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31 janvier 2009 6 31 /01 /janvier /2009 22:13


Tempêtes et inondations du sud-ouest

     La tempête a affecté le Bassin aquitain avec un effet de couloir entre les Pyrénées et le Massif central. On distingue 3 ensembles selon la vitesse des vents (graphique).


Au petit matin du 24 janvier, à partir de 5 heures, La côte landaise du golfe de Gascogne subit des rafales de plus de 170 km/h autant à Biscarosse qu’au cap Ferret. Comme les tempêtes naissent toujours sur un océan, comme le vent ne rencontre aucun obstacle sur le milieu maritime, les rafales sont toujours plus violentes le long des côtes.

Dès que l’on rentre à l’intérieur des terres, les vitesses maximales baissent très vite. Par exemple 172 km/h le long du bassin d’Arcachon, 141 à Mont de Marsan, 111 à Auch, 120 à Toulouse. Le centre du Bassin aquitain a été relativement épargné.

A l’approche de la Méditerranée, à partir de la mi journée, les vitesses augmentent à nouveau avec 3 stations qui ont dépassé 180 km/h : le Mont Aigoual habitué des vents violents en altitude qui atteignent souvent plus de 210 km/h, le Cap Bear un point particulièrement venté coutumier des vitesses supérieures à 150 km/h, et Perpignan de façon plus surprenante même s’il y avait déjà un précédent du même ordre en avril 1958. Cette recrudescence s’explique par l’aspiration du flux atmosphérique par la « Grande bleue », en raison de la grande différence thermique entre la tiédeur de cette dernière et l’air froid qui arrive. D’ailleurs, la Corse et les côtes provençales ont subi en soirée des effluves plus ou moins atténués.

Cette tempête a suscité beaucoup de comparaisons souvent erronées avec celles des derniers jours de décembre 1999.

Dans les deux cas, on constate deux tempêtes à quelques heures d’intervalle. En 1999, elles ont présenté toutes deux le même gros danger. En janvier 2009, celle du 23 a été relativement modérée  sur une trajectoire de la Manche à l’Allemagne. Celle du 24 a été exacerbée pour des raisons géographiques. Sa dépression n’est pas très creusée (980hpa), la surcote de l’océan liée à la hausse du niveau de la mer dans la zone de basses pressions ne dépasse 1 m que dans le secteur de Royan, contre 0,6m ailleurs, ce qui reste limité.  Le flux violent a été coincé entre le centre de la dépression qui a traversé d’ouest en est le nord du Massif central et la chaîne Pyrénéo cantabrique qui a d’autant plus canalisé au sud la violence du flux atmosphérique qu’elle présentait la même orientation que la trajectoire de l’ouragan.

La différence de latitude entre les deux tempêtes de janvier 2008 est beaucoup plus forte que celle de 1999 en raison de la poussée beaucoup plus virulente de l’air froid qui descend derrière et qui a apporté les chutes de neige de samedi et dimanche sur le Massif central. C’est ainsi que cette tempête du 24 janvier 2009 concerne des régions plus méridionales que celle de 1999. C’est pour cette raison que, sur le Bassin aquitain, les vitesses des plus fortes rafales sont du même ordre de grandeur que celle de 1999.

Par contre, il n’y a aucun rapport au niveau de l’extension géographique des zones affectées. Ce 24 janvier, en plaine, seuls 10 départements ont subi des rafales supérieures à 120 km/h, et 5 de plus de 140 km/h. En 1999, pour la  1ère tempête, 33 et 19 départements avaient dépassé ces seuils, et pour la seconde 31 et 15 départements. Comme il ne s’agissait pas des mêmes zones, en 1999, plus des 2/3 du territoire métropolitain avaient été balayés par des rafales dangereuses.

L’association entre la tempête et les inondations qui ont suivi est aussi partiellement erronée.  Les pluies qui ont précédé ont été quantitativement plus importantes que celles qui ont accompagné ou même suivi l’ouragan. Sur le secteur amont de l’Adour, on distingue nettement les 4 grosses averses successives qui ont fait monté le fleuve par paliers. La première se produit le 21, la seconde correspond à la  pluie du 23, la troisième du 24 provoque une nouvelle montée plus faible et enfin la 4ème se produit le 26. Dans les pays océaniques une seule averse ne suffit pas pour faire monter la rivière, il faut un phénomène cumulatif sur plusieurs jours. Ce cumul a été bien moins long sur la Garonne, sur les affluents de la Dordogne, la Dronne et l’Isle, et la Charente qui ont commencé à monter seulement le 23 et de ce fait ont connu des crues de moindre ampleur et surtout de plus faible durée que l’Adour.

Cette catastrophe ne justifie pas  la comparaison avec 1999. La Météorologie et l’hydrologie ne suffisent pas à expliquer l’importance  des dégâts relatés. Ces derniers semblent d’ailleurs concentrés sur un secteur, les Landes, en raison des caractéristiques du milieu géographique.

Si vous regardez la définition de « Landes »  vous obtiendrez « terrain non boisé », or aujourd’hui cette région est l’une des principales forêts du pays. Cette plaine sableuse, au terrain instable avec des dunes qui se déplaçaient selon les vents dominants, correspondait à une région pauvre marécageuse en adéquation avec la définition du dictionnaire. A partir du Second Empire, les premiers ingénieurs agronomes, dont Bremontier, ont trouvé le moyen d’arrêter le déplacement des dunes, de stabiliser ce milieu instable, d’assainir son caractère marécageux. L’implantation du pin maritime s’est avérée particulièrement judicieuse et a provoqué la richesse de la région avec l’industrie du bois.

 Ici, la forêt stabilise le sol sableux et non pas l’inverse comme on pourrait le penser dans une région normale. Quand le vent s’en mêle, c’est souvent le carnage ! La lutte entre le sable mouvant et la forêt stabilisatrice, s’exprime parfaitement autour de la dune de Pyla qui n’a jamais pu être plantée et dépasse 100 mètres de haut !

La forêt des Landes n’est pas d’origine, ce qui la rend fragile. Il a fallu faire beaucoup de travaux pour la protéger des incendies gigantesques comme celui de 1947. Les arbres issus de semences portugaises au départ ont souvent gelé lors des grands hivers. La sensibilité aux tempêtes est la troisième fragilité, elle aggrave aussi les problèmes d’alimentation électriques et l’isolement des voies de communication en liaison avec les chutes d’arbres en raison d’un habitat très dispersé qui multiplie les lignes à réparer et les petites routes à dégager.

