Chronique N° 845
Septembre 2011 est au moins aussi intéressant pour ses précipitations que pour ses températures.
Cette année, ce mois a marqué le retour au régime sec. Cet aspect n’a pas seulement touché les départements de la Loire et du Rhône pour lesquels j’ai effectué le bilan de l’eau mais une grande partie de l’Europe.
D’abord la sécheresse méditerranéenne commencée en retard a continué de même. Les précipitations (carte jointe) sont inférieures à 20 mm sur l’ensemble de l’Espagne au sud de l’axe montagneux Pyrénéo cantabrique, avec même un zéro pointé à Valladolid et un à Madrid. En France le Roussillon avec Perpignan, 4 mm, et l’ensemble Provence Côte d’Azur avec une grande partie des Alpes du sud, est dans le même cas. Cette zone très sèche se poursuit en Italie au sud de l’Apennin ligure.
En temps ordinaire, le mois de septembre marque le passage de la sécheresse d’été aux très grosses précipitations méditerranéennes d’automne qui apparaissent dans la seconde partie du mois en particulier vers l’équinoxe . Constatons que cette année ces dernières ne se sont pas déclenchés et que les anticyclones subtropicaux tiennent encore fermement sous leur coupe ces régions et ne donnent pas encore de signes de faiblesse.
La plus grande partie de l’Europe occidentale présente des totaux compris entre 20 et 50 mm, correspondant le plus souvent au tiers ou à la moitié d’une pluviométrie normale.
A l’intérieur de cet ensemble comprenant la France, le Benelux, l’Allemagne le Royaume uni et La Plaine du Pô, il subsiste des zones très sèches en position d’abri qui n’ont pas reçu plus que les zones méditerranéennes. On y retrouve avec moins de 20 mm, l’est du Massif central , Velay Vivarais Lozère, le fond des plaines de la Saône avec Dijon, et une partie du Bassin aquitain, avec le pourtour du bassin d’Arcachon, des secteurs des coteaux de Gascogne et le Périgord
A l’opposé d’autres ont connu une réelle abondance.
D’abord certains versants septentrionaux de massifs montagneux sont concernés avec celui des Pyrénées occidentales du Pays basque à la partie centrale du massif, les Préalpes du nord de la région grenobloise au Zugspitze en Allemagne, le Jura et la Forêt Noire.
Une deuxième catégorie correspond à quelques littoraux océaniques comme l’extrémité de la Bretagne, le nord du Cotentin, les côtes du pays de Caux autour de Dieppe avec une extension sur les plateaux Picards et celles de la Flandre belge avec une pénétration jusqu’aux Ardennes. A l’exception de certains points comme Valognes ou Dieppe qui dépassent 90 mm, ces dernières régions, avec plus de 50 mm, connaissent malgré tout un déficit pluviométrique d’autant plus marqué que les températures sont élevées.
Les perturbations qui ont réussi à pénétrer sur la France en septembre, surtout au moment des week-end venaient surtout du nord-ouest et toutes les régions citées ci-dessus , qu’elles soient des littoraux ou des montagnes sont exposées pour les recevoir. Ces pluies ont utilisé trois axes de pénétration dans le pays, celui à partir du Pays basque comme pour illustrer l’air sur la pluie de l’opérette » Fandango du Pays basque » chantée par Luis Mariano, celui de la haute Normandie aux Alpes pour faire écho aux « Cloches de Corneville » de Planquette et enfin celui du plat pays de Jacques Brel, même si le beau temps a parfois touché une région dont il chantait « le ciel était si bas qu’un canal s’est pendu ! »
Surprise toutefois, tous les reliefs et toutes les côtes dans cette exposition manquent.
