Chronique N°982
Après la bouffée de chaleur de Pentecôte, et les orages qui l’on suivi, juin a dérivé vers d’autres ciels qui ont mis fin à un printemps aux températures élevées.
Le temps a changé de façon durable à partir du 11 juin et à la fin de ce mois nous sommes toujours sous l’influence de cette modification !
Il s’est produit alors une inversion des centres d’action qui nous concernaient. Auparavant un anticyclone tenace au sol sur l’Europe centrale et balkanique derrière les Alpes et en altitude avec une excroissance en provenance de la Méditerranée barrait la route à la progression des perturbations océaniques envoyées par une dépression centrée sur l’atlantique nord et provoquait une bouffée de chaleur avec un violent flux de sud remontant du Maghreb. Les températures ont atteint entre 35 et 37° de la France à l’Allemagne. Cette vague de chaleur a été le point d’orgue final d’un printemps particulièrement chaud et sec.
Le 11 juin, la situation s’inverse durablement. l’anticyclone qui était à l’est de l’Europe disparait, il est remplacé à l’ouest sur l’Atlantique.
En effet le 11 juin, l’anticyclone des Açores remonte jusqu’à la Manche avant de s’installer sur les Iles britanniques. En se plaçant sur l’Irlande puis au large de cette dernière sur l’Atlantique, puis en revenant sur l’Irlande avant de s’éloigner vers la Norvège, la route des perturbations océanique est coupée. Depuis plus de deux semaines, les flux atmosphériques sont inversés par rapport à la période antérieure avec une provenance du nord ou du nord-est. En effet l’air doit contourner la masse des hautes pressions sur son flanc oriental avant de nous parvenir et de ce fait cet air provient du nord et du nord-est.
Selon la plus ou moins grande proximité des hautes pressions, ces flux de nord sont perturbés avec des précipitations qui prennent un caractère orageux en arrivant dans des zones aux latitudes plus basses à l’air plus chaud, ou sont plus anticycloniques avec un air plus sec et dans ce cas les perturbations sont repoussées plus à l’est sur l’Allemagne et l’Europe centrale.
Quand ces perturbations traversent la France, leurs précipitations sont le plus souvent maximales sur un axe du sud-ouest au nord –est du pays en descendant en latitude . Par exemple lors du dernier épisode qui commence le 22 juin. Les premiers gros orages ont lieu sur le Limousin en particulier à Brives la Gaillarde et Gourdon avec plus de 30 mm . Le lendemain ils glissent sur une ligne des Pyrénées au Jura et le surlendemain le long de la Méditerranée des Pyrénées à la Cote d’azur en passant par le Languedoc.
Lors du passage de ces perturbations il se produit un contraste entre la faiblesse de l’humidité de l’air qui arrive du nord et des conditions de chaleur de la saison qui activent au fil des heures l’instabilité de l’atmosphère. Il en résulte un rythme diurne qui commence le matin par un ensoleillement important. Le ciel dégagé se charge peu à peu de nuages au fil des heures au fur et à mesure que la température de la journée monte. Une couche d’air chaud s’installe puis enfle au sol jusqu’au moment où suffisamment développée en altitude les orages peuvent se déclencher !
A cette période de l’année quand ce type de flux en provenance des hautes latitudes s’installe , les températures sont le résultat d’un affrontement entre l’origine de l’air qui pousse le thermomètre vers le bas et l’ensoleillement qui agit de façon inverse au moment de l’année où son efficacité est la plus grande avec la durée la plus longue des jours et l’angle d’arrivée des rayons du soleil les plus élevés au-dessus de l’horizon. Quand le temps est à dominante anticyclonique, le soleil plus efficace arrive à maintenir le thermomètre à des niveaux convenables pour la saison, par contre quand le temps perturbé maintient une couverture nuageuse substantielle, la déperdition thermique est plus marquée avec des températures plus basses.
Dans nos régions de l’est de la France, ces flux septentrionaux sont le plus souvent accélérés quand ils descendent vers la Méditerranée. En effet l’arrivée de l’air froid sur une mer chaude provoque la création d’une dépression qui s’installe habituellement sur le golfe de Gènes. Cette dernière attire cet air septentrional et provoque un gigantesque couloir nord-sud. En plus en dévalant des reliefs du Massif central avec la burle ou en étant enserrée dans le couloir du Rhône et son acolyte le mistral, l’accélération de l’air augmente encore ainsi que la vitesse associée des vents.
Ce type de flux de nord pendant le mois de juin présente deux types d’anomalies !
D’abord le mois de juin est l’un de ceux où les flux de nord sont les moins nombreux de l’année. Ces derniers sont particulièrement répétitifs au printemps en particulier en avril mais aussi à l’automne avec novembre. Entre ces saisons intermédiaires, ces descentes de nord présentent une fréquence bien plus faible et limitée à quelques journées assez rares !
Ensuite cette année l’installation de ces courants de nord a correspondu avec les « quatre temps d’été » qui avaient lieu les 11 juin , jour de la remontée de l’anticyclone des Açores sur l’Atlantique, puis les 13 et 14 juin avec la première descente franche de nord en provenance directe de l’Arctique par la Scandinavie jusqu’au golfe de Gènes avec une perturbation qui traverse la France de l’est mais aussi l’Allemagne et la Suisse.
Le trimestre précédent nous avions déjà signalé au début de mars la coïncidence du changement de temps avec la semaine à proximité des « quatre temps de printemps » après la dernière grosse tempête océanique et une transformation radicale avec l’arrivée d’anticyclones très tenaces. Cette situation a quasiment tenu trois mois puisque nous sommes passés de trois mois d’hiver à forte dominante océanique marqué par une multitude de tempêtes et de perturbations d’ouest à des mois de printemps marqués par la chaleur, l’ensoleillement et la sécheresse sous des hautes pressions dominantes
Dans le passé nous avons signalé à plusieurs reprises la concordance des « quatre temps d’automne » à proximité de la Saint-Mathieu avec le début de la saison des grosses pluies Méditerranéennes qui commencent souvent vers le 21 septembre
Selon les « savoirs populaires », en particulier dans les milieux agricoles, Les « quatre temps » sont souvent présentés comme pouvant donner une orientation du temps susceptible de se produire dans les trois mois suivants. Les météorologues n’accordent le plus souvent aucune valeur à ces assertions, pourtant sans présenter le caractère rigide que certains accordent à ces quatre temps, une fois de plus on peut constater que s’est produit au moment de leur date un changement de tendance qui semble être durable. En effet après trois mois de tempêtes et perturbations océaniques, trois de temps anticycloniques avec une dominante de temps ensoleillés depuis mars, sommes-nous entrés depuis le 11 juin dans un autre trimestre marqué par des flux de nord avec des températures modérées ou basses pour la saison ?
Il est bien trop tôt et surtout très inconvenant selon les règles météorologiques de répondre à cette question, mais même quand le temps évolue, comme cette semaine , Quand l’anticyclone présent depuis le 11 juin se retire en direction de la Scandinavie, le flux de nord dominant continue sous la forme d’une perturbation de nord-ouest !
La météorologie et la climatologie présentent encore bien des mystères dès que l’on analyse les phénomènes à l’échelle de la saison !
Gérard Staron vous donne rendez-vous samedi prochain sur les ondes de Radio espérance ….
Bonne semaine