Bilan de l’eau
Situation fin de la saison froide 2011-2012
Gérard Staron
Publié dans le Meteofil N° 76 avril 2012
Ceci peut vous paraître surprenant, mais le maximum de la recharge de saison froide de la ressource en eau s’est produit cette année à la fin de février. Si ce dernier mois a été très sec, les besoins des végétaux ont été nuls, en effet en période de températures moyennes négatives, l’évapotranspiration potentielle est égale à zéro et même s’il a été très faible, il y a eu un léger excédent pluviométrique.
Sur le tableau, la première colonne concerne la situation à la fin de février, le surplus présenté correspond à l’excédent cumulé disponible depuis la reconstitution totale de la réserve du sol pour l’alimentation des cours d’eaux, des nappes et des barrages. Cette valeur correspond à zéro pour Andrézieux, cette station n’avait pas complètement reconstitué sa réserve du sol à la fin de février.
Il est comparé dans la seconde colonne au surplus moyen de l’ensemble de la saison froide pour la période 1951-70 que j’avais calculé à l’époque pour des publications sur le bassin du fleuve Loire. La plus grande partie du département du Rhône n’est pas renseignée et en l’absence de référence sur la même commune, j’ai choisi un poste proche.
La nouvelle sécheresse associée à des températures élevées en mars a provoqué l’apparition d’un déficit pluviométrique (P-ETP ≤ 0) précoce sur la majorité des stations. Dans ce cas, la ponction sur la réserve du sol pour satisfaire les besoins des végétaux a commencé et le pourcentage présenté correspond à la part qui reste à la fin du mois par rapport à une capacité de 100 mm prise en compte uniformément.
Comme vous pouvez le constater, un poste (Tarentaise dans le Pilat) a dégagé un excédent pluviométrique faible, dans ce cas il s’ajoute au surplus qui existait déjà à la fin du mois de février.
La situation assez particulière de ce début de 2012, ne facilite en aucun cas les calculs, ni l’explication de la situation de la ressource en eau.
Bilan de l'eau | situation fin février | situation fin mars |
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stations | surplus 2011-12 | surplus (1951-70) | excédent déficit(-) | surplus cumul | réserve du sol |
Tarentaise | 325,1 | 494 | 10,5 | 335,6 | 100% |
Montregard | 249,3 | 392 | -5,7 |
| 95% |
Violay | 221,8 | 351 | -15,9 |
| 85% |
Montchal | 179,9 |
| -9,2 |
| 92% |
St André la Côte | 137,7 | 143 | -10 |
| 91% |
Montmelas | 116,9 |
| -20,1 |
| 81% |
Corbas | 94,8 |
| -9,8 |
| 92% |
Bard | 76,3 | 254 | -10,5 |
| 90% |
Ecully | 61,1 |
| -12,7 |
| 89% |
Lyon Bron | 62 |
| -12,8 |
| 89% |
Saint Etienne | 46,6 | 211 | -19 |
| 82% |
Anse | 22 |
| -23,8 |
| 81% |
Villefranche |
|
| -17,3 |
| 84% |
Andrézieux | 0 | 90 | -7,8 |
| 90% |
En dépit de la forte pluviométrie de décembre et de janvier, la reconstitution de la ressource en eau pendant la saison froide 2011-2012 a été partout inférieure à celle d’une année normale. La plaine du Forez était le secteur le plus critique, la reconstitution totale de la réserve du sol n’ayant pas été partout assurée. Le Val de Saône avait mieux récupéré de sa situation très sèche de 2011. Sa meilleure sensibilité aux pluies océaniques permet de l’expliquer.
Le mois de mars est traditionnellement celui où la ressource en eau est la plus regonflée à la fin de la saison froide, nappes rechargées, débits des rivières élevés, barrages pleins. La persistance d’anticyclones maintenant un temps sec et ensoleillé, a perturbé ce mécanisme et a changé mars en premier mois du déficit pluviométrique avec une situation assez égalitaire sur l’ensemble des deux départements.
Comme tout au long de 2011, il existe une exception, le versant septentrional du Pilat avec Tarentaise. Le très gros contraste avec le bassin stéphanois ou la plaine du Forez continue à quelques kilomètres de distance. Les plaines de la Saône et le Beaujolais repartent vers un manque d’eau récurrent !
Les mois jusqu’à fin juin, apportent une grande partie de la pluviométrie de nos régions, il leur reste à compenser une situation déficiente depuis le début de 2011.