Chronique N°939
Nous sommes passés pendant ce mois d’août de l’été furieux à l’été calme, je suis persuadé que vous avez beaucoup plus apprécié le second en dépit de quelques faiblesses.
On a pu d’abord constater depuis la mi-août la difficulté des températures maximales sur la France à dépasser certains seuils qu’elle franchissait très vite quelques jours auparavant.
Une première remontée des maximums commence le 14 août où seule la pointe méridionale du département du Var dépasse 30° et où une grande moitié nord de la France située au-delà du Val de Loire angevin, du Massif central, du Lyonnais se situe en dessous de 25°.
Lors de la fête de l’Assomption, la limite des 30° remonte au milieu du Bassin aquitain jusqu’à Agen et progresse en basse vallée du Rhône jusqu’au Vaucluse. A l’exception de quelques secteurs montagneux, et des côtes de la Manche sur les pointes de la Bretagne et du Cotentin et sur des espaces de plus en plus vastes au nord de la Seine, tout le reste du pays a dépassé les 25°.
Les deux jours suivants, les zones géographiques dépassant 30° augmentent un peu dans le Bassin aquitain et en vallée du Rhône jusqu’au niveau de Lyon, certaines dépressions du nord du massif central comme les Limagnes sont concernées le 16. La limite des 25° à proximité des côtes de la Manche de la Bretagne à celles de la mer du Nord reste stable.
La progression géographique des températures maximales élevées connait une phase d’arrêt à la fin du précédent Week-end. Si le dimanche 18 août, les 30° sont encore dépassés dans la partie méridionale du pays, une grande partie nord-ouest du Poitou à la Lorraine passe en dessous des 25°. Le lundi, cette phase de repli s’accentue, les espaces qui atteignent 30° sont repoussés le long de la Grande bleue, du Roussillon au Var et ceux qui restent au-dessus de 25° sont repoussés au sud du Poitou, du Massif central, du Lyonnais et des Alpes du nord. Une grande partie des côtes de la Manche passe en dessous de 20° .
La seconde phase de poussée du thermomètre commence mardi avec la remontée de l’isotherme des 25° jusqu’au niveau du Val de Loire, alors que l’est de la France reste à la traine.
Mercredi la hausse s’accentue avec le passage de l’ensemble du Bassin Aquitain au-dessus des 30° et de la plus grande partie de la moitié nord jusqu’aux côtes de la Manche au-delà de 25°. La température de la France de l’est augmente moins vite que celle de l’ouest. Enfin jeudi, la situation change très peu avec une isotherme des 25° restant près des côtes de la Manche et une des 30° contournant le massif central du seuil du Poitou aux plaines du bas Rhone. Il convient de préciser que la Côte d’Azur est restée cette semaine en dessous du seuil de 30° jusqu’à jeudi. Vendredi les températures connaissent un nouveau maximum.
Alors que l’ensoleillement est resté très abondant pendant toute cette période, il a fallu chaque fois de 48 à 72 heures pour remonter les maximums au-dessus de 25 dans la France du nord que ce soit entre le 14 et le 17 août ou entre le 19 et le 22 août. Si avant le 18 août le seuil des 30° a réussi à être franchi dans la partie méridionale au sud du Massif central, cette remontée a été bien plus difficile dans l’est du pays. La différence essentielle avec la période de fin juillet et début août est que dès que les orages avaient cessé, le thermomètre franchissait très vite à nouveau le seuil des 30° sur la plus grande partie de la France. Pourquoi par rapport à la période précédente notre pays a-t-il connu une hausse des températures retenue ?
D’abord les températures minimales n’ont pas accompagné la hausse contrairement à la période précédente de fin juillet et début août où elles dépassaient régulièrement les 20°. Seul le minimum des côtes varoises dépasse 20° pendant toute la période, parfois le Roussillon l’accompagne et un seul jour la vallée du Rhône. Des températures minimales clémentes débordent dans la moitié nord du pays seulement le 18 et le 19 août. Souvent, on se situe en dessous de 10° et l’on rencontre ainsi 5.1° à Charleville Mézières, 5.3° au Puy avec 6 autres jours inférieurs à 10° et 5.5° à Reims.
Pendant cette période, les arrivées d’air froid ont été surtout efficaces pour faire baisser les températures minimales. Entre le 19 et les 20, les minimums choient de 9.6° à Guéret, de plus de 7° à Charleville et au Puy et de 5° sur le reste de la France.
En dépit d’un beau temps nettement ressenti sur une grande partie du pays, d’un ensoleillement le plus souvent très abondant, le temps est resté stable sans développement orageux avec un calme qui a tranché par rapport aux excès de la période précédente.
Certes la situation météorologique générale participe à l’explication avec globalement un flux de nord sur le flanc est de l’anticyclone qui participe à cette retenue de la hausse du thermomètre, mais en réalité les conditions thermiques locales ont été prépondérantes dans cette stabilité.
Deux mécanismes se sont ajoutés. Le premier d’origine cosmique correspond à la baisse de la durée des jours et de l’angle d’arrivée des rayons du soleil. Il détermine des apports d’énergie solaire plus faibles au cours de la journée et une plus grande difficulté à augmenter les températures diurnes. Au contraire la longueur croissante des nuits a facilité la déperdition de l’énergie accumulée dans la journée par rayonnement nocturne. Les températures démarrant leur hausse à partir d’un niveau bas le matin, n’ont pu croitre aussi rapidement qu’au cœur de l’été.
Le second, la convection si active dans la période précédente avec le développement des orages a été nettement perturbée par ce premier phénomène. Elle résulte de l’accumulation de chaleur au cours de la journée qui détermine une couche d’air instable au sol qui ne demande qu’à s’élever en altitude et à provoquer des orages ou à stimuler des perturbations très affaiblies arrivant sur notre territoire. Ce phénomène est très perturbé par le niveau très bas des températures matinales, il doit attendre longtemps dans la journée avant de pouvoir commercer à se mettre en place et il ne connait pas un développement suffisant pendant une durée assez longue, pour que l’air soit assez instable pour permettre le déclenchement des orages. Quel que soit le niveau apparemment élevé des températures maximales de la journée, l’air reste assez stable pour que les développements orageux soient impossibles, les perturbations moribondes qui arrivent sur le pays comme celles du précédent week-end ne trouvent pas les relais dans la convection qui les stimulaient à la fin de juillet et au début d’août.
C’est pour cette raison qu’avec un temps très beau, apparemment aussi ensoleillé que fin juillet et début Août, la température a été bien plus lente à atteindre des niveaux élevés dans la journée, qu’elle n’a pas été suffisante pour provoquer une instabilité des couches de l’atmosphère près du sol, que cette carence a empêché le développement des orages et de leurs effets les plus excessifs. Nous avons connu un beau temps calme qui contraste singulièrement avec les excès subis quelques jours auparavant.
Une raison de penser que l’été a changé avec une transition vers un début d’automne et une autre de préciser que le beau temps est une notion très difficile à apprécier en météorologie en raison de la façon dont elle est ressenti par l’homme.
Gérard Staron vous donne rendez vous samedi prochain sur Radio Espérance… bonne semaine…