Autre particularité de cette plaine, le sable qui la compose n’est perméable qu’en surface, mais à quelques centimètres du sol, une couche imperméable durcie, l’alios,  retient l’eau en surface. Ceci explique le caractère marécageux que l’on retrouve encore dans le folklore de la région avec les bergers sur les échasses pour émerger des marais. Par ailleurs les dunes situées à proximité de l’océan sont un obstacle à l’écoulement de l’eau qui ne peut se faire qu’aux extrémités des Landes ou à partir du bassin d’Arcachon. Même l’Adour contourne le flanc sud de la plaine et doit traverser son extrémité entre Bayonne et le Boucau. Dans des zones où la pente est particulièrement faible, la crue s’attarde en aval de Dax. Les 4 intumescences de l’amont, ont donné à Dax une montée à peine accidentée de paliers, et depuis le début de l’après midi du 27 où le fleuve a atteint 5,1 m, les eaux stagnent à des niveaux élevés. Il en est de même dans les points mal drainés de la plaine des Landes.

La fragilité du milieu géographique est certainement aussi importante que les conditions météorologiques de la tempête ou des précipitations dans l’importance de la catastrophe.


Gérard Staron vous donne rendez vous samedi prochain sur les ondes ou le site de Radio Espérance à 13 h 15, texte repris sur le portail internet zoom42.fr et ce blog. Bonne semaine à tous.

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27 janvier 2009 2 27 /01 /janvier /2009 15:38

    Les crues des bassins du sud-ouest de la France présentent une particularité assez curieuse , assez faibles sur les bassins amonts, elles  prennent de l'importance vers l'aval. C'est très net sur la Charente où la rivière enfle entre Angoulème et Cognac. Les cours d'eaux en provenance du Massif central comme la Dordogne ont peu bougé alors que ses affluents de l'aval l'Isle et la Dronne ont débordé.
    Les pluies qui ont accompagné la tempête n'ont apporté qu'un complément à des rivières qui avaient déjà commencé à monter dès la matinée du 20 sur l'Adour, du 23 sur la Garonne en aval de Montauban.  Les crues de ces rivières de plaine sont des phénomènes lents qui mettent un temps très long pour se mettre en place. Une seule pluie ne suffit pas, seul un cumul de précipitations successives remplit le bassin comme une baignoire qui déborde. Rien à voir avec les crues cévenoles qui s'évacuent comme une chasse d'eau (1)
Pour vous en convaincre voici les profils comparés de crues de la Charente à Saintes et du Rhône à Avignon survenues en même temps en janvier 1994 ! (2)

Actuellement le maximum est en passe d'être atteint sur les bassins les plus touchés.
Sur l'Adour la crue arrive à 5,1 m à Dax, elle est inférieure à celle de mars 1999.
Sur la Garonne, la crue approche de Bordeaux , elle est inférieure aux grandes crues de décembre 1981 et mars 1930
Sur l'isle et la Dronne, l'onde atteint la confluence avec la Dordogne où elle va perdre de son influence.
La Charente monte encore à Cognac et en aval, mais la crue est inférieure de 1.5m à celles historiques de 1982 et 1994 ( mentionnée sur le graphique).
 Ces cours d'eaux baissent  aussi très lentement, on ne peut émettre aucun disgnostic pour la suite. De nouvelles pluies importantes  dans les jours prochains pourraient faire repartir la crue sur des bassins saturés !

(1) Gérard Staron   "Le ciel tomberait-il sur nos têtes"    2003 Editions ALEAS 15 quai Lassagne 69001 Lyon
chapitre 3
(2) graphique extrait de Gérard Staron "Les catastrophes d'origine pluviométriques dans le sud de la France , l'exemple des 6,7 et 8 janvier 1994"    Publications de l'association internationale de climatologie  1994
volume 7 p 225 à 231

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24 janvier 2009 6 24 /01 /janvier /2009 20:14

                                                                                                          Voici le tourbillon de la tempête transmis par Claude.

A 10 h 45  (image au dessus), le centre de la dépression est visible sur le département de la Creuse.  On distingue l'air froid  qui descend des Iles britanniques jusqu'aux Pyrénées. C'est dans cet entonnoir entre le sud de la dépression et l'axe montagneux orienté ouest-est  qui s'étire de la Galice au Roussillon que se situent les vents les plus violents canalisés entre les deux. Avec plus de 170 km/h, les stations littorales, proches du bassin d'Arcachon, Biscarosse et le Cap Ferret ont subi les rafales les plus rapides.  Le vent est toujours plus violent sur une surface maritime qu'un continent où la rugosité du relief limite les vitesses qui diminuent vers l'intérieur des terres. Au contact avec l'air doux situé en avant vers l'est,  les nuages les plus épais  s'étirent du Poitou au Massif central et déversent selon l'altitude pluie ou neige.




Un peu plus tard vers 14 heures (image en dessous),  l'ensemble s'est déplacé vers l'est. Le centre de la dépression est moins visible, sur la plaine du Forez , semble-t-il. Les vents les plus violents atteignent  la Méditerranée  avec une virgule qui remonte sur l'Aveyron et la Lozère. Le rétrécissement entre le Massif central et les Pyrénées au niveau du seuil de Naurouze, l'attraction par les eaux tièdes de La Grande Bleue  ont déterminé la très violente rafale sur Perpignan à plus de 18O km/h. Au même moment, les précipitations se déclenchent entre le Mézenc et le Pilat avec de la neige au dessus de 800 mètres et de la pluie en dessous. L'arrivée de l'air froid en Méditerranée détermine le gonflement de l'énorme panache de nuages sur les golfes du Lion et de Gènes.

Cette tempête marque le retour de l'hiver. L'air froid l'emporte, quelque soit la résistance de l'air chaud sur la Péninsule ibérique derrière l'axe des montagnes Pyrénéo-cantabriques.

Gérard Staron   http://pagesperso-orange.fr/climatologie.staron

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23 janvier 2009 5 23 /01 /janvier /2009 21:50

 

 

           L’hiver est la saison privilégiée des tempêtes océaniques. A ce moment de l’année, le contraste est maximal sur l’Atlantique entre l’air arctique très virulent surtout en 2009 et l’air chaud de l’anticyclone des Açores. Il se forme alors des dépressions très creusées avec le vent le plus violent au sud du centre dépressionnaire.

Deux  comme en 1999 ou plusieurs de suite comme en 1990, est classique. Elles descendent en latitude, la seconde est toujours plus au sud que la première, car l’air froid particulièrement actif repousse les dépressions et perturbations qui l’accompagnent vers le sud.