Au niveau des montagnes, il manque le limousin et les reliefs d’influence océanique du Massif central, les collines du Perche, les Vosges et pour les côtes, celles du nord de la Bretagne. Le plus surprenant correspond aux très grands contrastes entre des stations très proches. J’ai déjà signalé celles de Saint Etienne, près de 59,8 mm à mon poste contre 17, 2 mm à Andrézieux. Des écarts encore plus importants peuvent être signalés : entre les deux stations de Grenoble avec 126 mm au Versoud et seulement 53.2mm à Saint Geoirs, dans le Pays basque avec 154 mm à San Sebastian et seulement 38.6 mm à Biarritz, dans le Languedoc avec 91 mm à Carcassonne et seulement 21 mm à Béziers ou 30 mm à Toulouse.
Les exemples de ce type pourraient être multipliés, la pluviométrie de septembre a été non seulement faible mais surtout ponctuelle. Cette particularité s’apparente à un caractère orageux qui exagère localement les précipitations des perturbations. Les 37 mm que j’ai enregistrés à Saint Etienne le 4 septembre, correspondent à ce type d’augmentation ponctuelle.
Cette indigence des pluies a conduit à la situation la plus critique au niveau de la ressource en eau dans le pays.
Au début de ce mois d’octobre, on ne compte plus les nappes au plus bas parfois depuis 1995. Dans la région Centre, il en est ainsi pour celles de la craie du Malm et du Dogger. Celle de Beauce connait seulement son point le plus bas de l’année, puisque les niveaux sont descendus en dessous en 2007, 2008 et antérieurement en 1997, et 1992-1993.
Les fleuves français connaissent un étiage tardif. Avant les pluies du dernier week-end, leur niveau est descendu bien plus bas qu’en plein été, moment de l’année habituel des débits les plus faibles.
La Loire à Gien avec 57 m3S du 7 au 9 octobre est revenue au niveau minimal de 50 m3s garanti par le soutien des barrages de Naussac et de Villerest. En aval à Monjean, avec 123 m3s, le fleuve connait encore son étiage le plus sévère de l’année.
La Seine à Paris est descendue à 86 m3s le 7 octobre alors qu’en juillet et août elle dépassait les 100 M3S. Le seuil de vigilance pour la navigation étant de 81 m3s, heureusement que les pluies du dernier week-end ont permis de remonter un peu le débit.
Pour le Rhin à Lauterbourg au nord de l’Alsace avant le passage de la frontière qui rend les deux rives allemandes, le 7 octobre, le débit a connu un point bas de 679 m3s avant que les pluies ne lui permettent de remonter à 1724 m3s le 11 octobre à 20 heures.
Sur le Rhône et la Saône la comparaison avec les débits de l’été est encore plus grave. Alors qu’à Valence, ils dépassaient largement 1000 m3s, ils sont descendus à 349 m3s le 8 octobre à 14 heures. Il s’agit d’un étiage sévère puisque celui atteint une année sur 5 correspond à 560 m3s. Ne parlons pas de la Saône au Chatelet, elle ne roulait que 7 m3s le 9 octobre à 20 heures.
En année ordinaire, l’étiage des fleuves et rivières de France se produit à la fin du mois d’août et au pire un peu après quand des débits en provenance des glaciers de montagnes retardent le phénomène. L’indigence des pluies de septembre a déplacé cette période de très basses eaux d’un mois, au début octobre et en a accentué les caractéristiques.
Que ce soit pour le niveau des nappes ou des rivières, le problème de la ressource en eau a été le plus critique jusqu’à présent le 7 octobre, à la fin de la période sèche de septembre et avant les pluies du dernier week-end. La Loire à Bas en basset avec 4 m3s n’est pas passé en dessous des records de 1945 et 1947 avec 1.2 et 1.5 m3s mais l’étiage est de l’ordre d’une année sur 5.
Là encore on peut s’étonner du décalage qui a existé au cours de cette année entre le discours, les mesures administratives sur la sécheresse et l’état de la ressource en eau. Au cœur de l’été près de 70 départements connaissaient des restrictions d’eau, alors qu’au moment où rivière et nappes sont au plus bas il n’y en a plus que 44.
Comme pour le problème des températures, présenté la semaine dernière dans cette chronique, on constate un décalage entre la mesure scientifique et l’appréciation qui en est présentée.
Gérard Staron vous donne rendez-vous samedi prochain sur les ondes de radio espérance, Bonne semaine