Le sujet incontournable de la semaine concerne l’épisode hivernal de Pâques :
- Retour de la neige à basse altitude en particulier sur le Massif central et les reliefs de la moyenne montagne hercynienne,
- consolidation du manteau au-dessus,
- gelées dévastatrices pour les vergers en vallée du Rhône.
Les caractéristiques de la pulsion froide sont classiques. Au cours de la semaine sainte, l’anticyclone des Açores se positionne progressivement sur l’Atlantique, il met en place une véritable barrière de hautes pressions du Groenland à ses îles favorites en effectuant sa jonction avec l’anticyclone Polaire. Sur le flanc oriental, l’air arctique descend dans un vaste couloir. Le paroxysme du flux de nord se produit du Vendredi Saint au lundi de Pâques avec le retour de la neige. Le manteau tient à 650 m le vendredi, puis à 500 m pendant le week-end. Pendant 6 jours consécutifs des chutes de neige tombent sur la région stéphanoise. Sur le Pilat des hauteurs de 30 centimètres sont signalées, sur les Alpes en particulier les Préalpes suisses, les chutes cumulées dépassent 1,30 mètre avec le risque d’avalanches correspondant.
Après la fête pascale, la barrière méridienne de hautes pressions cède au sud de l’Islande pour laisser passer des perturbations qui proviennent du nord –ouest. Elles sont alors moins froides, plus humides et arrosent d’autres régions. Les précipitations affectent les versant occidentaux des montagnes, le Massif central, Le Morvan, le Jura, les Vosges et les Alpes. Moins froides, le niveau du passage pluie neige remonte progressivement en altitude
Les temps perturbés de nord sont coutumiers des mois de mars et d’avril où ils donnent des giboulées. Les statistiques de types de temps montrent que ces deux mois connaissent la probabilité la plus forte. Cette année, ils n’ont peut être pas fini de se signaler à notre attention. Non seulement la neige tombe au passage des fronts, mais aussi à l’arrière de ceux-ci par de brèves averses liées à l’instabilité de l’air qui descend des pôles quand il aborde nos régions. C’est pour cette raison que de Vendredi à mardi nous avons subi une alternance continue de chutes de neige et de courtes accalmies Les précipitations de nord affectent fortement le versant correspondant du Massif central en pénétrant plus profondément que les pluies ou neige de nord-ouest ou ouest. Le Pilat et la région stéphanoise sont un lieu très concerné par ces temps de nord, alors que ceux de nord-ouest ou ouest arrêtent très souvent leurs précipitations à la crête des monts de la Madeleine au Forez ou à celle du Beaujolais en effleurant par le nord le département de la Loire.
Je ne sais s’il convient de faire une corrélation, mais l’extension de la banquise dans l’hémisphère nord a connu son maximum annuel le 24 mars selon l’image en provenance des satellites. Côté américain, le golfe du Saint Laurent est totalement englacé avec une grande partie des Grands Lacs et les côtes du Labrador. Côté Atlantique, une langue de glace s’élargit de l’extrême sud du Groenland au Spitsberg, puis rejoint la Nouvelle-Zemble et le nord de la Scandinavie. Les golfes de Botnie et de Finlande sont pris. De même, les mers de Béring et d’Okhotsk sont majoritairement englacées jusqu’à l’île d’Hokkaido du coté pacifique. La progression est nette depuis un mois.
Au maximum de sa puissance, le lundi de Pâques, le courant de nord est descendu jusqu’à proximité de la Méditerranée avec des températures négatives sous abri dans l’axe rhodanien jusqu’à Nîmes et Aix en Provence avec respectivement -2,2° et -0,4°.
Les vergers d’abricotiers, de cerisiers et de pêchers de la vallée du Rhône ont connu des dégâts importants en raison de la convergence de plusieurs éléments
De nombreux végétaux, en particulier les arbres fruitiers et la vigne sont très sensibles aux gelées lorsqu’ils atteignent les stades de la floraison ou de la formation du fruit. Par exemple, la vigne résiste à des températures très basses en période de repos végétatif, en dessous de -19° alors qu’à partir du stade de la floraison de -1,8° à -2,5° sont suffisants pour provoquer des dégâts importants. Chaque fois que des gelées tardives ont correspondu à ce stade de développement des végétaux, les quantités des récoltes de l’année concernée ont été très affectées en 1974, en 1977, en 1991 et en 2003. Pour cette dernière année, la récolte de vin avait baissé d’un tiers dans le Languedoc, la récolte de cerises de Cellieu avait été presque nulle, la pomme du Pilat avait fortement souffert.
Pour que ce stade de la floraison ou de la formation du fruit soit atteint, il faut un développement précoce des végétaux suivi de gelées tardives. La douceur de cet hiver a particulièrement affecté la vallée du Rhône en raison de sa situation à l’abri derrière les hauteurs du Massif central et du réchauffement de l’air qui redescend vers la Méditerranée.
En février dernier et au début de mars, les températures maximales douces ont été compensées par des gelées matinales sur l’axe qui s’étire du nord-est du pays au Massif central avec une extension irrégulière au Bassin aquitain. La vallée du Rhône n’a pas connu ces gelées. Les températures moyennes de Montélimar et Nimes 8,4° et 8,6° dépassent largement 6°, seuil de début de croissance des végétaux. Les arbres fruitiers ont eu un développement rapide qui n’a pas été freiné. Subitement le 24 mars, des températures sous abri de l’ordre de -2°, souvent beaucoup plus basses près du sol et dans les bas fonds où se situent les vergers, ont franchi le seuil destructeur sur les fleurs ou les fruits en formation.
La vallée du Rhône semble la seule région fruitière affectée en France, car le lundi de Pâques, elle s’est trouvée dans l’axe de la descente froide attirée par la dépression du golfe de Gènes. D’autres grandes régions fruitières, le Bassin aquitain, le Roussillon, à l’écart n’ont pas subi ces gelées, entre +1 et +2° pour le Bassin aquitain, et +4° pour Perpignan dans le Roussillon. Les perturbations sur le marché des fruits seront moins fortes qu’en 1991 où toutes les zones productrices avaient été affectées. Par ailleurs, l’abricot, la Pêche et la cerise sont les fruits concernés car leur développement printanier est plus précoce, en particulier ils atteignent plus vite que d’autres, comme les pommiers et les poiriers, les stades de la floraison et de la formation du fruit. Ils ont plus de probabilité de connaître des dégâts en cas de gelées tardives. Je n’ai rien entendu sur les pommiers et poiriers ces derniers jours.
Gérard Staron vous donne rendez vous samedi prochain sur les ondes de radio Espérance, texte repris sur zoom42.fr et sur mon blog.
Sur ce même blog, j’ai commencé un récapitulatif de mes chroniques anciennes de Radio Espérance depuis le N°1 en octobre 1993, si certains auditeurs souhaitent retrouver certains de ces textes, me le faire connaître sur la rubrique commentaire de gesta.over-blog.com.
Bonne semaine à tous.