La première, ce vendredi  a progressé de la Manche à l’Allemagne. Nous en avons subi les rafales affaiblies à la mi-journée avec une diminution de sa violence du Roannais  à la région stéphanoise où ce type de tempête est rarement dangereux.

Comme annoncé dans mes prévisions, la seconde est attendue cette nuit dans le golfe de Gascogne. Elle arrive parallèlement à l’axe de la chaine Pyrénéeo-cantabrique. Cette canalisation entre le centre de la dépression et l’axe montagneux risque d’accroitre très fortement la vitesse du vent dans le sud du bassin Aquitain, départements placés en alerte rouge. Ensuite la tempête devrait passer en Méditerranée par le seuil de Naurouze. Nous serons en marge nord de la tempête cette fois, mais la vitesse du vent est plus forte et fantasque  à Saint Etienne pour cette trajectoire.

Ces tempêtes océaniques, même  très violentes  atteignent la Loire de façon atténuée derrière les hauteurs du Massif central qui seront très soufflées cette nuit en Lozère et Aveyron, et surtout selon une trajectoire déviée par les axes du relief  de direction nord-sud. Dans la région stéphanoise le vent sera de sud au début puis passera au nord. 

 

Gérard Staron                 http://pagesperso-orange.fr/climatologie.staron

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20 décembre 2008 6 20 /12 /décembre /2008 20:44

Les calamités hivernales de décembre (Suite)

   Les calamités climatiques n’ont pas manqué lors du dernier week-end, les inondations du Tibre à Rome, le nouvel épisode neigeux sur le Massif central, les inondations dans le Vaucluse et l’on pourrait même ajouter la tempête de glace dans le nord-est des Etats-Unis. Ces questions nous ramènent au même sujet que la semaine dernière : la vague hivernale précoce et généralisée de ce mois de décembre 2008.

Ces événements ont été annoncés exceptionnels d’une façon un peu hâtive, ils posent cependant plusieurs questions.

 Distinguons d’abord ce qu’il convient de relier à la première vague hivernale du 9 au 11 décembre et à la seconde du 13 au 15 décembre.

La première offensive du 9 au 11 décembre, déjà traitée dans notre chronique N°706,  continue sa route en Méditerranée en liaison avec une dépression dans le golfe de Gènes. Après avoir déposé sa neige de l’est du Massif central, surtout sur le Pilat, aux Préalpes du nord, l’air froid chargé en humidité sur la Méditerranée se déplace vers le sud-est. Il vient alors déverser son eau sur la face Tyrrhénienne de l’Italie. Au nord dans une atmosphère plus froide, les chutes de neige de Gènes donnent une lame d’eau énorme de 122mm. Plus au sud,  les grosses pluies inondent le Latium. Il serait tombé en 15 heures,  43 mm sur Rome et 55 mm sur Pratica di Mare. Ces pluies modestes à l’échelle des abats cévenols français sont à relier à la plus faible habitude de fortes précipitations dans ces zones méridionales pour les mettre en relation avec l’importance de la crue ( la plus importante des quarante dernières années).

La seconde offensive du 13 au 15 décembre, à laquelle il faut relier les très fortes chutes de neige du Massif central et les inondations du Vaucluse, est de nature différente. L’air méditerranéen humide qui arrive s’accompagne d’un très fort redoux sur des régions affectées préalablement d’un froid très vif le matin du 13. Au Puy Loudes, le samedi matin, le thermomètre est descendu à -14,2° pour dépasser +3° en fin d’après midi. A Saint Etienne j’ai relevé -8,6° à 8h52 et 6,7° après 21 heures. Cette remontée brutale des températures précède l’arrivée des précipitations qui s’effectuent sous forme de pluie à proximité de la Méditerranée, puis sous forme de neige au fur et à mesure qu’elles pénètrent dans des régions d’altitude influencées par l’air froid précédent.

Il s’est donc produit deux chutes de neige lourdes à quelques jours d’intervalle, la première du 9 au 11 décembre avec 40000 abonnés sans électricité en Isère essentiellement et la seconde sur le cœur du Massif central avec un maximum de 100000 foyers sans courant du 13 au 15. Le tout a été associé aux difficultés de circulation sur les axes traversant le relief central de notre pays ou les Alpes du sud à Isola 2000 qui mérite bien son nom avec des problèmes d’isolement de villages montagnards même au XXI ème siècle.

Il existe un précédent catastrophique de plusieurs chutes de neige lourdes qui avaient répandu la désolation  à quelques jours d’intervalle avec une plus grande ampleur sur le sud de la France. Le 28 et le 29 janvier 1986, la première affecte surtout l’Ardèche avec 50 000 abonnés sans électricité. La seconde déplace le problème sur le Languedoc et le Roussillon le 31 janvier 1986, et fait monter à plus de 300 000 les foyers sans courant. Enfin une troisième couche s’ajoute sur l’intérieur du Massif central du 2 au 4 février et perturbe le rétablissement de l’électricité. L’événement a déposé des épaisseurs au moins équivalentes aux actuelles avec 1,40 m de neige à Fay sur Lignon ce qui constitue encore le record.

Seule différence, les régions géographiques affectées étaient un peu différentes puisque ce dernier week-end les intempéries occupent une diagonale transversale par rapport aux reliefs des Alpes du sud au Massif central.

Sur cette même diagonale de la Cote d’Azur au Massif central, ce dernier week-end associe les inondations du Vaucluse où il tombe 100 mm en 24 heures sous forme de pluie et les fortes chutes de neige des reliefs montagneux avec une lame d’eau de 61 mm à Mende et 40 mm au Puy.

Ce sont de petits cours d’eaux  qui débordent dans les zones où la précipitation s’effectue sous forme de pluie. La rivière la plus importante est l’Ouvèze. La crue limitée en amont dans les zones enneigées prend de l’ampleur dans la partie aval avec 450 m3s à Bédarrides, ce qui la place au dessus de celle de septembre 2002, mais en dessous de la grande catastrophe de septembre 1992. Au niveau de Cavaillon, des petits ruisseaux, surtout le Coulon, ont défrayé la chronique.

Il existe aussi dans le passé au moins un épisode qui a associé d’importantes chutes de neige lourde et des inondations dans le midi de la France du 6 au 8 janvier 1994.  Les fortes pluies sur les Préalpes du sud, de 100 à 300 mm, provoquent une crue de la Durance qui atteint 3200 m3s contre seulement 830 lors du week-end dernier, et une inondation du Rhône en aval d’Avignon qui atteint 11000 m3s contre seulement 2700 m3s à la mi décembre 2008. Au début janvier 1994, ces inondations sont associées avec une chute de neige lourde sur l’est du Massif central qui dépose plus de 40 cm de neige fraîche sur les Cévennes. Le nombre maximum d’abonnés sans électricité avait alors atteint 110000 dont 80000 sur la région stéphanoise.

