Chronique N°925
On nouvel arrosage vient de commencer mercredi et il serait bien imprudent de ma part de vous annoncer sa fin au moment où vous m’entendrez !
Si je me limite à ma station de Saint Etienne 500m, la pluviométrie de mai dépasse déjà 85 mm vendredi matin, le record du cumul de janvier à mai a déjà été battu depuis le début des observations, alors que nous sommes qu’à la moitié du mois et qu’il reste 15 jours pour le compléter ! Depuis 2006, il atteignait 334.1 mm en 2010 et vendredi matin nous en étions à 335.1 mm en 2013
Si je prends en compte une station qui présente une série plus longue comme Andrézieux Bouthéon, le cumul de la pluviométrie depuis le 1er janvier qui atteint 301.8 mm à la mi-mai 2013 représente déjà presque la valeur moyenne du premier semestre. En effet depuis 1947, on trouve déjà 26 années qui ont connu un total du 1er janvier au 30 juin inférieur à 300 mm avec 5 années qui avaient reçu au 30 juin moins de 250mm.
Pourtant dans ce secteur, il n’y a eu aucune inondation pour l’instant, l’état de la ressource en eau publié dans le récent bulletin de l’AMRL (Météofil N°89) était l’un des plus médiocres par rapport aux autres postes des départements de la Loire et du Rhône.
Dans la région centre-est de la France, le déluge a été souvent plus important. La capitale de la Bourgogne qui a subi la crue de l’Ouche début mai, a reçu un véritable déluge. Le mois d’avril semble déjà présenter une record toutes catégorie avec 115.4 mm battant les 88.9 mm de 1968. Le mois de mai a reçu en 15 jours 88.8 mm, plus que la moyenne du mois entier 68.5 mm, le cumul depuis le 1er janvier représente déjà avec 350mm plus de la moitié d’une année entière !
On trouve une situation quasiment semblable depuis le début de l’année dans le centre-est de la France avec un cumul de 374 mm à Macon, de 377mm à Langres de 422 mm à Lyon Satolas et de 449mm à Besançon , presque chaque fois la moitié d’une année moyenne ! Totaux tous évolutifs et déjà dépassés ! Qu’il existe de fortes pluies en mai dans cette région, s’explique, ce mois correspond pour de nombreuses stations au maximum pluviométrique, mais les excès ont commencé en avril, et parfois antérieurement.
Dans l’épisode commencé mercredi, les précipitations les plus importantes ne se produisent pas sur la région stéphanoise, mais plus à l’est selon un axe de La méditerranée à la Saône. Le total déposé mercredi dépasse 40 mm de la côte d’Azur avec 55.9 mm à Cannes à la vallée du Rhône avec 57.5 mm à Montelimar et à la région Lyonnaise avec 40 mm aux deux stations de Bron et Satolas, ensuite les fortes pluies se perdaient en Bourgogne avec 30 mm à Macon et à Dijon. L’axe des pluies s’est à peine déplacé vers l’est jeudi des Alpes aux Vosges. Après les orages épars de vendredi soir, la nouvelle pluie de samedi est encore en cours sur des régions proches !
IL convient de savoir que ces cumuls de précipitations sont évolutifs car comme les épisodes depuis avril, la durée des vagues pluvieuses est longue. Celle du 18 au 20 avril dure déjà 3 jours. Celle commencée le 27 avril ne se termine que le 4 mai avec les crues que l’on sait, celle qui arrive le 8 mai ne se termine que le 11 et enfin celle de mercredi 15 n’est pas terminée samedi au moment de cette chronique !
Quelle situation atmosphèrique génère ces déluges ?
Depuis la mi-avril, notre pays est situé entre deux anticyclones , celui des Açores à l’ouest qui est remonté sur l’Atlantique et celui Russe ou d’Europe centrale à l’est dont la stabilité est plus faible. Depuis cette époque, il y a deux cas
Le premier est celui où ces deux masses de hautes pressions réussissent à faire leur jonction et où celui des Açores réussit à s’étendre jusqu’à la France. Ces anticyclones ferment alors la porte à l’accès par les dépressions et perturbations qui descendent des hautes latitudes et nous connaissons nos rares périodes ensoleillées sans précipitations comme celles du 13 au 18 avril, du 21 au 25 avril et plus récemment du 4 au 8 mai et du 11 au 14 mai.
