Chronique N°1000
Qui aurait pu penser en octobre 1993, qu’une telle chronique pourrait être consacrée à la climatologie pendant 21 ans ; personne ?
A l’époque où je me promenais dans les stations de ce que l’on n’appelait pas encore Météo France, mais l’Office de Météorologie Nationale dépendant du Secrétariat d’état à l’aviation civile, un responsable syndical à Gourdon m’avait déclaré que la climatologie était « l’hôpital » de la météo, car à l’époque dans le service correspondant on plaçait les agents qui ne pouvaient plus continuer dans l’actif !
A l’époque, le réchauffement de la planète n’était qu’une préoccupation lointaine de spécialistes qui ne débordait pas des colloques, congrès ou symposiums pour scientifiques. Ce fût le cas du congrès de Rio sur la terre de l’année précédente en 1992. Ce n’est qu’en 1997 avec le « Protocole de Kyoto » que la théorie commence à déborder sur le monde politique , les associations internationales, et la population.
C’est ainsi que Radio Espérance a tapé dans le mil avec cette chronique puisqu’en 20 ans , le climat dont seulement quelques scientifiques se souciaient à l’époque est devenu la principale peur de la planète pour le siècle à venir. La surveillance de la température est un sport mondial avec des écarts de plus en plus faibles, souvent moins de 1°, que l’on présente comme des catastrophes potentielles. C’est ainsi que l’on vous dit que septembre 2014 est le plus chaud dans le monde depuis 135 ans en raison d’un excédent par rapport aux normales de 0.72° sur l’ensemble de la planète selon le NCDC/NOAA (organisme américain) ! Comme ces dernières normales calculées sur 30 ans varient selon les séries utilisées, on vous annonce selon le GISS que la hausse par rapport à la normale de septembre 2014 est de 0.78° pour celle de 1951-80 et de 0.42° pour 1981 à 2010.
Pourquoi la moyenne des températures est-elle devenue le gendarme de la planète ?
La moyenne de la température, au début de la climatologie exprimait la synthèse des caractéristiques géographiques de l’atmosphère au-dessus d’un lieu dont elle permettait avec les précipitations de définir le climat comme si ce dernier était une donnée théorique invariable. C’est par exemple l’objectif de la première thèse sur le Massif central de Pierre Estienne en 1955 qui découpait ce vaste ensemble en « climats » en fonction de l’importance relative des influences océaniques méditerranéennes et continentales.
A partir des années soixante-dix, on s’est de plus en plus rendu compte que tout cela bougeait. La notion de variabilité des climats a été mise en valeur par les travaux de l’ER30 du CNRS de Grenoble à laquelle j’ai participé sous la direction de Charles Pierre Peguy, fils posthume du grand homme de lettres et qui a été le patron de ma thèse « l’hiver dans le Massif central » qui venait d’être publiée en 1993 quand j’ai commencé cette chronique. C’est l’époque où les calendriers de probabilité ont tenté de remplacer les moyennes en climatologie. Ceci permettait de comparer l’état habituel du climat d’un lieu avec ses événements exceptionnels qu’ils soient thermiques ou pluviométriques. Ceci était associé à la recherche de la durée de retour d’un phénomène, tempêtes, gelées ,froid, chaleurs etc. Il faut bien dire que cette méthode est surtout utilisée en matière pluviométrique et hydrologique avec les crues décennales, trentennales centennales ou millénaires censées se produire, plus ou moins, selon une probabilité de 10 ans , 30 ans 100 ans et 1000 ans.