Les événements méditerranéens sont capables d’associer sous des formes diverses, sans oublier les tempêtes violentes, de grosses pluies susceptibles de provoquer des inondations et des chutes de neige lourdes susceptibles de rompre les lignes électriques ou de perturber les communications,. Selon la répartition géographique et temporelle des deux, on peut avoir une catastrophe quand l’une ou l’autre forme l’emporte nettement sur un espace déterminé, ou limiter les risques quand pluies et neige se partagent successivement sur un même lieu. La seconde chute retenant l’écoulement de la première.

Dernière interrogation, l’attaque hivernale a été concomitante sur les continents américains et européens puisqu’au même moment on signale de fortes chutes de neige dans le nord-est des Etats-Unis et de glace au sud des grands lacs. L’extension des glaces arctiques comme des neiges a été plus spectaculaire côté américain qu’européen. Au début du mois, la banquise entrait seulement dans la Baie d’Hudson qui est totalement englacée le 15. Pendant le même temps, la neige a envahi l’ensemble des chaînes de l’Ouest américain jusqu’à la Californie et au Nouveau Mexique, les grandes plaines jusqu’au niveau de Saint Louis. Ce n’est pas la première fois que nous signalons dans cette chronique la progression conjuguée de l’hiver sur les deux continents, la dernière fois pour des chutes de neige sur New-York et le vieux continent en janvier 2005.

La différence essentielle est l’extrême précocité de l’événement dans la saison. Avec ces couches, l’hiver a mis en place sur une grande partie de l’hémisphère nord un réfrigérateur naturel, y compris du côté asiatique, qui a toutes les chances de pousser les températures vers le bas pendant une grande partie de la saison. Il est en effet très difficile de chasser un air froid surtout quand il s’appuie sur une surface enneigée. Cette dernière a la particularité de réfléchir les rayonnements solaires et de présenter une forte inertie au réchauffement. Par sa présence, de nouvelles précipitations peuvent passer de la pluie à la neige quand elles abordent ces zones qui assurent la pérennité du froid. La lenteur de l’amélioration du temps cette semaine est déjà un premier témoignage. L’hiver 2008-2009 s’est doté, dès le début, des moyens de tenir pendant une bonne partie de la saison des conditions climatiques assez rudes.


Gérard Staron vous donne rendez vous samedi prochain sur les Ondes ou le site de radio espérance 13h15, texte repris sur zoom42 et zoom4.fr et ce blog .

 
Joyeux Noël à Tous.

 

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30 novembre 2008 7 30 /11 /novembre /2008 23:12

     

Suite à la transmission de documents par zoom42.fr....

 

 

    Les polémiques sur le passage de la crue à Grangent repassent un plat réchauffé.

De crues en crues, les mêmes arguments sont repris avec un manque de virginité évident. Après celle de septembre 1980, 3 plaignants avaient cité EDF à comparaitre en référé auprès du tribunal de Grande instance de Montbrison avec les mêmes griefs. Les 3 parties reprochaient au gestionnaire du barrage de ne pas avoir écrêté la crue et avaient présenté au tribunal une simulation de passage de la crue pour diminuer le débit maximal instantané rejeté vers l’aval du même type de celle qui est arrivée pour le 2 novembre 2008.

                                                                              A l’époque j’avais été contacté par l’expert auprès du tribunal et nous avions échangé nos connaissances sur le sujet.  28 ans après, la même question revient jusqu’à moi et je crains que les mêmes réponses doivent être répétées.

Outre le cahier des charges qui ne prévoit pas la fonction et l’absence d’exemples historiques depuis 1957, Grangent n’est pas conçu techniquement pour écrêter les crues. Centrale d’éclusée à faible capacité, les variations de la retenue sont limitées. Le creux en dessous de la cote maximale est toujours limité car la production d’électricité dépend de la hauteur de la prise d’eau pour la chute.

 

    Pour pouvoir écrêter le maximum instantané, il faut donc vider le barrage entre le moment où la crue est formée en amont et son arrivée. Le nombre d’heures utilisable pour ce vidage est donc très court. Le calcul qui m’a été transmis commence l’opération le 1er à 16 heures quand la pluie débute et que la crue n’est pas formée : une spéculation irréaliste faite ultérieurement car avant les premières heures du 2 novembre, il est difficile de deviner l’ampleur de l’événement. En réalité, le nombre d’heures utilisable pour l’opération est très réduit.

    Pour vider le barrage, il faut créer une crue fictive vers l’aval, même dans les conditions présentées, elle atteint déjà 1000 m3s dès le début de la nuit. Un risque certain pour l’aval d’autant plus que 1000 m3s minore singulièrement le débit à rejeter vers l’aval pour absorber ensuite le maximum si on prend en compte le nombre d’heures réellement utilisable. En 1980 les calculs montraient qu’il fallait au moins 1600 m3s soit une crue de l’ordre de celle de décembre 2003.

    Toujours pour vider ce barrage, il faut ouvrir les vannes. Plus le niveau du barrage baisse, plus le débit, qu’elles rejettent vers l’aval, diminue car la retenue descend à l’altitude de base des vannes, ce qui rend l’opération inefficace.

    Enfin, le barrage peut être quand même rempli avant le passage du maximum en provenance de l’amont et l’opérateur est obligé de monter brutalement le débit rejeté à l’aval au niveau de celui qui arrive. Ceci s’est produit à Lavalette en septembre 1980 où le rejet vers l’aval passe brutalement de zéro à 1100 m3s !

    Mon article déjà publié dans le numéro 67 de novembre 2008 des « Nouvelles de la Loire » et celui à paraitre dans le prochain numéro du magazine « La Loire et ses terroirs » montrent que l’écrêtement du maximum de novembre 2008 aurait été encore plus complexe à effectuer à Grangent en raison des spécificités de volume et d’écoulement de la crue.

 

    Tenter d’écrêter une crue majeure à Grangent est un exercice de haute voltige, susceptible d’ajouter des risques !

 

Gérard Staron

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22 novembre 2008 6 22 /11 /novembre /2008 19:57

 

                        Les inondations et les communications Saint Etienne-Lyon

 

    Quand l’un des enfants vient chez ses parents à Saint-Etienne pour un congrès à Lyon, en plus sur des questions d’hydrologie, ceci rappelle que les perturbations liées aux inondations du 2 novembre ne sont pas terminées entre Saint-Etienne et Lyon. C’est d’autant plus grave que l’on trouve dans cette vallée, le 1er axe ferroviaire de la région Rhône Alpes et de T.E.R. en France et une autoroute particulièrement chargée, exutoire de toute une région vers l’axe rhodanien.

