qui ont donné une crue centennale dans la partie centrale du bassin de l’Aude, soit à l’endroit où le fleuve reçoit les affluents en provenance de la Montagne Noire en particulier l’Orbiel !
Qu’est-ce qui peut expliquer ce contraste ?
Le principal facteur semble hydrologique : la convergence dans un secteur de plaine de tous les cours d’eau rassemblant les eaux du versant incriminé soit le Fresquel, l’Orbiel, grossi du Clamous. C’est ainsi qu’une crue limitée en amont à Limoux (3.77 m) devient extraordinaire à l’aval de Carcassonne, puis s’étale ensuite en perdant de sa vigueur !
La rapidité de la montée des eaux fait de même, 0.6 m par heure à Carcassonne, elle monte 1.3m/h sur l’Orbiel et 1.1 m/h à Trèbes pour retomber à 0.4 m/h vers l’aval . Ces valeurs sont importantes mais il y a au moins l’équivalent lors des événements méditerranéens , comme en septembre 1992 (Vaison la Romaine) 1980 (Loire à Bas en basset ) 1993 ou 2002 (Gardons) !
La concentration des eaux s’est effectuée sur un milieu fortement peuplé qui correspond à la zone urbaine de Carcassonne.
Cette zone de concentration correspond aussi à une rupture de pente entre la Montagne Noire et la plaine du seuil du Lauraguais. Tout s’est déversé en même temps sur le secteur incriminé !
Tous ces éléments ont aggravé l’impact des précipitations….. Nous avons certes une calamité climatique, mais très largement aggravée par les facteurs hydrologiques liés à la concentration des eaux sur un secteur à risque !
Une étude plus poussée sera fournie lors du prochain Météofil N° 149 de l’AMRL…….