Chronique N°941
L’été 2013 : vraiment iconoclaste.
Après la fraicheur de juin tout le monde a vanté l’arrivée du beau temps à partir du 14 juillet et pendant le mois d’août.
Si je prends comme référence les 50 dernières années à la station de Saint Etienne Bouthéon, on peut constater que juin n’a pas été aussi frais que l’on aurait pu le penser avec une moyenne de 17.2°, il se situe au 25ème rang, dans une situation médiane, mais tous les années du siècle qui débute ont été plus chaude depuis 2000. L’impression de fraîcheur parait assez relative en raison de mois de juin aux températures élevées ces dernières années.
Juillet a été à la fois beau et chaud surtout dans sa seconde partie puisque sa moyenne de 21.9° n’a été dépassée que 5 fois dans ces 50 dernières années en 1983 24°, 2006 23.6°, 1994, 1995 et 2003.
On retrouve un contraste entre le ressenti du beau temps en août puisqu’avec une moyenne de 19.6°, 2013 n’est qu’en 24ème position dans un classement médian. 15 années sur 50 dépassent 20° de moyenne.
Sur l’ensemble de l’été, 2013 se situe en 13ème position et cette année, la notion de beau temps doit être déconnectée de celle de chaleur.
Dans notre région, cet été a aussi été iconoclaste au niveau des précipitations.
Le mois de juin est celui du maximum pluviométrique sur la région stéphanoise, or 2013 n’a connu que 3 années où la pluviométrie a été plus faible en juin avec 1976, 1989 et 2003.
Le mois de juillet marque régulièrement un creux de pluviométrie au cœur de l’été or il est le 3ème plus arrosé de ces 50 dernières années seuls 1977 avec 169 mm et 2007 avec 129 mm dépassent les 114,7 mm de 2013.
Août est habituellement très arrosé avec les orages, il concurrence souvent juin comme maximum pluviométrique, or 2013 se situe parmi les plus secs. Seules 6 années ont reçu moins d’eau que 2013 avec 3 dans les années 80 (1985, 1987 et 1989) et 2 mm en 1996.
Habituellement un été pourri est à la fois frais et très arrosé comme 1963 ou 1977 et un bel été est à la fois chaud et sec comme en 1976, 2003 ou 2005. Les trois mois de cet été ont inversé de façon caricaturale ce type de situation puisque dans notre région, juin a été frais et très sec, juillet a été très chaud mais aussi très arrosé et enfin août est revenu à une fraîcheur sèche ! 2013 est donc encore atypique ! Dans le détail, c’est même la période la plus chaude de la fin août et du début juillet qui a été la plus arrosée avec les orages dévastateurs accompagnés des traînées de grêle alors que les périodes les plus fraîches de juin , sauf dans le sud-ouest, et d’août ont aussi été les plus sèches.
Habituellement la sécheresse d’été est avant tout l’apanage des régions méditerranéennes. L’été 2013 a confirmé puisque la plus grande partie des stations qui ont reçu moins de 20 mm autant en juillet qu’en Août se situent le long de la grande Bleue. Pour l’ensemble des 3 mois de juin à août Hyères a seulement reçu 5 mm, et Toulon 9 mm. Si cette pointe méridionale du Var, subit normalement la sécheresse méditerranéenne la plus drastique, l’ensemble du littoral du Roussillon à la côte d’Azur présente des totaux à peine moins faibles. La surprise vient que l’ouest du pays en particulier la Bretagne a accompagné dans la sécheresse. Pour les 3 mois, le cumul de Saint Brieuc atteint à peine 65 mm et ceux de Valognes et Saint Nazaire moins de 100 mm! Même si l’été n’est pas la saison la plus arrosée en pays océanique, une telle faiblesse est remarquable !