En 2008 la voie ferrée a été durablement plus affectée que l’autoroute. La rivière ayant affouillée la berge jusqu’au ballast, provoque des dégâts plus longs à remettre en état que l’inondation pendant quelques heures de la cuvette de l’A47 sous les ponts à Givors. Ceci ne prend pas en compte l’inondation du centre de Rive de Gier d’une tout autre nature. En comparaison, la très grosse crue de la Loire a interdit le passage quelques heures sur des ponts et routes en Velay et Forez.

Pour mettre en évidence l’extrême fragilité de l’axe de communication entre Saint Etienne et Lyon en cas d’inondation, il me suffit de reprendre le document que j’avais transmis lorsque j’avais participé au rapport collectif au ministère de l’écologie et du développement durable sur les problèmes de l’air et de l’eau à Saint Etienne et à Lille en 2005.

J’avais fait à l’époque la liste très longue et non exhaustive des événements pluvieux qui avaient coupé cet axe vital pour la région stéphanoise. Chaque fois les durées des perturbations sont infiniment plus longues que celles occasionnées par les travaux ou autres accidents !

En Janvier 1994 la voie ferrée avait été coupée peu après Rive de Gier par un glissement de terrain à un moment où les rivières d’une moitié de la France étaient en crue en particulier sur les bassins du Rhône et de la Charente. Résultat : plus de 1 mois d’arrêt d’utilisation.

Le 12 juin 1996, un orage ponctuel violent fait passer le petit ruisseau des Arcs  par-dessus l’autoroute au niveau de Grand Croix. L’axe est coupé 1 journée.

Le virage de Corbeyre a été pendant longtemps un lieu où le Gier a transformé l’autoroute en cours d’eau. La rivière est recouverte et en cas d’inondation est passée à plusieurs reprises sur sa couverture comme le 25 novembre 2002, le 7 juillet 1993 et enfin au début décembre 2003.

Aux mêmes dates, l’ancienne route nationale 88, second axe routier de la vallée, a aussi été inondée dans le creux  au niveau de la Gare de Rive-de-Gier.

Le cas le plus grave est celui du début décembre 2003. La rivière monte de 3,80 m et affouille ses berges emportant d’un côté la voie ferrée  peu après Trèves-Burel, et de l’autre à plusieurs reprises la bande d’arrêt d’urgence de l’autoroute vers Saint-Romain-en-Gier. Les perturbations avaient duré jusqu’aux fêtes de fin d’année. J’avais même ironisé auprès des Chtis de l’assistance, venus péniblement en Forez à ce moment là, pour leur signaler qu’il fallait parfois plus de temps pour faire Saint Etienne-Lyon que Lyon-Lille !

Les crues du Gier sont assez rares mais particulièrement dangereuses quand elles se produisent dans cette vallée resserrée.

Les grosses pluies méditerranéennes débordent rarement au nord du Pilat, mais quand ceci se produit, comme en décembre 2003 ou au début de ce mois de novembre 2008, le cours de la rivière qui longe le massif au nord, est particulièrement affecté en raison de cette configuration géographique qui concentre les eaux sur la totalité du cours de la rivière.

Les orages d’été suivent une trajectoire de sud-ouest comme la direction du cours d’eau à partir de Saint-Chamond. Quand ces précipitations brutales longent le nord du Pilat et prennent en enfilade la vallée, les conséquences sont aussi importantes.

Le milieu urbanisé ne facilite pas l’écoulement dans un espace où le lit de la rivière est souvent corseté entre des berges étroites ou recouvert sur de longs secteurs près des centres villes. Il en résulte plusieurs types de débordements.

Le premier concerne la voie ferrée depuis le 2 novembre. La rivière attaque les berges de ses méandres. Les talus bordiers sur lesquels on trouve, soit la voie ferrée, soit l’autoroute, sont fragilisés ou emportés. Il faut donc rétablir la sécurité des ouvrages avant de permettre la circulation, ce qui demande souvent des travaux importants à effectuer dans l’urgence et provoque des perturbations souvent supérieures au mois.

Le second concerne des sites sensibles où les voies routières ont été surbaissées dans des cuvettes comme à Givors où l’eau s’invite sur l’autoroute à chaque très grosse pluie. Si dans des cuvettes naturelles, les voies routières ont été placées en dessous d’ouvrages qui ont accentué le phénomène de bas fond où converge l’eau de tous côtés en cas de forte pluies, le risque est évident.

Autres sites inondables, l’entrée de cours d’eaux sous des couvertures bétonnées en zone urbaines. En cas de forte pluie, leur calibre peut être insuffisant, ou leur entrée obturée, la rivière passe par-dessus et les rues, routes ou autoroutes se transforment en cours d’eaux.

Enfin en cas de sols saturés, des talus pentus peuvent glisser  et obturer les voies situées en dessous comme ce fut le cas en janvier 1994 avec déraillement du premier train du matin.

L’agglomération de Saint Etienne a fait l’énorme erreur au cours de ces cinquante dernières années de laisser se concentrer l’essentiel de ses voies de communication majeures dans la vallée du Gier pour regagner  l’axe Rhodanien. Pour éviter l’asphyxie totale, surtout en cas d’inondation, l’éloignement de ces voies de communication du fond de la vallée est une priorité majeure.

Quand en 2005, j’avais tenu ces propos en réunion, j’avais constaté que mes interlocuteurs perdaient leur sourire, car directement ou indirectement, je justifiais pour une raison écologique, la lutte contre les inondations, la construction d’une nouvelle autoroute : le fameux A 45.

Il est bien évident que le problème majeur du désenclavement de Saint Etienne est devenu doublement un  otage :

-          un otage idéologique dans la mesure où sortir la voie routière du bord du Gier correspond à la construction d’une nouvelle autoroute, l’horreur suprême pour les milieux  qui utilisent toutes procédures pour bloquer ce type de projets

-          un otage géographique car une grande partie de l’axe, au-delà de Rive de Gier se situe dans le département du Rhône qui manque d’enthousiasme sur le sujet, pour présenter la question de façon modérée.

Saint Etienne et le Forez ont le plus grand intérêt à s’intéresser à tout projet susceptible de faire sortir les voies de communication importantes du fond de la vallée du Gier.

