Chronique N°990
Nous sommes en train de vivre la fin de l’été des temps de nord
Dans la chronique n°982, je vous expliquais comment ces temps de nord s’étaient installés le 11 juin avec la remontée de l’anticyclone des Açores et au moment des « quatre temps d’été » qui avaient lieu cette année les 11, 13 et 14 juin.
Dans la chronique n°987, je vous contais comment la succession de ces temps de nord était en grande partie responsable du mois de juillet pourri et de ses paroxysmes orageux avec le mécanisme suivant. L’anticyclone des Açores remonte sur l’Atlantique. Dans une première phase, il laisse encore passer les perturbations en provenance de l’Atlantique nord qui nous arrivent selon une trajectoire de nord-ouest. Dans une seconde phase, l’anticyclone continue sa remontée en latitude et fait sa jonction avec les hautes pressions des régions Arctiques. Dans ce cas, le flux descend de plein nord, mais en arrivant sur l’Europe centrale ou la Méditerranée réchauffées, il se crée des dépressions autour desquelles se régénèrent et tournoient les précipitations qui reviennent chez nous par le nord et le nord-est. Nous avions constaté que cet enchainement se produit une première fois lentement du 6 au 14 juillet. Il recommence de façon plus rapide pendant la dernière décade du mois, d’abord du 19 au 22 juillet, puis, du 24 au 26 juillet où la situation est compliquée par une goutte froide en altitude que les fortes pluies contournent le 25 et enfin une dernière fois du 28 au 30, cet enchainement se reproduit !
Pendant les deux premières décades du mois d’août, ces temps de nord ont confirmé leur présence selon une formule digne de « perseverare diabolicum » cependant on distingue quelques variantes par rapport à l’enchainement que j’ai signalé en juillet.
Dans les premiers jours d’août une suite de temps perturbés de nord-ouest puis de sud-ouest remplace celle de juillet où les temps de plein nord suivaient ceux de nord-ouest. La perturbation de nord-ouest qui approche le 1er août et aborde vraiment la France les 2 et 3 août en liaison avec une dépression sur les iles britanniques est suivie jusqu’au 9 août de remontées perturbées de sud-ouest sur la France. Ceci provoque des précipitations océaniques traditionnelles sur la moitié nord de la France, avec à l’avant des orages comme ceux des 3 et 8 août dans la région stéphanoise.
Ce changement d’enchainement des types de temps provient d’un simple décalage de trajectoire. Si la première phase de la perturbation de nord-ouest est semblable à ce qui se passe en juillet, au moment de la seconde, L’anticyclone des Açores s’éloigne en août au large de l’Océan Atlantique, la descente de nord qui se faisait en juillet sur la France s’effectue au début août sur le proche Atlantique et atteint l’Espagne. L’air remonte alors selon une direction de sud-ouest traditionnelle, franchit les Pyrénées et traverse le Bassin Aquitain et le Massif central.
Comme la France se situe alors dans le flux qui remonte, les températures sont beaucoup moins impactées qu’en juillet quand tout venait du plein nord, par contre l’été continu à être particulièrement arrosé.
La seconde variante ressemble plus à ce qui se passait en juillet. La première phase correspond encore à une perturbation de nord-ouest qui arrive le 10 août en liaison avec une dépression centrée sur l’Angleterre et traverse ensuite notre pays jusqu’aux régions Méditerranéennes jusqu’au 13 août. Elle est suivie de perturbations de plein nord en provenance directe des régions arctiques, mais ces dernières sont progressivement repoussées vers l’est par un anticyclone des Açores qui a décidé de progresser à partir de l’Atlantique vers notre pays. C’est ainsi que la ligne d’égale pression de 1015 hpa qui se situait le 13 août au niveau de Bordeaux , progresse le 14 jusqu’à l’axe Rhône-Saône, le 15 elle continue son avancée jusqu’aux Alpes françaises et suisses, le 16 elle englobe tout l’arc Alpin jusqu’à la plaine hongroise et l’Italie du nord, le 17 elle reste sur ces positions. La ligne d’égale pression des 1020 hpa suit quelques centaines de kilomètres en arrière.
