Chronique N°934
Les orages sont revenus cette semaine depuis mardi soir avec depuis le début de juillet une origine originale en sens inverse !
A l’exception de ceux de la soirée de mardi qui ont connu une trajectoire de sud-ouest classique remontant le long de l’axe des Cévennes au Pilat avec des difficultés à déposer des quantités importantes de précipitations dès que l’on s’éloigne de part et d’autres de la ligne de crête. Il a été mesuré 5 mm à Mende, 8 mm à Montregard , mais les pluies ont épargné les retombées rhodaniennes comme celles vers l’intérieur du Massif central.
Depuis la trajectoire des orages est devenue atypique contraire à celle que l’on leur connait habituellement.
Déjà ceux de mercredi concernent un arc qui commence sur le Jura avec 26 mm à la Dole continuent sur les hauteurs des monts de Tarare avec vers 18 heures 34 mm à Violay. On les retrouve sur les hauteurs de l’est du Massif central avec 16 mm au Puy et autant à Mende. Ils terminent leur courbe en revenant vers l’est sur les Préalpes du sud en déposant une quantité comparable sur la Provence intérieure ou la basse vallée de la Durance.
Ceux de jeudi ont suivi un arc semblable. Le matin en provenance du nord-est, ils butent sur le Beaujolais avec les restes des masses pluvieuses de la veille et Villefranche sur Saône reçoit plus de 13 mm dans la matinée dont 10 mm en 30 minutes. Au moment de la reprise orageuse de l’après-midi, ils effectuent leur courbe sur le Massif central et reviennent vers l’est dans la basse vallée du Rhône et la Provence avec de nouveaux totaux importants sur la Costière de Nimes, la Provence, le Var avec des inondations et même la côte d’Azur.
Voilà une trajectoire tout à fait originale des orages, Ils arrivent du nord-est au niveau des Alpes et du Jura, ils abordent un virage dès qu’ils atteignent le Massif central et repartent vers l’est sur les régions méditerranéennes du bas Rhône et de la Provence.
Cette situation a d’ailleurs relativement épargné le Tour de France dans les Alpes, puisque les masses pluvieuses ont quasiment tourné autour de lui sans déposer les déluges annoncés sur la course, sauf vendredi sur le col de la Croix Fry.
Mercredi lors de l’étape contre la Montre, l’épreuve a été plus arrosée que jeudi car elle a été touchée par la branche méridionale de retour vers l’est dans l’étape entre la ville d’Embrun et Chorgues, sans toutefois fausser la course comme certains commentateurs le craignaient. Jeudi au cœur des Alpes iséroises, dans le massif de l’Oisans, l’orage a été annoncé, mais l’étape a été globalement sèche en dépit des craintes pour la descente du col de Sarenne, par contre la pluie a arrosé tout autour à une centaine de kilomètres environ avec un déluge sur le versant italien avec 52 mm à Turin, sur les Alpes du nord avec plus de 10 mm autant à Bourg Saint Maurice qu’à Grenoble, dans la vallée du Rhône et sur les Alpes du sud avec encore 10 mm à Saint Auban . A l’exception de l’orage de vendredi en fin d’étape, la grande épreuve cycliste est une véritable miraculée du climat cette année !
Naturellement cette courbe orageuse au rayon de plusieurs centaines de kilomètres n’a rien de régulier en raison de la nature très localisée de ces précipitations estivales. Par exemple, jeudi, les deux stations nîmoises présentent un très gros écart sur quelques kilomètres : 16mm à Nîmes Garons contre 4.4 mm à Nîmes Courbessac. Jeudi matin, alors que les précipitations tombe sur le versant oriental des monts du Lyonnais à ceux du Haut Beaujolais, les nuages semblent bloqués tout le matin contre la crête de ces montagnes et ils ne déborderont avec les pluies associées sur le Forez que dans l’après-midi pour des totaux bien plus faibles.
