Chronique N°927
Ne nous plaignons pas quand les conditions climatiques de ce mois de mai ont été encore plus mauvaises chez nos voisins en particulier ceux qui sont placés selon un axe de l’Allemagne à L’Italie
Nous nous sommes plaints à de nombreuses reprises des précipitations pourtant nos déluges peuvent paraitre assez ternes par rapport à ceux de nos voisins. La station de Lugano dans le Tessin Suisse a reçu pendant les 29 premiers jours du mois 318 mm dont 206,9 mm entre le 14 et le 22 mai. Le nord de l’Italie a même reçu du 15 au 19 mai de véritables déluges avec plus de 250 mm en 4 jours à Someraro, Stura, Varallo, Domodossola !
En France même Biarritz n’atteint pas ce cumul avec 300mm. Les stations de la région centre-est de la France ont aussi connu de très fortes précipitations pendant ce mois de mai mais en aucun cas le total de ce seul mois n’est un record, même Dijon avec 155,5mm et Besançon.144 mm. Rien de comparable avec les cumuls de mai 1983. Par exemple à Andrézieux , à la date du 30 mai, il y avait encore 13 années où le total de ce mois avait été supérieur depuis 1947 à celui de 2013et surtout 1983 avec 230 mm.
Dans les Alpes, le manteau neigeux est reparti à la hausse. A Santis en Suisse, le manteau était descendu à 3.60 m le 20 mai et avait perdu près d’un mètre début mai. Les nouvelles chutes l’on fait remonter à 4.08 m les 27 et 28 mai. Il est aussi passé de 1.24 m à 1.5 m au Weissfluchjoch. La principale victime de ce nouvel afflux de neige a été le Tour d’Italie dont 4 étapes ont été tronquées ou annulées pour cause de neige. L’épreuve peut invoquer la concordance embêtante entre les grandes étapes de cols alpins et les descentes froides de nord. Le samedi 16, il a fallu abandonner la montée vers Sestrières et l’étape se termine dans la chute de neige au-dessus de Bardonnechia. Le lendemain, après les menaces sur le mont Cenis, l’étape est stoppée 4 km en dessous du col du Galibier où aurait dû se situer l’arrivée, et les flocons accompagnent les coureurs. Après quelques jours de répit, L’étape du vendredi 24 mai doit être annulée. Non seulement il est impossible de passer les cols prévus initialement en raison de leur altitude très élevée le Gavia et le Stelvio à plus de 2600 et 2700 m d’altitude, mais il faut aussi renoncer au plan « B » qui prévoyait le passage du Passo di Tonale et du Passo Castano. Le samedi 25, les trois premiers cols de la journée, Passo Costalunga à 1745 m, Passo de San Pelegrino à 1918 et Passo Giau à 2236 m ne peuvent être franchis et seule la montée finale des Tre Cime de Laveredo est maintenue avec une arrivée sous les flocons. Quand on effectue le bilan global on constate que le passage de 9 cols a été impossible qu’il s’agisse de ceux initialement prévus ou des doublures, tous à des altitudes proches ou au-dessus de 2000 m, en plus 3 arrivée s’effectuent sous les flocons.
La semaine dernière je vous signalais déjà que le Tour d’Italie est la course cycliste avec Paris-Nice la plus affectée par les modifications d’itinéraires ou d’annulations en liaison avec la neige, en raison de deux aspects. Le premier correspond aux restes de l’hiver avec les fortes couches qui subsistent encore au-dessus de 2000 m certains, le second est lié aux descentes perturbées de nord ou de nord-ouest qui peuvent encore amener de bonnes couches de neige fraîche à ces niveaux. Cette année, les deux phénomènes se sont cumulés, mais l’édition 2013 parait celle qui a été la plus impactée depuis le début de l’épreuve selon les recherches que nous avons menées dans notre ouvrage «Conditions climatiques et compétitions cyclistes» avec Jean Paul Bourgier. La perturbation d’une étape par édition est un phénomène courant, mais un nombre aussi important de problèmes ne semble s’être produit antérieurement qu’en 1989. « La neige perturbe quatre étapes, toutes localisées dans la partie orientale du massif. Celle du Gavia est annulée, une seconde raccourcie au départ le lendemain ; la troisième s’achève sous les flocons aux Tre Cime de Lavaredo et enfin une couche blanche recouvre les pentes de la Marmolada ». Que de similitudes entre les problèmes climatiques de 1989 et de 2013 sur le Tour d’Italie, mêmes coïncidences entre un manteau nival abondant hérité de l’hiver, des descentes perturbées de nord sur les Alpes et une concentration de cols supérieurs aux altitudes de 2000 m et même 2500 m.
