Chronique N°984
Nous vivons un début de mois de juillet pourri !
La répartition des précipitations est toujours aussi excentrique dans notre région. Par exemple à Montregard en haute Loire, depuis le début du mois de juillet, la pluviométrie du premier au 8 était déjà supérieure à celle des deux mois cumulés de mai et de juin alors qu’en situation normale dans notre région mai et juin sont des mois très arrosés alors que juillet marque un creux en liaison avec l’extension de la sécheresse méditerranéenne ! C’est aussi le cas au Puy-Loudes où il est tombé 101.4 mm entre le 1er et le 8 juillet alors que mai et juin cumulés ne représentaient que 85.9 mm et à quelques millimètres près à Saint Etienne.
Les températures sont, depuis le début de cette semaine, indignes d’un mois de juillet, les minimums tombent en dessous de 10° sur l’ensemble des massifs montagneux et même parfois à basse altitude comme le 8 juillet à Alençon et les maximums dépassent de peu ce seuil avec 12.7° toujours le 8 au Puy Loudes ou 14.6° à Langres. Ces températures très basses sont le résultat d’une dégradation commencé à la fin du mois précédent avec un décrochage le 29 juin puis ensuite après le 4 juillet. La carte des températures en France confirme autant pour les minimums que les maximums !
Il est curieux de constater qu’au même moment la banquise de l’Arctique qui connaissait une fonte très rapide qui la plaçait dans les années à l’extension la plus faible et approche du moment où sa superficie sera la plus réduite en septembre a infléchit son évolution avec une légère reprise provisoire le 2 juillet.
Presque au même moment la banquise de l’autre hémisphère, l’antarctique celui du sud, qui avait une extension record depuis plusieurs mois et approche de sa saison de plus forte superficie qu’elle connaitra elle aussi en septembre a connu le 4 juillet presque au même moment un arrêt dans la progression de son extension.
Ce décrochage des températures n’est pas le premier que nous signalions puisque dans la chronique 982, nous mentionnions que juin avait dérivé à partir du 11 juin après la vague de chaleur de Pentecôte. Les températures avaient alors baissé nettement et n’ont jamais retrouvé le niveau antérieur, et au début de ce mois elles connaissent une nouvelle baisse, or à quelques jours près, au même moment la banquise de l’Arctique avait elle aussi connu une première petite reprise de sa superficie le 14 juin qui avait interrompu provisoirement la fonte rapide déjà en cours.
Le question que pose l’évolution de ces derniers jours est claire. Est-il possible d’associer l’arrivée d’un été pourri chez nous avec une augmentation provisoire de la superficie de la banquise Arctique ?
Il est difficile de tirer d’un cas pertinent des conclusions plus générales, même si ce n’est pas le premier que je vous soumets et il convient d’être très prudent dans l’interprétation des évolutions climatiques à des latitudes différentes
La seule corrélation possible est de constater qu’aux deux moments que je viens de signaler, ce sont des descentes de nord en provenance des hautes latitudes arctiques qui correspondent chez nous aux baisses de températures et à la reprise de l’activité pluvieuse et orageuse.
Dans la chronique N°982, je signalais que le temps avait dérivé chez nous à partir du 11 juin avec une inversion complète des flux atmosphériques qui arrivaient. Auparavant des flux de sud avaient provoqué une première bouffée de chaleur et ensuite des flux de nord contournant par l’est un anticyclone centré de l’Atlantique aux Iles britanniques arrivait jusqu’à nous. En raison de l’origine septentrionale de l’air, les températures avaient baissé.
Pendant toute cette période de juin, la proximité de l’anticyclone repousse les perturbations de nord sur l’Allemagne et nous n’avions qu’une forme édulcoré de la descente froide repoussée en partie par les hautes pressions ce qui permet à un ensoleillement abondant et efficace en cette saison de compenser la froidure de l’origine de l’air.
Depuis les orages du 28 juin , puis leur répétition au début du mois de juillet , l’anticyclone un peu plus éloigné sur l’Atlantique permet aux descentes de nord perturbées d’aborder de face l’est de la France et d’y rencontrer l’air chaud qui s’y était préalablement installé sur une ligne qui traverse la France des Pyrénées à l’Alsace en passant par le massif central.
Sur ce lieu d’affrontement air froid et air chaud, se cristallise les orages et les fortes précipitations, ceux du 28 mai avec plus de 40 mm dans les Monts de tarare , ceux du 1er juillet avec 43 mm à Aubenas et 21 mm à Ambérieu, ceux du 2 avec 24 mm à Montauban et 26 mm à Grenoble Saint Geoirs, ceux du 4 avec 44 mm à Aurillac, ceux du 6 avec, plus de 30 mm à Saint-Etienne plus de 40 mm à Paray le Monial et 50 mm au Puy et ainsi de suite !!!
Après l’affrontement, une fois la ligne de défense de l’air chaud enfoncée et repoussée en région méditerranéenne l’air froid qui se situe en arrière a pu progresser avec des températures d’autant plus indignes de juillet qu’une forte couverture nuageuse limite l’action du soleil à quelques rares apparitions ! Il est alors impossible à l’astre de compenser suffisamment les effets de l’origine de l’air.
Il est sûr que l’air qui est arrivé jusqu’à nous provient des régions arctiques. L’analyse des cartes météorologiques est sans contestation possible. Entre l’anticyclone des Açores monté au large de l’Atlantique et celui du nord de la Russie, se trouve le 7 juillet un immense couloir de dépressions qui permet à l’air du Groenland de descendre jusqu’à nous. Une première dépression se situe au nord de l’Ecosse, elle connait une excroissance sur le détroit du Pas de calais et enfin quand l’air froid arrive en Méditerranée, il se forme la célèbre dépression du golfe de Gènes. Même si l’air arctique se réchauffe au cours de son voyage, il part de 6-7° au nord de l’Islande, on le trouve entre 13 et 16° au passage des Iles britanniques et vers 18° à l’arrivée sur les Côtes de la Manche pour le maximum en plaine.
Il est sûr aussi que deux fois à quasiment un mois d’intervalle une augmentation provisoire de la banquise arctique en période de fusion, soit à contresens de l’évolution normale de saison, s’est produite alors que des descentes d’air en provenance de la même région arctique sont arrivé jusqu’à la France dans un couloir méridien.
Ceci ne veut pas dire que l’on peut établir une corrélation entre les deux phénomènes.
Il en est de même de la contradiction des comportements des deux banquises des deux extrémités de la terre déjà signalée dans cette chronique au même moment. L’opposition se situe à deux niveaux :
-- l’un connu, celle de l’Arctique approche de son minimum annuel d’extension après une longue fusion depuis le maximum de mars, celle de l’antarctique approche de son maximum annuel après plusieurs mois d’augmentation de sa superficie.
-- Le second niveau est plus surprenant, les années où la banquise arctique est au plus bas comme 2007 2011 ou 2012, celle de l’antractique est au plus haut et dépasse 16 millions de Km2 au moment de son maximum de septembre. De même la tendance du rétrécissement de la banquise arctique avec des superficies très faibles au moment de son minimum de l’été s’oppose à une tendance inverse de la banquise antactique qui a souvent une extension record depuis 1979, ces dernières années au même moment.
La climatologie présente beaucoup de mystères ou des domaines encore peu étudiés quand on essaie de comparer les phénomènes qui se produisent aux différentes latitudes.
Gérard Staron vous donne rendez vous samedi prochain …. Bonne semaine….