Cet été s’accompagne de contrastes importants de précipitations. Le plus curieux est visible entre les couloirs du centre-est de la France. En juillet Les sillons de la Loire et de la Saône sont les plus arrosés avec plus de 100 mm alors que les précipitations n’atteignent pas la moitié à Clermont Ferrand, mais au mois d’août les Limagnes reçoivent les pluies (114 mm à Clermont Ferrand) alors que les sillons de la Loire et de la Saône sont bien plus secs. Par ailleurs la Normandie est très sèche, mais Dieppe reçoit 106 mm en Août !
Une telle situation est le résultat de notre position au cours de l’été par rapport à l’anticyclone des Açores qui est resté sur l’Atlantique en débordant légèrement sur la France en particulier en juillet et août !
Sa présence a apporté un ensoleillement important. La position de notre pays sur son flanc est a entretenu des courants de nord qui ont rendu l’atmosphère plus stable, sèche et ont freiné la hausse des températures. C’est pour cela que l’on a eu une sensation de beau temps alors que les températures restaient le plus souvent modérées. Cette présence anticyclonique a empêché les précipitations dans la période assez fraiche, voilà qui explique la contradiction apparente d’un été à la fois beau assez frais et sec !
Quand l’anticyclone a eu des faiblesses, globalement l’ouest et les littoraux de la Grande Bleue sont restés le plus longtemps sous son influence. Les perturbations sont venues du nord, elles sont affaiblies à cette saison donc elles ont apporté peu de précipitations à leur arrivée le long de la Manche. Elles ont pris un caractère orageux en traversant le pays avec les excès de grêle et de pluie que l’on sait, mais elles n’ont pu atteindre la Méditerranée protégée par l’anticyclone mais aussi par l’assèchement de l’air descendant des reliefs ! Voilà pourquoi l’ouest a rejoint le midi méditerranéen dans les régions sèches !
Nous avons donc connu un bel été sauf pour ceux touchés par la grêle, mais un ami est venu me rappeler récemment qu’un bel été a été aussi celui de 1870, 1914 et 1939, ceux du déclenchement à cette même période de 3 guerres particulièrement calamiteuses pour la France. Inutile de vous rappeler les défaites rapides de 1870 et de 1940 et les débuts difficiles de celle de 1914 avec l’ennemi près de Paris avant la bataille de la Marne et une suite épuisante et meurtrière de 4 ans et demi. J’ai vérifié, effectivement, ces trois été ont été beau parfois chaud avec 20.4° de moyenne à Paris en juillet 1870 et plus de 18° en août 1914 et 1939, avec un bel ensoleillement et des précipitations assez faibles sur la fin de l’été. Si la bataille avait commencé début août en 1914, on parlait de bruits de guerre en 1870 et 1939 comme aujourd’hui avec la crise Syrienne à la fin d’un bel été.
Ne comptez pas sur moi pour émettre le moindre avis sur cette sombre affaire de bombardement chimique, sauf naturellement pour émettre la condamnation d’usage, mais seulement signaler deux aspects historiques ou géographiques.
La guerre civile Syrienne est la continuation des révolutions de 2011. Dans ce type d’évènements il y a toujours un pays où la guerre se prolonge par exemple en Italie et Hongrie lors des révolutions de 1848 chronique N°816 : Révolutions de 2011 comme celles de 1848 ou 1830? . Quel bilan peut–on tirer de ces révolutions de 2011? Toutes les particularités et les analyses pessimistes que nous pressentions dans nos chroniques d’alors ses sont vérifiées pour la nature et l’instabilité institutionnelle des nouveaux régimes, pour leurs comportements vis à vis des puissances occidentales ou de leurs minorités, pour leur économie surtout touristique Chronique N°829 : La pays du rêve décalé!
Par ailleurs contrairement aux interventions militaires récentes, la Syrie a une armée entrainée avec des alliés clairement désignés comme la Russie. Ne pas oublier le rôle joué par les systèmes d’alliance dans les grandes guerres du siècle dernier !
Alors attention à la fin du bel été !
Gérard Staron donne rendez-vous samedi sur Radio Espérance, bonne semaine.