Depuis le début du mois de juillet la trajectoire de ces orages est assez atypique avec une arrivée par le nord-est, par les Alpes du nord et le jura tout à fait contraire à leurs habitude puisque traditionnellement ils proviennent du sud-ouest en remontant de l’Espagne et du bassin aquitain. C’était déjà le cas de ceux du 2 qui ont déposé 29.1 mm à Macon et 27.2 mm à Paray le Monial. Même trajectoire pour ceux du 9 juillet qui ont déposé 51 mm à Andrézieux-Bouthéon et si peu à Saint-Etienne à quelques kilomètres. Il y a cependant une différence avec ceux de cette semaine, ils ne repartaient pas en sens inverse le long de la Méditerranée.
Qu’est-ce qui peut expliquer cette trajectoire erratique des orages de juillet 2013 ?
Depuis le début du mois, l’anticyclone des Açores est remonté sur les Iles britanniques. Il coupe la route traditionnelle des perturbations d’ouest ou nord-ouest en provenance des hautes latitudes par l’Atlantique. Ces dernières doivent donc le contourner par l’est et dans ce cas, soit, elles sont repoussées sur l’Europe centrale et nous disposons de journées ensoleillées sous un léger flux de nord-est, soit elles peuvent arriver chez nous par le nord et le nord-est. Elles entrent alors en contact avec l’air chaud accumulé dans la journée par la convection et les reliefs de la France méridionale, ce qui les stimule. Ces deux conditions cumulées facilitent l’ascendance de l’air et le développement d’orages sur les versants qui font face à la progression de cet air en provenance du nord-est et l’axe des monts du Lyonnais à ceux du Beaujolais est particulièrement concerné.
Ceci explique l’arrivée des orages en provenance du nord-est, situation déjà très originale, mais ne permet pas de comprendre pourquoi cette semaine ils reviennent à partir du sud du Massif central en sens inverse dans les régions méditerranéennes alors qu’ils ne le faisaient pas en début de mois.
En début de mois, les hautes pressions subtropicales d’altitudes s’étaient installées sur la Méditerranée. De ce fait ces orages en provenance du nord-est venaient s’empaler sous ce couvercle de hautes pressions. Les masses nuageuses en provenance du nord-est perdaient de leur puissance à leur contact et ne pouvaient atteindre la Méditerranée.
Cette semaine ces hautes pressions d’altitude connaissent une faiblesse avec une goutte froide relayée au sol par une dépression dans le golfe de Gènes. C’est ainsi qu’après leur descente en provenance du nord-est, ces orages sont ensuite attirés quand ils atteignent le Massif central par cette dépression du Golfe de Gènes qui les renvoi vers l’est, la côte d’Azur et l’Italie. Cette semaine les orages ont donc pu poursuivre une route barrée auparavant lors de leurs tentatives du début du mois.
Ces situations orageuses en provenance du nord-est viennent buter de face sur le versant sequanien des monts du Beaujolais à ceux du Lyonnais qui reçoit encore des quantités importantes. Cette anomalie de fortes précipitations hydriques sur un pays qui est plus connu pour être un pays du vin que de l’eau se poursuit depuis plusieurs mois. En juin, ce secteur a été le moins sec de la région du Rhône et de la Loire. En juillet il est sensible aux orages jusqu’à vendredi. Il a connu en novembre 2012 puis en avril et mai 2013 de véritables déluges. C’est ainsi que Villefranche sur Saône a reçu au premier semestre 2013, 449,9 mm et Saint Cyr le Chatoux 518,4 mm, des totaux particulièrement importants qui faisaient déjà suite à une fin 2012 très arrosée. Ce secteur qu’il reçoive des précipitations en provenance du nord-est, orageuses comme maintenant ou froides en hiver, ou en provenance du nord-ouest avec une trajectoire un peu septentrionale a été en première ligne pour accumuler des précipitations importantes ! Ce secteur souvent très sec avec les coteaux viticoles à l’abri des perturbations d’ouest, a mis cette année beaucoup d’eau atmosphérique en provenance du nord ou d’ailleurs dans son vin !
Gérard Staron vous donne rendez-vous samedi prochain sur radio Espérance, bonnes vacances ou excellente semaine selon le cas.