Mais dans le domaine thermique, le retour à l’utilisation des moyennes a triomphé avec la théorie du réchauffement de la planète. On m’avait toujours annoncé quand j’ai été formé aux statistiques et à leur utilisation en climatologie que les mathématiciens, ceux de Grenoble en particulier, étaient très réservés sur leur utilisation, que la méthode de la corrélation manquait de discernement
C’est pourtant par l’utilisation de la corrélation mathématique entre l’évolution des températures et d’autres paramètres comme les gaz à effet de serre avec surtout le gaz carbonique que cette théorie a triomphé. C’est cette relation entre la hausse conjointe de ces deux paramètres, les températures et le taux de gaz carbonique depuis le début du XXème siècle qui a été à l’origine de tout cet univers de menaces qui a été construit autour du climat. Des courbes ont été établies comme celle de Lorius entre l’évolution des températures et le gaz carbonique contenu dans les bulles des glaces anciennes de l’Antarctique. Il suffit de poursuivre bêtement les courbes pour définir la hausse future des températures en liaison avec celle conjointe des gaz à effet de serre dans l’atmosphère !
Tout parait tellement simple que l’on se demande comment la majorité des états et des organisations internationales a pu se laisser séduire et hisser le climat au niveau du principal risque pour la planète.
Il serait trop long d’évoquer les questions de fond aujourd’hui, mais le rôle du climatologue n’est pas de rentrer, voir même de se laisser enfermer dans ces schémas simples, mais de voir toute les implications, et même leurs faiblesses. La principale est que le réchauffement semble en panne ou pour le moins hésite, surtout en Europe depuis 2007 en dépit des quelques mois de 2014 particulièrement chaud au printemps et maintenant à l’automne.
Il est bien évident que c’est cette démarche de recherche objective qui a attiré l’auditeur vers la chronique de climatologie de Radio Espérance d’autant plus que pendant très longtemps aucun média français ne disposait d’une telle rubrique.
C’est ainsi que son texte a été repris à partir de 2004 par le site Zoom 42.fr et à partir de 2008 par mon blog « blog gesta info ». Je n’ai jamais pu obtenir l’impact en auditeur sur Radio espérance mais son audience écrite dépasse plusieurs milliers de visiteurs uniques par mois. L’irrégularité est très forte, avec des hausses rapides dès que l’actualité attire l’attention ou inquiète nos concitoyens. Certains vont peut-être voir tous les 4 jours mes prévisions pour les départements de la Loire de la Haute Loire et du Puy de Dôme
C’est ainsi que son auteur a vu au cours de ces années se multiplier les possibilités de tribunes. Bien d’autres sujets et surtout chaque grosse crue de la Loire et la dernière en 2008 m’ont permis d’écrire sur la revue « La Loire et ses terroirs » consacrée à l’ensemble du fleuve à partir d’Orléans. Président de l’AMRL depuis mars 2012, je suis chargé de la rédaction et de la parution chaque mois de notre bulletin « le météofil », le 105ème va paraitre le 10 novembre. Nous disposons d’un réseau d’une quarantaine de stations sur les départements de la Loire et du Rhône. l’an dernier lorsque « le Progrès » a publié son ouvrage hors-série « Quel drôle de temps », j’ai été chargé de la rédaction des articles sur les climats de la Loire , de la Haute Loire, sur les rivières Gier et Furan ainsi que sur le fleuve Loire. Les sollicitations ne manquent pas « Soleil solidaire » depuis 3 ans, et même le 40ème anniversaire du Parc du Pilat à Bourg Argental , le 21 septembre dernier !
Le 1000ème millesime d’un événement est toujours le moment de s’interroger sur son avenir, 21 ans l’âge adulte autrefois. J’ai atteint l’objectif que je m’étais fixé il est possible que vous ne m’entendiez plus dans les semaines à venir. Une formule plus courte, plus illustrée et plus en prise sur l’actualité apparaitra sur mon blog : blog-gesta info ou gesta over-blog .com
C’est l’occasion de vous remercier chers auditeurs pour votre écoute fidèle depuis 21 ans, de remercier aussi Radio Espérance, surtout son personnel aux petits soins dès qu’un petit problème perturbait mon enregistrement, Jean-Pierre qui m’a introduit à la Radio, Marinette puis ma fille Marie Gabrielle qui ont assuré la technique jusqu’au moment où je suis devenu autonome dans ce domaine.
et Gérard Staron vous souhaite bien plus qu’une bonne semaine !