Une possibilité  de construction de TGV est envisagée de Paris vers Clermont Ferrand, avec embranchement vers Lyon qui devrait traverser le département de la Loire à un niveau à déterminer. Roanne s’intéresse à la question, Saint Etienne aurait aussi tout intérêt à faire de même.

Dans l’entre deux guerres, un projet de tunnel ferroviaire sous le Pilat avait été conduit très loin pour créer une ligne directe Paris-Méditerranée par Saint-Etienne , mais la crise de 1929 et l’arrivée au gouvernement en 1932 d’Edouard Herriot, maire de Lyon, avaient sonné le glas du dossier. Saint Etienne a intérêt à promouvoir toute communication à travers le Pilat de quelque façon ou à quelque niveau que ce soit.

 La cité forézienne doit se sortir des pièges du Gier pour assurer son désenclavement et son avenir.

Gérard Staron vous donne rendez vous samedi prochain à 13h 15 sur le site ou les ondes de Radio Espérance, le texte étant repris sur zoom42 et zoom43.fr et ce blog.

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13 novembre 2008 4 13 /11 /novembre /2008 21:55

Chronique climatologie N°461 (le 10/12/2003) Texte d’origine


     On peut maintenant dresser un bilan global de l’important épisode pluvieux de la semaine dernière.

Je vous avais déjà expliqué pourquoi cet épisode pluvieux avait eu une extension géographique plus importante que les précédents des deux semaines antérieures. La présence d’un anticyclone continental particulièrement puissant autant au sol sur l’Europe de l’est qu’en altitude à partir de la Tunisie a provoqué un blocage total au point que les masses nuageuses très fortement alimentées en humidité à partir de la Méditerranée ont non seulement été stoppées dans leur progression à partir du 1er décembre, mais en plus elles ont dû reculer à partir du 3 décembre sous la poussée de l’anticyclone.

C’est ce qui explique qu’il y a eu deux axes de très fortes pluies. Celui des premiers et 2 décembre qui s’étire de la région de Marseille au sud de la Saône et Loire et le second du Languedoc à l’ouest du Massif central.

Sur le graphique ci-dessus on constate que la Loire supérieure à Bas en Basset plus à l'est a surtout réagi aux pluies du 1er et du 2 alors que l'Allier à Vieille brioude plus à l'ouest a été plus concerné par le second axe des pluies.

Face à cet événement la question posée tous les médias qui m’ont interviewé, la « gazette de la Loire » ou « TLM, télévision Lyon métropole » dont j’étais l’invité du journal vendredi dernier, a été : est-ce que  c’est exceptionnel ?

La réponse est diverse et géographique.

Sur le Rhône, la crue est le plus souvent inférieure à celle du 25 novembre 2002, sauf en un point «  le Bas Rhône de Beaucaire au delta », où le terme exceptionnel est de mise avec l’actualité d’Arles. C’est la seule zone où la crue peut rivaliser avec la plus importante mesurée en juin 1856. Ceci tient à une convergence géographique au même moment de 3 crues de provenances diverses et d’importances proches ou inférieures à la crue décennale :

n      celle du cours amont du fleuve qui a surtout été alimentée par la première pluie, du 1er et du 2  décembre,

n        celle du Gard qui réagit aux deux à la fois

n       enfin celle de la Durance liée au long cheminement de la première averse, et aussi à une fusion du manteau neigeux des Alpes du sud.

Sur le bassin de la Loire, la crue du bassin supérieur est du même ordre sur le bassin amont que celle de 1996 aux alentours de 2000 m3s et bien inférieure aux crues historiques.

La seconde zone où l’on peut considérer qu’il y a un  aspect exceptionnel correspond à l’extension géographique des pluies importantes vers le nord, au delà du massif du Pilat. Le plus souvent les précipitations s’atténuent en direction de Saint Etienne sur le versant nord. Une première fois le débordement avait atteint la plaine du Forez en novembre 1996 qui détient toujours d’une goutte le record de la précipitation la plus importante en 24 heures : 97.4 mm contre seulement 97 cette fois.  Par contre la vallée du Gier, plus à l’abri derrière la plus haute partie du Pilat, et les monts du Lyonnais sont très rarement atteints comme cette fois : 158 mm en 2 jours à saint Chamond, 123mm  au col des Sauvages près de Tarare, 138 mm à Orliénas village de la banlieue ouest de Lyon et même 113 mm en deux jours à Bron. Comme les dégâts le montrent, le bassin  rhodanien des monts du Lyonnais a été beaucoup plus  affecté que celui se déversant dans la Loire. Ponts, voies ferrées et autoroutes de la vallée du Gier ont payé un lourd tribut, même si ce n’est pas la première fois que de telles conséquences se produisent : en janvier 1994 un glissement de terrain avait déjà obturé la voie ferrée de saint Etienne à Lyon peu après la gare de rive de Gier et  les deux voies avaient été coupées pendant plus d’un mois, en novembre 2002, le Gier avait déjà recouvert l’autoroute. C’est d’ailleurs la troisième fois que le Gier s’en prend directement à l’autoroute A47 en moins de 10 ans.

Si les petits cours d’eaux en crue très forte en provenance des monts du Lyonnais n’étaient pas de nature à faire monter le Rhône ou la Saône, par contre sur la Loire (fleuve) ces apports ont contribué à prolonger vers le nord le maximum de la crue. Lors des gros abats méditerranéen, les plus gros débits de la Loire sont le plus souvent observés entre Bas en basset et Grangent comme ce fût le cas en septembre 1980 et ensuite la crue s’étale dans la plaine du Forez. Cette fois la crue a continué à progresser dans la plaine du Forez 2000 à 2200 m3s entre Bas en Basset et Grangent, 2400 m3s à Feurs et 2800 m3s à l’entrée dans le barrage de Villerest.

Pour la première fois de son existence, le barrage de Villerest a été particulièrement utile pour limiter la crue. Le hasard a voulu que son niveau déjà très bas à la suite de la sécheresse de cette année ait été abaissé encore dans les semaines qui ont précédé pour effectuer des travaux sur une vanne. Alors qu’il aurait du être à la cote 304 en cette saison, il était à la cote 289. De ce fait il a pu massivement emmagasiner la crue, son niveau est remonté à la cote 320 pour terminer à celle de 317. A un débit entrant de 2800 m3s, s’est substitué un maximum sortant de 1600 m3s ce qui a bien soulagé l’aval.

