Chronique N°938
Notre été semblant être passé de la fureur chaude puis orageuse à la douceur modérée, C’est peut être l’occasion de vous faire part d’observations au niveau de la superficie des banquises estivales qui peuvent paraitre curieuses.
Nous approchons du minimum d’extension des surfaces englacées dans l’Arctique et du maximum dans l’Antactique qui interviendront environ dans un mois dans la seconde partie du mois de septembre. Cette situation provient de l’inversion des saisons entre les deux hémisphères de notre planète, celui du nord approche de la fin de sa saison chaude ce qui a entrainé logiquement un baisse de la superficie des glaces par fusion depuis son maximum de mars. Au contraire l’autre extrémité de la terre, à sa pointe sud, approche du maximum de sa saison froide et les surfaces englacées ont cru autour du continent de l’Antactique depuis leur point le plus bas atteint là aussi pendant le mois de mars.
Ces derniers jours, les évolutions logiques de fusion de la banquise de l’arctique et de grossissement de l’autre côté de la terre ont été curieusement perturbés de façon conjointe.
Autour du Pôle nord, la baisse de la superficie des surfaces englacées marines a été brutalement stoppée entre le 24 juillet et le 2 août par une petite reprise de l’englacement passé de 4.86 à 4.87 millions de km2. Ensuite le rétrécissement par fusion a repris au même rythme qu’avant ce changement et au 10 août, cette superficie est tombée à 4.35 millions de Km2 perdant un demi-million en une semaine.
Au même moment à l’extrémité méridionale de la planète, l’englacement autour de l’Antactique connait une accélération rapide entre le 24 juillet et le 1er août en gagnant plus de 0.6 millions de km2 de 14.5 M Km2 à 15,15 MKm2. Il convient de signaler que cette dernière valeur constitue un record d’extension des glaces de l’hémisphère sud à cette date depuis 1979 où les satellites suivent régulièrement leur extension. Depuis le début du mois la banquise australe a connu une baisse à contresens de l’évolution normale jusqu’au 6 août en tombant légèrement en dessous des 15 millions de Km2, avant de repartir à la hausse avec environ 15.3 millions de Km2 vers le 10 août.
Cette évolution conjointe à contresens de la normalité inverse des saisons des deux hémisphères doit être mise en relation avec une autre observation que nous avions faite lors de la chronique N° 895 de l’an dernier. Nous avions en effet constaté en septembre 2012 deux records inverses. La banquise arctique venait de connaitre son plus faible minimum d’extension estivale depuis 1979 avec 2.2 M Km2 devant 2011 et 2007 (2.9 MKm2). En sens inverse celle de l’Antactique venait d’observer son record d’extension. 2012 et 2007 étant les deux seules années à avoir dépassé nettement les 16 millions de Km2 de superficie annuelle depuis 1979 alors que 2006 et 2000 effleuraient à peine ce niveau.
D’une façon générale, l’évolution contraire des banquises arctiques et antactiques est une tendance lourde qui se pérennise d’années en années, celle de l’hémisphère nord est toujours en-dessous de son extension moyenne depuis 2006, alors que celle du sud la dépasse régulièrement et de façon continue depuis 2012 ! Cette contradiction étant bien plus visible à cette période de l’année vers août et septembre qu’à celle inverse de février et mars. En effet vers la fin de notre été boréal, si les extensions minimales les plus faibles en Arctique correspondent bien aux maximums les plus élevés de l’Antarctique depuis quelques années, à la fin de notre hiver boréal les minimums les plus élevés en Antarctique ne correspondent pas toujours avec les maximums les plus bas en Arctique. Les années sont différentes. L’antarctique ayant eu ses minimums les plus élevés depuis 1979 en 2013, 2003 et 2001alors que l’arctique a connu ses maximums le plus bas en 2011, 2007 et 2006.
L’intéressant dans ces évolutions est qu’à deux échelles différentes, celle de quelques jours signalée au début et celle plus lourde sur une durée pluri-annuelle, les banquises opposées des deux hémisphères ont connu des incidents d’évolution à contresens soit de leur évolution saisonnière au passage de juillet à août 2013, soit de leur évolution annuelle de façon plus durable.
Comment expliquer ces évolutions sans dessus dessous ?
J’avoue être incapable de présenter une hypothèse argumentée, par contre la logique conteste clairement la théorie classique liant cette évolution au réchauffement de la planète.
D’abord les incidents de ces quinze derniers jours , d’augmentation des banquises fin juillet puis de baisse en août avant la reprise d’évolution normale, sont trop brutaux pour pouvoir être imputés aux rejets de gaz à effet de serre par les activités humaines. Ces derniers sont des phénomènes très lents alors que nous avons connu des pulsions sur quelques jours.
Ensuite, Le rétrécissement de la banquise arctique, certains prédisent même sa disparition proche, est traditionnellement expliqué par le réchauffement de la planète accompagné d’une très forte hausse des températures au niveau des pôles, le renforcement de celle australe étant lié à l’affaiblissement du froid extrème de ces régions qui permet l’arrivée de perturbations apportant des précipitations solides plus importantes.
La logique aussi semble contredire. Alors que tout est expliqué par les rejets de gaz à effet de serre des activités humaines comment comprendre que cette contradiction s’effectue au moment de l’année où elles sont les plus faibles. Ne pas oublier que l’hiver boréal avec la concentration de l’essentiel de la population du globe sur l’hémisphère nord émet beaucoup plus de gaz à effet de serre que l’hiver austral, que ce soit pour le chauffage, ou pour les aspects saisonniers de la production economique ! Au niveau de l’Arctique comment expliquer qu’un phénomène surtout sensible en hiver donne des effets surtout en été ?
L’évolution des banquises ne manque pas de mystères !
Reste deux petites questions à analyser !
Nous sommes à environ un mois du minimum d’extension de la banquise arctique, quel sera son état à ce moment-là ? Les voies maritime le long des côtes de la Sibérie ou du Canada seront-elles dégagées comme en 2012, 2011 et 2007 ?
Actuellement la glace marine est encore solidement arrimée à la Sibérie au niveau des terres du nord de la Severnaia Zembla et de façon plus fragile en Sibérie orientale
Du côté américain, il en est de même entre le Continent et les Iles du Grand Nord canadien. Aucune des deux voies maritimes ne donne pour l’instant l’impression de vouloir s’ouvrir dans le mois qui vient.
Ces variations de la superficie de la banquise sur quelques jours fin juillet et début août ont-elles eu des effets sur notre climat ?
La recrudescence provisoire des glaces de l’arctique à la fin de juillet a été suivie chez nous par la vague d’orage qui a mis progressivement fin à l’anticyclone qui avait progressé pendant le mois sur l’Europe et installé les fortes températures. Si, les plus fortes températures ont eu lieu juste avant, si les premiers orages, ceux du mardi 23 juillet sont concomitants au début de l’arrêt de la fusion de la banquise, ensuite il a fallu bien plus longtemps aux vagues orageuses successives pour mettre fin à la chaleur. La fusion de la banquise avait repris quand le rafraichissement est arrivé chez nous. Est-ce suffisant pour conclure !
Gérard Staron vous donne rendez-vous samedi prochain sur Radio Espérance, bonne semaine