Le second correspond au repli des anticyclones sur leurs bases d’origine, l’Atlantique pour l’un , l’Europe centrale ou orientale pour l’autre. Cette situation ouvre la porte à la descente en ligne directe par l’Atlantique nord ou la mer du nord des perturbations en provenance directe de l’Arctique. On voit arriver une première perturbation pluvieuse de nord-ouest ou nord aux précipitations assez limitées, mais cette première descente est suivie de prolongations assez inattendues pour la saison. D’abord l’air froid de ces perturbations atteint la Méditerranée, ceci lui donne l’occasion de se recharger à satiété en humidité sur les eaux tièdes de la Grande bleue et d’aller la décharger ensuite sur les littoraux. Ensuite l’anticyclone d’Europe centrale vient souvent se positionner au-delà des Alpes. Par sa présence il maintient les masses pluvieuses sur l’est de la France et les fait remonter loin vers le nord, en particulier sur le bassin de la Saône avec même un débordement substantiel au-delà sur le bassin parisien au début mai.
Le processus que je viens de décrire ressemble étrangement à celui des grosses crues méditerranéennes de l’Automne, à une nuance près, la Méditerranée n’est pas encore assez chaude pour activer une plus grande instabilité de l’air avec une très grande intensité des précipitations , nous avons seulement des grosses pluies méditerranéennes « au rabais en mai » !
Ce mécanisme s’est encore produit cette semaine. Les anticyclones ouvrent la porte lundi. La perturbation déjà sur la Manche aborde sa descente sur la France. Mercredi elle atteint la Méditerranée. Rechargée en humidité, ses pluies remontent alors selon un axe de la Cote d’Azur jusqu’au bassin de la Saône car les hautes pressions d’Europe orientale se sont installées au-delà des Alpes. Les pluies continueront jusqu’à ce qu’elles se seront retirées ! Elles remontent haut et atteignent la Lorraine vendredi matin, recommencent samedi !
Les crues peuvent-elles repartir ?
Modérément pour l’instant sauf si des orages locaux violents ou des pluies plus intenses viennent compliquer un état du sol saturé en eau !
Heureusement que la période de porte fermée après le 4 mai a permis aux flots de s’écouler sans recevoir de renfort substantiel. Celui de la Saône l’a fait assez rapidement, les eaux sont passées assez vite au Rhône et très affaiblie, la crue de l’amont a atteint Beaucaire le 11 mai avec 4600 m3s. les pluies depuis mercredi puis actuellement ont fait repartir à la hausse tous les cours d’eaux du bassin du Rhône en aval de Lyon, mais une crue dangereuse est peu probable. L’Ouvèze, l’Eyrieux, le Doux sont les cours d’eaux les plus menacés samedi.
Le bassin de la Saône a peu bougé, la montée a repris modestement samedi. Si les pluies devaient à nouveau l’atteindre massivement, le danger serait plus important !
Sur le bassin de la Seine, le flot a mis longtemps à s’écouler, la bonne concordance des crues du fleuve amont et de l’Aube l’ont fait repartir au point que dans le secteur de Pont-sur-Seine les inondations ont joué les prolongations jusqu’au début de cette semaine. Les nouvelles pluies ne semblent pas pour l’instant capables d’atteindre massivement ce bassin et de relancer la crue
La Loire amont a peu bougé début mai, celle entre Digoin et Nevers a connu seulement une crue modeste avec un maximum à Decize. Depuis jeudi, le fleuve est reparti à la hausse à partir de la Plaine du Forez, mais comme cette reprise parait pour l’instant limitée, même si elle reprend samedi !
L’écart entre les deux grosses périodes de pluviométrie de début mai et l’actuelle semble avoir été suffisant pour éviter le chevauchement dangereux de leurs ondes. Se méfier toutefois d’une situation évolutive !
Gérard Staron vous donne rendez-vous samedi prochain sur les ondes de radio espérance, Bonne semaine