Actuellement la crue s’est étendue à la Loire moyenne. Dans le val de Gien à Tours et Saumur puis demain Montjean, rien n’est exceptionnel. Avec un maximum de 3350m3s à la confluence de la Loire et de l’Allier, les débits sont inférieurs à la moitié des grosses crues du 19ème siècle qui avaient atteint entre 7000 et 8000 m3S. Par contre il est intéressant de constater que deux crues étalées presque moribondes sur la Loire comme sur l’Allier, ont donné à leur confluence un événement qui a repris de la vigueur. Le maximum enregistré à l’aval 3350 m3s est presque l’addition des maximum des deux branches soit 2100 pour la Loire et 1500 pour l’allier. Seulement 250 m3s de décalage, c’est cette convergence géographique qui a provoqué le redémarrage.   En plus dans le val aucun cours d’eau ne fournit des apports substantiels et la crue s’atténue peu à peu 3100 m3s à Blois, 2900 m3s à Tours, 2850 m3s à Langeais.

La crue sur la Loire n’a rien d’exceptionnel, seule particularité, c’est la première fois depuis longtemps et surtout depuis les très grandes crues du 19ème siècle, 1846, 1856 et 1866 qu’une crue méditerranéenne se développe si loin vers l’aval et surtout qu’elle est relancée, même modestement, par la convergence de la Loire et de l’Allier.

Autant sur la Loire que le Rhône, ce sont des aspects géographiques, la convergence d’ondes diverses sur un même point qui font le caractère particulier de cet épisode méditerranéen. Une preuve de plus que les catastrophes naturelles et surtout les inondations sont des phénomènes géographiques.

Gérard vous donne rendez vous vendredi prochain pour une nouvelle chronique de climatologie ………. 

 

Commentaire actuel :

Après la crue du jour des morts du 2008 sur la Loire, fleuve et départements, il n’est pas inutile de la comparer à la précédente d’importance du début décembre 2003

Celle de 2008 a été plus importante sur la Loire supérieure mais moins étendue géographiquement que ce soit vers l’aval ou sur le bassin du Rhône

Les communications dans la vallée du Gier sont toujours un point noir et le barrage de Villerest a réussi son écrêtement comme en 2003.

 

Gérard Staron       http://pagesperso-orange.fr/climatologie.staron

 

 

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8 novembre 2008 6 08 /11 /novembre /2008 19:11

 

 

   Je vais tenter dans cette chronique une analyse globale de l’épisode pluvieux catastrophique qui a affecté pour le week-end de la Toussaint la Loire, départements et fleuve.

Il s’agit d’un épisode cévenol extensif .Il survient à un moment de l’année où la probabilité de ce type de précipitations a le plus de chance de s’étendre en dehors de sa région de prédilection : les Cévennes et les littoraux méditerranéens. La dernière décade d’octobre et la première de novembre partagent avec la dernière de septembre, le risque le plus grand pour ce type de calamités. On peut citer le 1er et 2 novembre 1968, novembre 1976, novembre 1996 et la liste pourrait s’allonger.

Les ingrédients météorologiques qui provoquent ce type de précipitations intenses sont toujours les mêmes et souvent décrits sur cette antenne :

 --Une descente froide très vigoureuse se produit cette fois selon une trajectoire des Iles Britanniques à la Péninsule Ibérique et atteint le Maroc.

 --Une recharge en humidité  classique s’effectue sur la Méditerranée avec un phénomène de cheminée, l’air froid surmontant la mer chaude

--Un blocage, ici par un anticyclone d’altitude sur la Méditerranée orientale, rabat et maintient les pluies vers les Cévennes et la France du sud.

A ce niveau on met le doigt sur la première originalité de cet épisode calamiteux. Le blocage est tellement total que les masses pluvieuses n’ont eu qu’une possibilité celle de tournoyer sur la France jusqu’à leur résorption et ceci, le jeudi 6 novembre. La pluie la plus intense a lieu au début, 31 octobre sur les Cévennes,  puis 1er et 2 novembre en Velay et Forez, ensuite elle diminue.  Il y a un précédent célèbre de blocage total en septembre 1980 pour la seule crue de la Loire qui a dépassé celle que nous venons de connaître sur le bassin supérieur du fleuve depuis 100 ans : maximum de 3500 m3S en  septembre 1980, et de 3000 m3s pour le jour des morts 2008 ! Pour trouver plus, il faut remonter à octobre 1907 et aux crues du XIXème.

Ce n’est pas un hasard s’il y a une ressemblance dans la répartition géographique des pluies entre la crue de septembre 1980 et celle que nous venons de connaître.

Dans les deux cas, les pluies sont centrées sur l’axe de la ligne de relief de la bordure est du Massif central, alors que dans une pluie cévenole classique, le versant ardéchois reçoit l’essentiel des pluies. Ceci explique que la crue ait été modeste sur les affluents du Rhône, comme l’Ardèche, la Cèze, les Gardons, l’Eyrieux ou le Doux, qui ont l’habitude de recevoir plus de précipitations pour réagir. Les cours d’eaux de l’autre versant, la Loire ou l’Allier, qui sont moins coutumiers de tels abats ont fortement débordé.

Dans les deux cas, septembre 1980 et le jour des morts 2008, les pluies maximales sont  décalées vers le nord le long de cet axe montagneux de l’est du Massif central avec un maximum entre les massifs du Tanargue et du Mézenc, soit à proximité des sources de la Loire et de l’Allier. Les bassins amont ont pu donner l’impulsion à la crue du fleuve et de son principal affluent.

Toutefois des différences interviennent entre la répartition géographique des pluies de ces 2 grosses crues de la Loire.

En Septembre 1980, les fortes pluies étaient remonté seulement jusqu’au Pilat alors que la semaine dernière elles l’on dépassé largement vers le nord pour atteindre les monts du Beaujolais avec plus de 50 mm jusqu’au sud de la Saône et Loire, mais aussi la plaine et les monts du Forez qui reçoivent plus de 70 mm.

Ceci explique l’importance des inondations dans 3 secteurs qui ont réagi d’autant plus qu’ils sont très rarement les destinataires de telles extensions de la Pluie.

D’abord le Gier est  très exposé en raison de son cours le long du rebord septentrional du Pilat. Chaque fois que des grosses pluies méditerranéennes dépassent ce relief, comme en novembre 2002 et surtout décembre 2003,  les inondations coupent un temps les voies de communication entre Saint-Etienne et Lyon, autoroutières comme ferroviaires. Des sites urbains sensibles, comme cette fois Rive de Gier, sont affectés. Les ruissellements descendant des versants ne peuvent rejoindre une rivière corsetée sous une couverture. Pour en savoir plus voir les explications sur mon blog !