Il a été annoncé que mai 2013 serait le plus froid connu, par exemple dans la Loire. Alors qu’il restait deux jours pour clore le mois, la moyenne provisoire de mai 2013 de toutes les stations que nous avons consulté ne s’acheminait pas vers un record. Par exemple à Andrézieux Bouthéon, mai 2013 en était provisoirement à 10.7° alors les mois de mai de 1957 et 1984 était de 10°2. Il en est de même à Clermont Ferrand , Chambery ou Lyon. Par contre l’année la plus froide à Lille a été celle de 1962.
Sauf fait nouveau toujours possible, les dernières gelées de 2013 ne seront pas des records par leur caractère tardif. En 1961, le 30 mai, des gelées sous abri avaient affecté une très grande partie des plaines du nord du Massif central, la plaine du Forez avec Montbrison et Andrézieux, celle de Roanne, les Limagnes du Bourbonnais à Clermont Ferrand et à Brioude, et des bassins qui ceinturent le Limousin, sans oublier des plateaux. L’année suivante 1962, repassait le plat de ces gelées très tardives entre le 4 et le 6 juin dans les bassin intramontagnards de la vallée de l’Allier ou du limousin. Je vous invite à lire la prochaine chronique à ce sujet de Guy Blanchet dans « Météo et Climat ».
Par contre, tel n’est pas le cas en Allemagne où les températures négatives en plaine ont commencé le 23 , connu leur maximum le 24 avec -4.1° au Feldberg et continuent dans le bassin rhénan le 25 mai en particulier à l’aéroport de Bonn Cologne et -1.7° à Kaisersberg. Trois stations ont connu leur record de la température minimale la plus basse pour la dernière décade de mai , il s’agit de Rheinstetten avec 1.1° le 25 mai, de Dusseldorf avec 0.6° le 24 mai , record depuis 1970, et de Bonn Cologne avec -0.6° le 25 mai depuis 1958.
Les précipitations ont pris le relais avec des intensités fortes, 37 mm à Postdam le 25 mai, 38 mm Buerbronn le 28 et 21 mm à Manchnov le 29. Les rivières du Slesvig Holstein sont en crue avec des montées spectaculaires dans des pays océaniques.
Comment expliquer cette plus grande sensibilité aux calamités atmosphériques d’un axe géographique de l’Allemagne à l’Italie dans la seconde partie du mois de mai ?
Les descentes de nord se sont effectuées à partir de la mer du Nord et elles ont continué leur route jusqu’à la dépression du golfe de Gènes. Dans ces conditions, l’Allemagne est le pays par lequel rentren en Europe l’air froid. Dans un deuxième temps quand il a atteint la dépression du golfe de Gènes, il effectue un large mouvement tournant autour de cette dernière, rechargé en humidité, pour revenir contre le massif alpin.
Pendant cette période la France s’est trouvé le plus souvent en bordure d’un phénomène qui avait ses manifestations principales plus à l’est. La partie orientale de notre pays a été plus affectée que l’ouest , dans notre région l’axe de la Loire supérieure du Velay au Forez et au Roannais a été globalement plus affectée que la partie auvergnate.
Alors ne nous plaignons pas , les calamités de nos voisins italiens suisses ou germaniques ont été au moins aussi importantes que les nôtres, de plus quand on prend en compte les événements, leurs caractère catastrophique aurait pu être pire, nous avons eu, froid, peu de soleil, et supporté de gros arrosages arrosés.
Même scénario dans les calamités en cours, celles du versant nord des Pyrénées avec les crues des rivières de Gascogne, vont être balayées en importance par les fortes précipitations, pluie et neige en altitude sur le flanc nord des Alpes, avec une grosse crue du Rhin et de ses affluents suisses.
Gérard Staron vous donne rendez-vous samedi prochain sur Radio Espérance, bonne semaine