Chronique N°854
Comme je vous le présentais la semaine dernière, notre pays a été contourné par les premières séries de tempêtes qui frappent notre continent depuis le 25 novembre. Seules deux extrémités avaient subi quelques effluves. Le Boulonnais avec le Cap Gris Nez, s’était fait soufflé son appendice séparant la Manche de la mer du Nord, avec 122 km le 8 décembre et une dizaine d’heures à plus de 100 km/h. A l’opposé le nord de la Corse avait subi des vitesses à plus de 160 km/h.
Depuis cette semaine le vent virulent frappe notre pays de façon plus classique. Le seuil retenu pour l’utilisation du mot « tempête » étant 100 km/h, en particulier pour les assurances, je vous propose dans cette chronique une géographie des secteurs qui ont connu des rafales supérieures. Les événements m’ont aussi conduit à un premier bilan à chaud alors que rien n’est terminé au moment où j’enregistre.
Le 13 décembre, le ciel commence à se déchainer par la pointe de la Bretagne à 1h du matin avec plus de 110 km/h à la pointe du Raz et Ouessant. Pendant la plus grande partie de la journée, les plus fortes rafales sont enregistrées sur les îles et les côtes du sud de la Bretagne en particulier dans les secteurs proches de l’estuaire de la Loire à la Pointe de Chemoulin. Vers le sud l’extension ne descend pas en dessous des côtes de Vendée. A partir de la mi-journée, les pointes les plus avancées de la Manche sont sporadiquement affectées de rafales supérieures à 100 km/h, l’avancée des côtes d’Armor dans le secteur de Perros Guirrec, le pourtour de la baie du mont Saint Michel , la pointe du pays de Caux, et enfin le Boulonnais. Plus loin les côtes du nord du Benelux et de l’Allemagne avec une pointe à 126 km/h à Ems subissent un sort semblable.
Après quelques heures de répit, les rafales supérieures à 100 km/h reprennent dans la nuit de mardi à mercredi, à partir de la pointe de la Bretagne. Elles font quelques tentatives d’extension aux côtes des pays de la Charente et surtout à partir de la fin de la matinée aux sommets des montagnes du Jura et des Vosges et en début d’après midi au couloir de la porte de Bourgogne. Les sommets de la Fôret Noire et des Alpes avec 133 km/h au Feldberg et 146 km/h au Zuzptitze sont aussi particulièrement soufflés.
Les fortes rafales continuent de façon sporadiques pendant la journée de jeudi . Outre les cotes de la Bretagne, elles dépassent 100 km /h ponctuellement sur les côtes landaises, mais aussi sur celles du Boulonnais. Les sommets des montagnes continuent d’être balayés vigoureusement , l’Aigoual s’ajoute aux reliefs du Jura et des Alpes.
En réalité, Ceci ne constitue qu’un hors d’œuvre par rapport à ce qui arrive en fin de journée de jeudi. L’évènement porte pourtant le doux nom de Joachim !
Les fortes rafales qui reprennent à partir de 21 h jeudi concernent les seules régions côtières de la Bretagne. Progressivement dans la nuit, des niveaux légèrement supérieurs aux jours précédents sont enregistrés. La vitesse maximale atteint 133 km/h à la Pointe du raz à 23 heures jeudi, 144 km/h à la pointe de Chemoulin près de l’estuaire de la Loire vendredi à 1 heure, et 152 km/h au même endroit à 5 heures. Au moment où j’écris cette chronique le maximum semble passé, les rafales ont été infiniment plus faibles que celles des grosses tempêtes océaniques anciennes ou récentes , le seuil de 160 Km/h largement dépassé lors de décembre 1999, d’octobre 1986 en Bretagne, de Klaus dans les landes ou de Xynthia en Vendée et des très nombreuses tempêtes de janvier et février 1990 ne sera vraisemblablement pas atteint.