Ensuite les rivières descendant des monts du Lyonnais et du Beaujolais sont concernées comme l’Azergues d’un côté, la Toranche ou la Coise de l’autre.

Enfin ceci explique que la crue de la Loire ait continué à enfler assez loin vers le nord jusque dans la plaine du Forez avec un maximum de 3000 m3s alors que celle de l’Allier a assez vite perdu de son importance dans les gorges puis dans les Limagnes en raison de la faiblesse des apports des affluents de l’aval.

D’autres particularités ont pu surprendre :

D’abord les pluies sont globalement beaucoup plus faibles que lors des inondations précédentes (1980, 1996, 2003 etc.) alors la crue est la seconde des 100 dernières années sur la Loire supérieure. Les précipitations sont arrivées sur un sol saturé d’eau après un mois d’octobre très arrosé. Le ruissellement et le coefficient d’écoulement vers les rivières ont été fortement augmentés par rapport aux autres crues survenues après des périodes sèches !

Ensuite, le déplacement du maximum de la crue de la Loire vers l’aval est exceptionnellement rapide : seulement 4 heures entre Chadrac, et Bas en Basset, encore 4 heures entre Bas en basset et la Plaine du Forez, et 10 heures de traversée de la plaine du Forez. Les fortes pluies se sont déplacées vers l’aval plus vite que la crue, et ont accéléré son déplacement faisant précéder les apports des affluents par rapport à l’onde principale du fleuve venant de l’amont. Si le maximum du Lignon du velay arrive presque en même temps que celui de la Loire à Bas, dans la Plaine, les crues du Furan, de la Toranche , de la Coise sont passés à la confluence bien avant le maximum de la Loire, Le décalage dépasse 24 heures dans la région de Roanne pour le Rhins ou le Sornin. Ceci explique peut-être que certains se plaignent de ne pas avoir été prévenus à temps

Comme toujours la crue a permis de ressortir les vieilles polémiques sur les barrages. La place de cette question dépend, pour certains milieux,  de la possibilité d’utiliser l’événement pour régler des comptes avec tel ou tel ouvrage.

L’information principale a été totalement ignorée. Après 2003, pour la seconde fois, le barrage de Villerest a écrêté la crue dans des proportions importantes. De 2900 à 3000 m3s dans la plaine du Forez, elle sort du barrage à 1700/1800 m3s. Les secteurs en aval à partir de Roanne ont été protégés d’une inondation beaucoup plus importante.

 Plusieurs vieilles querelles sortent à propos du barrage de Grangent. Comme après  septembre 1980, il a été accusé de ne pas avoir écrêté la crue. Des plaignants avaient été déboutés alors contre E.D.F., j’avais même été consulté par l’expert auprès du tribunal ! Grangent n’a hélas ni la capacité, ni le cahier des charges  pour permettre une telle fonction

Le barrage du Gouffre d’Enfer sur le Furan est depuis quelques années utilisé pour protéger la ville de Saint Etienne. La crue du Furan n’a pas fait parler d’elle sur la ville et en conséquence, la retenue s’est remplie de 500000 m3. Cette situation fait naître des craintes peu compréhensibles !

Cette dernière inondation pose aussi un problème de prévision. Dès jeudi 30 octobre, j’avais senti le danger  de la situation météorologique en incitant à la « vigilance » sur zoom42.fr  « situation à surveiller d’autant plus qu’il est difficile de prévoir l’extension des pluies au-delà des zones citées (soit du Mézenc au Pilat) ». Pour la 3ème fois cette année, le système d’alerte de Météo France a raté une catastrophe naturelle importante !


Gérard Staron vous donne rendez vous samedi prochain sur les ondes ou le site de Radio Espérance, 13h15 texte repris comme d’habitude sur Zoom 42 et zoom43.fr.et ce blog.

http://pagesperso-orange.fr/climatologie.staron

Article sur la crue de septembre 1980 Publié dans la revue de géographie de Lyon
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geoca_0035-113x_1981_num_56_1_6154
 Le ciel tomberait-il sur nos têtes? Editions Aléas Lyon 2003 
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7 novembre 2008 5 07 /11 /novembre /2008 12:29

  
  Suivi de la crue de la Loire illustré par une vue de la plaine du Forez inondée, lundi 4 novembre avec dans le fond les monts du Forez.

Le bec d’Allier a été franchi le 6 novembre dans les conditions que nous avions annoncées. 
La rencontre des ondes de la Loire et de l’Allier a été insuffisante pour permettre un redémarrage substantiel de la crue. Les 1950 m3s de maximum de Nevers et les 900m3s du Veurdre, n’ont donné que 2450 m3s à Givry en aval de la confluence. La crue dangereuse se transforme progressivement en une grosse intumescence.


  De la région de Nevers à celle de Tours, le fleuve ne reçoit aucun affluent important, il perd même de l’eau dans la traversée des terrains calcaires du Bassin parisien. Quelques soient les conditions météorologiques, l’étalement devrait continuer et la crue continuera à perdre son aspect dangereux en direction d’Orléans, Blois et Tours.

Le prochain moment à surveiller correspond à la future traversée de la Touraine où le fleuve reçoit les gros affluents  en provenance du nord du Limousin et des Combrailles, soit le Cher puis l’Indre et la Vienne. Actuellement le profil de ces rivières est plat ou presque, toutefois les modèles météorologiques annoncent le passage quotidien de perturbations pluvieuses dans les jours prochains. La répétition de pluies océaniques sera-telle suffisante pour provoquer une montée substantielle de ces affluents pendant le temps où la crue du fleuve en provenance de l’amont effectue son détour par l’Orléannais en s’étalant ?

Je ne connais pas actuellement  de grosse crue méditerranéenne suffisamment relayée  par une montée des rivières océaniques en provenance du Limousin pour permettre un redémarrage vers l’aval de l’inondation. Même en juin 1856, le mécanisme est différent. Pour l’instant il s’agit d’une possibilité d’hydrologie fiction, mais on ne peut pas totalement exclure  que les pluies océaniques des perturbations qui vont se succéder dans les jours prochains sur le Limousin suscitent des ondes sur le Cher l’Indre et la Vienne  qui entrent en concordance en Touraine avec l’intumescence affaiblie de la Loire en provenance du cours supérieur.

A suivre

Gérard Staron  http://pagesperso-orange.fr/climatologie.staron

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Phénomènes météo exceptionnels de 1945 à nos jours (2013)

Quel drôle de temps

La Loire p 78, 79

Le Gier p 80

La fureur du Furan p 81

Climat de la Loire: Effet de couloir p 194

Climat de la Haute-Loire:

Le coeur  du Massif Central  p 195