Chronique N°907
Quand on vient de passer le seuil d’une nouvelle année, il est de bon ton de présenter des vœux pour celle qui commence, ce à quoi je ne manque pas avec tous mes souhaits pour Radio Espérance et ses auditeurs 2013, mais aussi d’effectuer le bilan de celle qui vient de se terminer.
L’analyse globale de 2012 me fait penser à une anecdote tout à fait authentique dont j’avais été témoin quand j’étais jeune professeur en l’an 1973 dans un collège. Un collègue de français avait posé en début d’année un sujet de rédaction en 6ème pour décrire un commerce de proximité. Scandalisé il avait lu en salle des professeurs la copie d’un petit malin qui commençait ainsi « je suis allé dans l’épicerie de la Mère untel, elle vend… » Suivait une énumération de 250 produits environ qui terminait la dite rédaction…
Je pense que ce jeune élève qui avait courroucé mon collègue par cette méthode assez atypique de construire une rédaction pourrait appliquer cette recette, près de 40 ans après, au puzzle climatique déroutant et contradictoire observé en 2012 en France !
Il y a eu en effet des coups de froid , de chaleur, des chutes, des hausses de températures, des pluies fortes et faibles, des orages , des inondations, et la liste pourrait être aussi longue et aussi incohérente que celle du jeune élève d’autrefois !
On ne peut pas dire qu’il n’y a pas eu de saisons mais leurs contrastes sont spectaculaires
En hiver il y a eu en 2012, une vague de grand froid dans la première quinzaine de février, 56 ans après celle de février 1956, mais un ton en dessous en intensité et surtout en durée! On avait certes perdu l’habitude de températures aussi basses depuis janvier 1985. Surtout ce froid est intervenu à la fin d’une saison très douce autant fin 2011 et janvier2012 à un moment où tout le monde pensait en avoir fini avec les frimas.
Il y a eu aussi au cours de l’été une canicule dans la seconde partie du mois d’août. Les 40° ont été atteint sur la retombée septentrionale du limousin et du Morvan, le 19 août jour le plus chaud, mais en intensité, en extension géographique et surtout en durée aucune comparaison n’est possible avec celle de 2003 ou ses principales devancières comme juillet 1983. Cette envolée du thermomètre tardive s’est produit à la fin d’une saison estivale globalement assez fraiche avec un mois de juillet pourri dans la moitié nord de la France et cassé dès le début par deux épisodes pluvieux et frais le 1er et les 4 et 5. Les orages ont non seulement parsemé une pluviométrie estivale abondante mais ont apporté surtout de nombreux épisodes de grêle dévastateurs comme sur les vignobles des côtes du Forez.
Les saisons intermédiaires ont été les plus difficiles à supporter par les organismes pour leurs excès de froid ou de neige que nuls n’attendaient aussi tard au printemps ou aussi tôt en automne.
Au printemps la neige du coucou de la mi-avril sur le Pilat avec 80 cm sur les sommets suivis par la gelée du 17 ont surpris. La gelée de l’ascension le 17 mai n’a pas été sans conséquences sur quelques productions agricoles. Les chutes du thermomètre parfois plus de 15° en 24 heures à la mi-avril, entre le 28 et le 29 avril, entre les saint des glace et le 1er week-end de Juin ont figé les organismes.
A l’automne, les coups de froid et les couches de neige épaisses surtout sur le Vercors et la région de Grenoble de la fin octobre , la redite encore plus brutale des mêmes mécanismes à la fin novembre en particulier sur le Pilat, ont laissé croire à un début de saison hivernale en fanfare qui s’est ensuite étiolé au cours du mois suivants.
Des calamités se sont égrenées tout au long de l’année sans que des catastrophes très graves n’affectent notre pays.
L’automne est d’habitude la saison des très violentes pluies cévenoles ou méditerranéennes. Cette année les Cévennes ont été oubliées, personnes ne s’en plaindra. Les régions méditerranéennes ont connu une véritable catastrophe les 28 et 29 septembre en Espagne et au Maroc, mais en France il faut simplement signaler l’accident du campus de Toulon du 26 octobre ou les débordements du golfe de Saint Tropez en décembre qui correspondent surtout à des problèmes d’hydrologie urbaine, plus qu’à des épisodes pluvieux exceptionnels. Les inondations d’octobre se sont égarées dans des lieux pour le moins inattendus, la grotte de Massabielle à Lourdes lors des crues des gaves pyrénéens. La liane, pas celle de Tarzan, a provoqué quelques problèmes à Boulogne sur mer fin octobre et le 2 novembre. Le Thouet et la Sèvres nantaise, après avoir déjà monté en avril, ont recommencé à la mi-octobre puis en fin d’année. Sans oublier une montée des eaux brutale à Brest (23/11). Voilà une géographie contraire à celle d’un automne normal.
L’inondation la plus grave correspond à la nuit du 21 et du 22 mai dans l’est de l’agglomération de Nancy, des précipitations exceptionnelles par leur intensité, plus de 100 mm, en liaison avec un orage en provenance de l’est alors que les plus violents proviennent d’habitude du sud-ouest, l’inverse !
L’année s’est terminé alors qu’une très grande partie des rivières océaniques du nord de la France sont en crue, en particulier sur le bassin de la Saône, mais les niveaux atteints n’ont pas été suffisants pour une couverture médiatique, en tous cas la répétition de ces pluies océaniques, la saturation de ces bassins ont profité aux nappes phréatiques
2012 n’a pas manqué de tempêtes mais là encore rien de comparable avec les grandes catastrophes antérieures. Autre aspect atypique, les coups de vents océaniques qui ont provoqué dans le passé les cataclysmes de 1999, 2004 et Xynthia ont été très ternes en 2012 comme ceux du 3 et du 5 janvier qui ont seulement atteint 126 Km/h. les vrais tempêtes ont concerné le domaine méditerranéen comme le coup de vent de sud de la nuit des 28 et 29 avril dans le couloir de la Loire supérieure avec 150 km/h au Mazet Saint Voy, la tempête de vent d’autan en pays toulousain des 18 et 19 octobre et en sens inverse le coup de mistral de fin octobre à plus de 130 km/h prolongé par la tempête en Méditerranéen avec 183 km/h à la Ciotat.
L’événement le plus atypique correspond aux deux tornades aux deux extrémités de la France, l’une le matin en Vendée et l’autre l’après-midi sur le centre commercial de plan de campagne près de Marseille pendant le dimanche du 14 octobre. Les tornades sont déjà rares en France, mais dans ces conditions géographiques il n’y a pas de précédent !
Il est bien difficile de trouver une trame commune et une cohérence à tous ces événements d’une année particulièrement aux nombreux contrepieds climatiques. J’ai trié une sélection aussi énumérative qu’incomplète de ces événements atypiques rarement exceptionnels. Les milieux agricoles en ont été souvent les victimes avec les excès des gelées tardives, de l’humidité ou de la grêle affectant les récoltes fruitières, viticoles ou autres
Le mot « normal » a été très à la mode pendant les premiers mois de cette année, les moyennes seront souvent près de « la normale » selon les normes météorologiques, en ajoutant des extrêmes contraires, mais à aucun moment la climatologie de notre pays n’a pu donner l’impression de « la normale » au sens commun du mot.
Après cette énumération des faits climatiques de 2012, J’espère que vous ne ferez pas pour qualifier cette chronique, comme mon collègue de français de 1973 qui avait affecté à ce jeune rédacteur malicieux de 6ème un zéro pointé et quatre heures de colles !
Gérard Staron avec ses vœux pour 2013 vous donne rendez-vous samedi prochain sur Radio Espérance …. Bonne semaine