Depuis le début de la semaine les rafales ne concernaient que des régions littorales, plus particulièrement celles de la pointe de la Bretagne à la Vendée sans pénétration notable à l’intérieur des terres, à l’exception de quelques hauts sommets des Alpes et du Jura. Joachim commence de la même façon sur les mêmes régions avec une focalisation sur les zones proches de l’estuaire de la Loire. La pointe de Chemoulin cumule plus de 20 heures où les rafales ont dépassé 100 km/h depuis le début de la semaine avec les maximums quotidiens 126 km/h le 13, 137 km /h le 14 et enfin 152 km/h le 16 au matin.
L’extension géographique de Joachim sur les autres littoraux de la Manche au nord ou du golfe de Gascogne au sud ne parait pas plus importante que celle des hors d’œuvre du début de la semaine.
Au sud les cotes de Charente ont été à peine plus affectées qu’en début de semaine avec quelques rafales supérieures à 100 km/h à La Rochelle et surtout à la pointe de Chassiron. Les côtes des Landes sont peu concernées, seulement 102 km/h au Cap Ferret dans la matinée de vendredi .
Au nord le cotentin et la pointe du Pays de Caux au cap de la Hève ont subi quelques rafales à peine supérieures à celles du début de semaines. Le nord et le Boulonnais n’étaient pas encore concernés vendredi en fin de matinée et ne le seront probablement pas.
La nouveauté de Joachim par rapport aux tempêtes de début de semaine est la pénétration modérée à l’intérieur de pays à partir de la fin de la nuit de jeudi à vendredi. A 2 h du matin le centre de la Vendée est atteint avec la Roche sur yon (109 km/h). A 3 h l’intérieur des Charentes et des deux Sèvres,puis le Poitou. Avec des vitesses comprises entre 90 et 110 km/h, la tempête se déplace dans la matinée de vendredi selon un axe entre la Loire moyenne et le Massif central. Poitiers, Chateauroux, Bourges, Nevers, Auxerre et Troyes subissent la tempête entre 6 heures et 9 heures. Elle poursuit ensuite sa route en Lorraine où elle dépasse encore 100 km/h sur l’aéroport de Metz Nancy Lorraine. Au même moment les fortes rafales atteignent les sommets du Jura et dans une moindre mesure du massif central.
Comme annoncé dans mes prévisions , l’Auvergne et le Roannais sont aussi affectés.
Cette progression à l’intérieur des terres selon un axe Vendée, Berry, Lorraine, au sud du Bassin parisien sur les flancs nord des premiers reliefs du Massif central et des Vosges n’a rien d’exceptionnelle, c’est celle de la deuxième tempête de 1999, de celle de mars 2007. Les vitesses de vent ont été assez modérées, en dépassant à peine le seuil de 100 km/h.
La situation atmosphérique est d’un classique d’anthologie avec une dépression qui circule d’ouest en est depuis l’atlantique à la latitude de la Bretagne. Les vents sont exacerbés par un fort gradient de pression avec l’anticyclone des Açores qui résiste sur le sud de la péninsule ibérique. La faiblesse de ce dernier sur la Méditerranée explique le moindre gradient à l’intérieur des terres et la pénétration modérée dans le pays.
Nous avons connu un épisode important certes, d’un classicisme d’école, mais sans caractère exceptionnel, très loin de la virulence extrême des grandes tempêtes, décembre 1999, Klaus, Xynthia, qui autant par les vitesses du souffle que par l’extension géographique présentaient une autre ampleur.
Savez-vous que pendant ce temps-là, de façon tout à fait discrète, les plus grandes vitesses du vent ont eu lieu sur la pointe nord de la Corse avec 156 km/h au cap Sagro vendredi à 2h ! L’ile de beauté a connu une tempête un peu décalée du jeudi à 16 h au vendredi à 3h ! Pourquoi se méfie-t-on moins de la Méditerranée ?
En raison des programmes spéciaux de Noel sur radio Espérance, la chronique n’aura pas lieu le 24 décembre, mais je vous retrouverai au moment d’aborder la nouvelle année, Rendez-vous sur le blog , et Joyeux Noel par anticipation.