La première perturbation de plein nord du 14 août bute sur ces hautes pressions et est déviée vers l’Europe centrale , la seconde celle du 17, vient s’empaler le 18 sur ces hautes pressions. Après une légère faiblesse le 19, ces dernières se reconstituent le 20.
Les conséquences pour la France sont différentes mais elles existent. Auparavant nous subissions les conséquences pluviométriques de ces temps de nord, maintenant ces dernières sont nulles ou très faibles comme les 1.3 mm que j’ai relevé pour la journée du 18 à Saint Etienne, mais par contre nous subissons les conséquences thermiques au petit matin.
La carte des températures minimales du 21 août sur la France est révélatrice d’une fraîcheur hors de saison. Outre le retour de gelées sur les Alpes en altitude et plusieurs « trois » sur le Jura ou à Reims (3.4°), de nombreuses stations n’atteignent pas 5° avec Charleville Mézières, Nevers, Chartres, Orléans, Châteaudun, Alençon. Il a même été question d’un 1° dans la Bretagne intérieure ! La plus grande partie de la France, à l’exception du Piémont Pyrénéen, du pays Toulousain et des régions au sud de la bordure orientale du Massif central de la Montagne noire au Pilat et du Jura se sont réveillées avec un thermomètre en dessous de 10°.
Si le flux de nord perturbé passe à l’est de notre pays, nous sommes toujours dans le même flux de nord mais ce dernier est à tendance anticyclonique. Ceci signifie que le ciel est dégagé. Dans ces conditions le rayonnement est maximal pendant la nuit et les températures tombent d’autant plus bas que l’origine de l’air reste septentrionale et surtout qu’à la fin du mois d’août, la durée des nuits s’allonge ce qui permet à la déperdition d’énergie de durer plus longtemps. Le cumul de ces trois éléments, vent du nord, ciel dégagé et durée plus longue des nuits explique les températures minimales très basses du 21 aôut !
Dans la journée, le problème est moins visible, même s’il faut une petite laine pour compenser le vent du nord, mais le ciel dégagé, inconvénient la nuit, permet l’avantage d’un très bon ensoleillement pendant la période diurne. Les températures remontent mais pas suffisamment pour permettre un niveau franchement estival. Ceci a une seconde conséquence, l’accumulation de chaleur assez faible au sol ne permet qu’un développement modéré des nuages de la famille des cumulus qui hantent habituellement le ciel en plein été. Naturellement ne parlons pas des orages qui sont quasiment impossibles par des conditions thermiques de ce type ! Ceci change par rapport à la première moitié du mois !
Lors de notre chronique N°982, nous avions constaté que le changement de type de temps qui avait amené ces influences de « nord » s’était produit au moment des « quatre temps d’été » nous nous interrogions pour savoir s’ils allaient tenir l’ensemble de la saison estivale ! Nous avons maintenant une grande partie de la réponse puisque la fin de mois de juin a été le début de leur influence, le mois de juillet leur paroxysme avec une suite d’orages et d’arrosages et le mois d’août leur passage progressif à une forme fraîche plus anticyclonique !
Ces temps de nord arrivés avec « les quatre temps » ont donc tenu l’essentiel de l’été. Ce n’est pas la première fois que nous constatons à leur voisinage des changements de circulation atmosphérique durables. Il en avait été ainsi pour le printemps anticyclonique et chaud que nous avons subi en mars avril, mai et le début juin et auparavant pour l’hiver océanique et tempétueux. Une autre façon de voir l’ influence des « Quatre temps » : un moment de changement climatique durable, plutôt qu’une prévision des mois à venir !
Gérard Staron vous donne rendez-vous sur Radio Espérance Samedi à 13h15 ,Bonne semaine