Chronique n°926
La météorologie est encore la vedette de la semaine de la catastrophe de Moore dans les Etats Unis à des contraintes moins dramatiques en Europe en se déplaçant des problèmes de pluviométrie et inondations au froid !
La tornade de Moore se situe parmi les 5 plus importantes pour les dégâts sans pouvoir encore préciser son rang réel. La tornade la plus dévastatrice avant ce dernier événement était celle de Joplin dans le Missouri, le 22 mai 2011 avec des impacts de 2.8 milliards de dollars. Suivent celles du 8 juin 1966 à Topeka dans le Kansas chiffrée à 1.7 milliards de dollars, celle du 11 mai 1978 à Lubbock dans le Texas évaluée à 1.5 milliards de dollars, la première tornade de Moore dans l’Oklahoma du 3 mai 1999 avec 1.4 milliard de dollars et enfin celle de Yénia dans l’Ohio le 3 avril 1974 avec 1.1 milliard de dollars.
La présence de tornades au printemps est classique dans les grandes plaines des Etats Unis car c’est la saison de l’affrontement violent entre l’air froid qui descend du Grand Nord canadien et l’air chaud qui remonte du golfe du Mexique. La brutalité de la rencontre est accentuée par la présence du couloir central méridien sans aucun obstacle de relief entre les régions arctiques et tropicale. Ceci explique que le contact entre ces airs très contrastés prend souvent la forme de tornades, bien plus rares et moins violentes en Europe où l’axe montagneux transversal des Pyrénées aux Alpes sert de barrière intermédiaire. Vous remarquerez que toutes ces tornades exceptionnelles sont situées dans les états des grandes plaines, mais il est rarissime qu’un phénomène par nature très localisé, à peine quelques kilomètres de long et moins de large, frappe deux fois la même ville d’une façon aussi intense, dans un pays aussi vaste que les Etats Unis.
Les calamités de l’Europe au même moment paraissent bien modestes. Comme nous le pressentions dans la précédente chronique quelques crues ont affecté des bassins du sud de la France samedi. L’Argens est monté à près de 5.5m à Roquebrune, mais ce niveau est très inférieur aux 7,7 mètres de la catastrophe du 15 juin 2010 et en dessous du 6 novembre 2011 avec 6.64 m. Le Rhône aval a connu aussi une montée importante, très marquée à Avignon, elle a atteint près de 7000 m3s à Beaucaire. Ce débit est notablement inférieur à celui des grandes crues qui dépassent 10000 m3s comme juin 1856 et décembre 2003. D’autres crues s’intercalent comme Novembre 2002 ou janvier 1994 ! Quelques montées de moindre importance ont affecté un panel de rivières ou de fleuve sur les bassins de la Seine, de la Loire, de la Moselle et même de la Meuse avec son affluent la Chiers !
Au même moment la neige revenait sur les massifs montagneux, vous avez pu voir sur mon blog une photo du sommet du Mézenc enneigé, dimanche matin. Le manteau blanc a même atteint l’Atlas marocain. Les contraintes les plus importantes ont affecté le Tour d’Italie dans le Massif Alpin. Il avait déjà fallu renoncer à la montée vers Sestrières. Après une étape de samedi marquée par quelques flocons, beaucoup de froid et le brouillard arrivant sur les hauteurs de Bardonecchia, celle de Dimanche prévue jusqu’à l’entrée du tunnel du Galibier a été menacée jusqu’au dernier moment ! Le passage du premier col de la journée, le Mont Cenis, a d’abord été interdit par le préfet de Savoie , puis décision a été prise au dernier moment de le franchir. L’arrivée n’a pu se faire au sommet du Galibier comme prévu, mais quatre kilomètres en dessous au hameau de Verneys au niveau du monument en l’honneur du grand coureur italien décédé Pantani et le public n’était pas autorisé à dépasser le Plan Lachat. Au moment du passage de la ligne par le vainqueur, Visconti, la neige tombait à gros flocons.
