Chronique ancienne N°42. Le 21/07/1995 : Fête nationale. texte d’origine
Naturellement, nous allons évoquer le climat de la Belgique. Les extraits que vous venez d’entendre concernaient la pluie… Ce pays est un plan incliné de la Flandre jusqu’aux hauteurs ardennaises face à l’ouest et à la mer du nord : un territoire prédisposé pour recevoir les perturbations océaniques. Les totaux pluviométriques sont pourtant assez moyens puisque de 820 mm par an à Anvers près de la côte, on descend à 748 mm pour Bruxelles un peu plus vers l’intérieur pour remonter à plus de 1100 mm sur les hauteurs Ardennaises vers Spa qui subissent l’effet orographique.
Les précipitations sont assez équilibrées pour leur répartition saisonnière, sans grands contrastes. On remarque souvent 2 maximums : l’un en hiver surtout visible dans les Ardennes, l’autre plus complexe et orageux de saison chaude, en Juillet et Août, plus marqué dans les régions basses. Les périodes les plus sèches concernent la fin du printemps, de mars ou avril à juin, phénomène que l’on retrouve souvent dans les régions océaniques. L’autre en automne court en septembre ou octobre selon les cas. Ces régimes ressemblent beaucoup à ceux des régions du Bassin parisien voisin.
Alors qu’est-ce qui peut donner cette impression humide que nous constatons dans les chansons de Jacques Brel ? la nature océanique de la pluie : petites averses répétitives, crachin, brouillard, ciel bas, ensoleillement limité. C’est aussi la fraîcheur générale du climat liée à la latitude nettement plus septentrionale que la nôtre, mais là encore, il ne faut pas exagérer, au vu des observations faites.
L’été est assez frais, mais rien de dramatique. La température du mois le plus chaud atteint 17,2° à Anvers, 18° à Bruxelles et 15,8° à Spa. Il est normal que l’intérieur soit un peu plus chaud que la côte et les Ardennes.
L’hiver est encore océanique mais avec des températures fraîches puisque le mois le plus froid atteint près de 2°, un peu plus à Anvers et Bruxelles, un peu moins à Spa.
Particularité encore plus océanique, le retard des mois les plus chauds et les plus froids. Chez nous, il s’agit de juillet et janvier, là on trouve août et février. C’est une manifestation de l’effet retardateur des masses océaniques qui mettent longtemps à se refroidir et à se réchauffer. La remontée du thermomètre est lente au printemps, mars et avril sont frais vers 4 et 8° au point que les classiques cyclistes de printemps se disputent souvent dans des conditions climatiques difficiles. La baisse des températures est lente à l’automne et décembre est assez doux vers 4°.
Les records extrêmes de température montrent que l’on peut descendre en dessous de -20° dans les Ardennes et -17° en plaine. La position septentrionale, qui facilite les descentes d’air froid d’origine polaire où sibériennes, explique cette rigueur qui n’est plus océanique. De même en été, à l’exception de Bruxelles, à l’intérieur qui accumule plus la chaleur, les thermomètres n’atteignent qu’exceptionnellement 30° (record de 32,2° à Spa et 33,8° à Anvers).
Ce caractère septentrional est aussi visible pour la neige. Savez-vous que, sur les sommets des Ardennes vers 700 mètres, la persistance du manteau blanc est équivalente à celle que l’on trouve à 1300 mètre sur le Massif central. Selon R. Sneyers, météorologue belge, l’enneigement atteint une année sur deux 44 jours vers 400 mètre, 70 jours vers 600 mètre et 88 jours sur les sommets. Pour les épaisseurs, c’est 28 cm vers 600 mètres et 32 cm vers 700 mètres.
Alors le climat Belge n’est pas aussi pourri qu’on l’entend souvent, c’est simplement un climat océanique plus frais et dégradé en raison de la position septentrionale.
Ceci ne veut pas dire qu’il est uniforme. Le ciel océanique est par nature versatile : averses, éclaircies, changement de vent et de ciel, mais aussi nombreux sont les différences en fonction de la topographie. Leur étude est devenue l’une des spécialités de l’équipe de climatologie de l’université de Liège autour du Professeur Alexandre et de Michel Erpicum. C’est d’ailleurs à Liège que se tiendra en Septembre prochain (1995), le 8ième congrès de l’association internationale de climatologie, regroupant les climatologues de l’ensemble des pays francophones.
Cette chronique continue pendant l’été le même jour, à la même heure approximativement, et nous revenons à notre évocation musicale de la Belgique.
Commentaire actuel :
Une façon de saluer la fête nationale de la Belgique. Le 21 juillet 1995 nous avions fait une émission spéciale pendant tout le temps de midi sur nos voisins sur les ondes de Radio Espérance avec Marie Gabrielle, devenue leur voisine géographique. Souhaitons leur aujourd’hui de pouvoir encore la célébrer longtemps et de dissiper les difficultés que connaît actuellement leur pays …
Gérard Staron http://pagesperso-orange.fr/climatologie.staron