Chronique climatologique N°27, le 31/03/1995, texte d’origine radiodiffusé
La semaine dernière, comme aujourd’hui (en 1995) je fais cette chronique sous un soleil printanier qui permet aux bourgeons de s’épanouir, entre temps, une descente d’air froid a rappelé avec un peu de neige que l’hiver pouvait encore sévir.
La semaine dernière nous sommes passés, le 21 mars au printemps astronomique, ceci ne veut pas dire que le froid et la neige sont forcément terminés et l’atmosphère suit toujours avec un décalage l’astronomie. Pour prendre quelques exemples dans les villes du massif central du réseau de Radio Espérance, la dernière chute de neige peut se produire une année sur deux, le 30 mars à Limoges, le 31 mars à Clermont-Ferrand, le 3 avril à Guéret, le 11 avril à Mont-Saint-Vincent en Saône et Loire, le 12 avril à Saint-Etienne. Une année sur quatre, les chutes même dans ces villes de basse altitude, peuvent être encore plus tardives, soit le 14 avril à Limoges et à Clermont Ferrand, le 17 avril à Guéret, le 19 avril à Saint-Etienne et le 22 avril à Mont Saint Vincent. Les records concernent un printemps plus avancé, surtout en altitude. Le Massif Central a connu des neiges en juin et même en juillet sur le Mézenc. Aussi les flocons qui tombaient mercredi ou jeudi au moment où je pensais à cette chronique peuvent très bien ne pas être les derniers de la saison.
Les dernières gelées sous abri sont encore tardives en débordant souvent sur le mois de mai à basse altitude. Une année sur deux, elles sont le 29 avril à Limoges, le 30 avril à Clermont Ferrand, le 4 mai à Saint-Etienne et une année sur quatre elles peuvent atteindre le 7 mai à Limoges, le 9 mai à Clermont Ferrand et le 12 mai à Saint-Etienne, Bouthéon.
Or cette période est aussi un moment de grande sensibilité de certains végétaux aux basses températures, au moment de la floraison. C’est par exemple le cas de la vigne qui , en plein repos au mois de janvier peut supporter des températures de -19°, alors qu’au moment de la floraison il peut y avoir des dégâts à -2,5°.Il en est de même pour de nombreux arbres fruitiers quand ils sont au stade de la floraison ou de la formation du fruit. Ceci explique que certaines gelées tardives puissent provoquer des dégâts sur les futures récoltes quand elles arrivent après une période chaude, à ce moment de sensibilité du végétal.
Il est des cas célèbres où des gelées tardives ont provoqué des dégâts irrémédiables. En avril 1991, des températures très basses le 21 et le 22 avec -5° à Poitiers,-3,4° à Agen et Dijon et même -10° au Puy surviennent après une période chaude, avec 22°7 à Saint-Etienne. La destruction des grappes naissantes dans les vignobles du Jura, celui du Bordelais, ont permis de crier à la catastrophe. La production fruitière de l’année a été très fortement affectée avec pour les cerises : 50% de récolte en moins en Provence, 25% dans la région Rhône-Alpes, pour les pêches et nectarines, 87% de pertes dans le sud-ouest et 32% dans la région Rhône-Alpes. D’autres années, dans le passé, comme 1977, ont connu de tels problèmes avec une vague de froid et de neige vers les 24 et 25 avril.
Cette année nous n’en sommes pas encore là car les périodes de chaleur sont entrecoupées de petites vagues de froid qui freinent considérablement le développement végétal qui s’effectue quand la température moyenne de la journée dépasse au moins 6°, mais il faut au moins attendre la fin du mois d’avril pour être fixé sur cette question.
Vous comprendrez pourquoi la recherche agronomique s’applique à trouver des variétés qui connaissent une floraison tardive, en effet plus cette dernière est repoussée dans le temps et plus le risque d’une gelée tardive s’affaiblit.
Le temps de ces derniers jours pose aussi un problème avec les variations brutales de températures liées à l’alternance de descentes d’air froid et de temps ensoleillés froids le matin et chauds dans l’après-midi. Hier il neigeait encore et aujourd’hui la chaleur reprend progressivement le dessus après la gelée matinale. Depuis déjà quelques semaines nous subissons cette alternance entre les descentes d’air polaire et les remontées de l’anticyclone des Açores. Il est bien évident que ces changements brutaux peuvent avoir des conséquences sur les organismes. Une variation de température d’un jour à l’autre de 2 à 4 degrés est considérée comme normale, par contre des différences supérieures, surtout de plus de 6° peuvent être difficiles à supporter pour l’organisme humain. Or entre le 19 et le 20 mars, puis plus récemment entre le 26 et le 28 mars des chutes de températures ont atteint ces niveaux en particuliers à Clermont Ferrand et Saint-Etienne où il y a eu un passage de 13°à 4,6° entre le 19 et le 20. De très belles amplitudes thermiques diurnes sont aussi à signaler au moment du retour du beau temps : 21° d’écart entre le matin et l’après-midi le 23 mars à Clermont et 20°3 le 24 à Saint-Etienne. Il gèle la nuit en raison de la présence de l’air froid et d’un ciel clair qui permet le rayonnement et la perte d’énergie, alors que l’ensoleillement fait remonter le thermomètre le jour. L’amplitude thermique aujourd’hui risque d’être aussi particulièrement forte. En vous souhaitant un bon printemps, je vous retrouverai, chers auditeurs, à nouveau la semaine prochaine en espérant que ce rendez-vous vous intéresse.
Commentaire de 2008 :
Beaucoup de similitudes à la même date et même des répétitions à 13 ans d’intervalle……
Le coup de froid de Pâques 2008 n’a rien à envier à ses devanciers, ainsi que les changements brutaux de températures (voir les observations de Montregard)
G. Staron http:// pagesperso-orange.fr/climatologie.staron