Le tour d’Italie est l’épreuve cycliste la plus impactée par les aléas climatiques après Paris Nice. En 1995, une coulée de neige sur le col d’Agnel le stoppe. Le passage des cols Alpins n’est qu’une suite d’étapes dantesques ou stoppées par la neige qui tombe en 1965, 1968, 1969 avec une étape annulée au Passo Rolle, 1988, 1989 qui accumule les problèmes sur 4 étapes, sans oublier 2003 au col de Sempeyré, 2004 au Gavia , 2005 de livino à Lissonne, et 2006 à Plan Corones etc. les flocons sont un compagnon habituel très perturbant du Tour d’Italie
Après le week-end dernier le froid prend le relais pendant cette fin de semaine. Là encore les deux continents sont affectés en même temps.
Les Etats Unis connaissent une vague de froid avec des gelées matinales autour des lacs supérieur et Michigan ce vendredi et dans une grande partie de l’ouest et des hautes plaines. Toute la moitié septentrionale des Etats Unis de San Francisco aux grandes plaines et à la Nouvelle Angleterre, a connu le 23 mai des maximums inférieurs à 20° aussi faibles que chez nous.
Au même moment, jeudi arrive une vague froide sur l’Europe. Dès jeudi matin , il gèle sur une partie de l’Allemagne avec -1° à Stiege. Vendredi matin ces frimas s’étendent à la France et il gèle en effet sur les reliefs du Jura du cœur du massif central, givre sur le Pilat, des Alpes et des Vosges. Avec une extension des Ardennes (-0.1° à Charleville) aux collines de l’Artois. L’Allemagne est globalement bien plus marquée que nous par ce froid avec des gelées qui ont continué dans les zones basses vendredi et samedi !
Le Tour d’Italie a connu une étape annulée dans les Alpes car il escaladait ce vendredi les deux plus hauts cols de son parcours , le Gavia à 2618 m et le Stelvio à 2758 m. L’étape était déja annoncée incertaine depuis plusieurs jours en raison de la neige et du froid. Alors que le passage de ces cols est toujours délicat au niveau climatique en raison de la neige accumulée pendant l’hiver et de la nouvelle qui peut s’ajouter en mai à ces altitudes , l’entêtement des organisateurs à programmer le passage de ces cols, une année à fort enneigement et après un hiver interminable, sans tenir compte des leçons du passé parait de l’inconscience ! L’étape de samedi a connu des modifications avec l’abandon des premiers cols du parcours.
Quel lien surréaliste entre les tornades américaines et ces calamités européennes !
Dans chacun des cas des descentes de l’air froid. Si les tornades américaines sont le résultat de l’affrontement d’airs très contrastés, lors de la catastrophe de Moore, la progression vient de l’air froid qui s’insinue dans les grandes plaines à partir du grand nord canadien au contact entre les rocheuses et les hautes plaines. Il descend le 18 mai et atteint l’Oklahoma.
En Europe, la descente arctique s’effectue sur l’Atlantique à partir du jeudi 16, elle traverse l’Espagne jusqu’à la Méditerranée et le Maghreb. Rechargée en humidité elle décharge ensuite ses précipitations, sa neige sur l’Atlas et les sommets européens et ses pluies dans les zones méditerranéennes. L’aspect pluvieux et neigeux l’emporte dans cette première phase en raison de cette recharge en humidité sur la Méditerranée et de la trajectoire qui place l’arrivée de l’air froid à l’ouest et sa remontée plus à l’est
A partir de mardi, la seconde phase s’effectue plus à l’est, le froid descend par la mer du Nord et arrive face à l’Allemagne et à la France . le 22, ces pays sont atteints en cours de journée, les premières journées affectent l’Allemagne dès le 23 et elles s’amplifie le vendredi 24 qui sera la journée la plus froide de la semaine. Le froid l’emporte dans cette seconde phase sur les précipitations en raison de sa trajectoire qui l’envoie face à nos pays.
La même pulsion froide conjointe peut avoir des impacts très différents en Europe et aux Etats unis avec l’emphase catastrophique du nouveau continent et la modestie de l’ancien !
Gérard Staron vous donne rendez-vous samedi prochain sur Radio Espérance. Bonne semaine !