Chronique N°835
Si vous résidez dans des villes on l’on capte Radio Espérance, vous devez vous interroger.
Presque partout le total pluviométrique du mois dépasse 100 mm en juillet alors qu’il n’est pas encore terminé.
On frôle les 200 mm au Puy en Velay, on dépasse 160 mm à Chambéry, 120 mm dans la vallée du Rhône, à Paray le Monial, à Guéret et Lyon. On approche des 100 mm à Saint Etienne, Clermont Ferrand ou Limoges. Curieux quand on prend en compte les restrictions d’eaux prises administrativement puisque le Rhône, la Loire, les départements alpins et de la vallée du Rhône sont placés en situation de sécheresse comme la plus grande majorité du bassin de la Loire et du pays puisque plus de 65 départements sont dans ce cas ! La confrontation des deux données a de quoi surprendre.
Uniquement au niveau des précipitations, nous analyserons plus tard celui des températures, le mois de juillet 2011 rentre dans la catégorie des étés les plus pourris depuis longtemps.
Le cas le plus net est celui du Puy en Velay, Non seulement le record de pluviométrie en 24 heures a été battu que l’on prenne en référence la mesure à heure fixe 93,5 mm ou mobile 125,8 mm. Le record du mois de juillet le plus arrosé est déjà tombé à Loudes avec 195,7 mm alors qu’il peut être amélioré, il en est de même de celui de tous mois les plus arrosé détenus par juin 1992 avec 192.8 mm. Pour trouver un mois plus arrosé dans le secteur, il faut remonter à juillet 1977 avec 215 mm à Chadrac.
Pour Saint Etienne Bouthéon, alors que les derniers jours peuvent encore augmenter le total, 2011 possède déjà le 12ème mois de juillet le plus arrosé depuis 1946, soit 65 ans. Les deux plus pourris restant 1977 avec 169 mm et 1963 avec 165 mm. La pluviométrie est en train de rattraper le retard antérieur puisque sur le trimestre mai juillet, on trouve depuis la fin de la seconde guerre mondiale, 24 années plus sèches, avec moins de 207.9 mm total provisoire de 2011.
On pourrait continuer l’analyse avec d’autres stations comme Lyon Bron, Montélimar,
Je ne doute pas que cette situation a de quoi surprendre. Habituellement juillet est un mois sec en France autant dans les zones de climat océanique où les perturbations sont en principe plus rares en été, que dans le domaine méditerranéen affecté en année normale par la remontée des anticyclones subtropicaux. Seules les zones de climat semi-continental comme l’Alsace présentent une très relative abondance ! 2011 continue d’être une année erratique très sèche en avril-mai quand beaucoup de régions connaissent un maximum pluviométrique en année normale et arrosée en juillet habituellement sec !
Juillet est aussi en temps ordinaire le début de l’étiage estival pour les cours d’eaux. Pour se faire une idée de la situation hydrique du pays, j’ai recherché sur les grands bassins fluviaux pour éviter les phénomènes locaux, l’état des débits actuels.
La Garonne connait à cette fin de mois une petite crue qui a atteint la cote de 1.60 m à Verdun sur Garonne, la comparaison avec les débits est difficile.
La Seine à Paris Austerlitz dont la quasi-totalité des départements de son bassin connait des mesures de restrictions de l’usage de l’eau, a un débit actuel de l’ordre de 131 m3s. Il a remonté depuis fin juin où il était inférieur à 100m3s. Le seuil de vigilance pour l’étiage commence à cette station en dessous de 81 m3s !
Le Rhône à Valence, dont le bassin est touché par des mesures similaires, roule actuellement de l’ordre de 1240m3s. Ce débit est légèrement supérieur au débit classé médian atteint par le fleuve un jour sur deux soit 1190m3s. L’étiage mensuel habituel descend une année sur deux à 700 m3s et une année sur 5 à 560 m3s.
La situation de la Loire est un peu moins brillante, mais s’améliore. Descendu à 50 m3s à la fin de juin et au début juillet, le débit à Gien est remonté à 93m3s soit très largement au-dessus de celui mensuel d’étiage une année sur deux de 78 m3s. En aval à Montjean, ces débits sont équivalents aux alentours de 190m3s. Aucun soutien d’étiage n’est nécessaire au barrage de Villerest qui a même augmenté la quantité d’eau retenue entre le 21 et le 27 juillet de 112,4 à 115,6 Mm3. Le soutien de l’Allier par Naussac est très faible entre 1 et 2 m3s et il reste 163 Mm3 dans la retenue sur une capacité d’environ 190Mm3 ! Les objectifs de débits sont nettement dépassés à l’aval. Les barrages doivent garantir 50m3s à Gien pour la Loire, et 12m3s à Vic le Comte pour l’Allier, les débits mesurés aux deux stations atteignent quasiment le double, ce qui n’était pas le cas, il y a un mois !
Les débits de la quasi-totalité des grands fleuves de France ont connu une hausse spectaculaire dans la seconde partie de juillet par rapport à fin juin. Cette situation erratique interpelle. En année normale l’inverse se produit en raison du déficit pluviométrique de saison chaude, les précipitations étant inférieures à l’évaporation et les sources, exutoires des nappes phréatiques soutiennent les débits des fleuves qui baissent lentement.
Que signifie la situation rarissime de juillet 2011 de rétablissement de l’écoulement des fleuves, au plus bas fin juin !
Les précipitations ont été suffisantes pour faire face aux ponctions de l’évaporation affaiblie par la fraicheur de juillet, mais aussi pour satisfaire les besoins d’une végétation, des cultures et des prairies qui ont reverdi, mais encore pour humecter les sols depuis le printemps chaud et sec.
Cette hausse des débits des grands bassins fluviaux en juillet montre qu’il y a eu un surplus d’eau qui s’est écoulé en direction des rivières, ce ne sont plus seulement les nappes qui soutiennent les débits de cet été. Les choix des cours d’eaux que nous avons présentés, montrent qu’il ne s’agit pas de précipitations locales liés à des orages, mais à des phénomènes d’envergure sur des superficies à l’échelle du pays !
Comment dans ces conditions expliquer le contraste majeur entre le vécu d’une pluviométrie excédentaire et répétitive pendant tout le mois qui a notablement corrigé les débits des fleuves et rivières et cette multiplication d’arrêtés préfectoraux cumulant les restrictions de l’usage de l’eau.
A la date du 26 juillet 2011, la totalité du bassin de la Seine, la presque totalité de celui de la Garonne, la plus grande partie de celui de la Loire subissent des arrêtés préfectoraux restreignant l’usage de l’eau parfois de niveau 3, le plus élevé, pour plus de 30 départements. Le total en France atteint 65, avec en plus 8 en vigilance en liaison avec des arrêtes cadres généraux. Seuls quelques bordures du pays échappent à ces restrictions, les côtes d’Armor autrefois du nord, le Calvados, les pays Chtimi, les Ardennes, une partie de l’est et du littoral méditerranéen, les Hautes Pyrénées et les landes. Au centre du pays, la Haute Loire, le Puy de Dôme le Cantal et la Creuse n’ont pas osé déclarer la sécheresse en raison des déluges quotidiens subis !
S’agit-il de services partis en vacances qui ont oublié de rapporter des arrêtés anciens, non, car le nombre de départements a augmenté en juillet. En France plus il pleut, plus la sécheresse augmente ! L’été doit être chaud et sec et un arrêté préfectoral suffit ! Le ciel doit obéir ! La population subir !
Heureusement que le ridicule ne tue plus !
Gérard Staron vous donne rendez vous la semaine prochaine sur Radio Espérance. Bonne semaine