Chronique N°903
Depuis le début de la semaine, nous sommes dans ce que l’on nomme un redoux, pourtant nous n’avons pas l’impression que l’hiver nous a quitté et les flocons restent très présents.
Voyons plutôt
Lundi matin alors que le redoux a atteint les côtes de de la Bretagne au Pays basque avec des minimums supérieurs à 10°, l’est du pays connait encore des gelées parfois sévères -7.4 à Grenoble-Saint-Geoirs au-delà d’une ligne du Nord, à l’agglomération parisienne, au Massif central qui englobe ensuite les Alpes. La vallée du Rhône est concernée au nord de Valence.
Dans la journée, les températures nettement positives, plus de 10° sur les zones de plaines, s’étendent à l’ensemble du pays. La journée ne reste sans dégel que sur les secteurs d’altitude des Alpes et du Jura.
Mardi est la seule journée où il ne gèle pas le matin sur la plus grande partie du pays, à l’exception des reliefs et de Charleville Mézières. le positif est cependant bien médiocre dans les dépressions de l’est du pays
Dans la journée, le redoux plafonne, de nombreux maximums sont déjà en net recul par rapport à la veille et les premiers signes d’un retour de l’hiver reviennent
Cette impression se confirme mercredi, les gelées reviennent sur l’ensemble des montagnes de l’est : Vosges, Jura, Massif central et surtout Alpes. Les minimums sont ailleurs inférieurs à 2° à l’exception des côtes atlantiques et méditerranéennes qui gardent entre 5 et 7°
Enfin jeudi, les gelées ont repris possession de l’ensemble du pays à l’exception des secteurs littoraux ou de zones comprises entre 0 et 1 comme dans l’axe Rhône Saône. Elles sont parfois sévères en plaines avec -4.1° à Romorantin.
Le redoux est terminé même s’il effectue une tentative ultime de quelques heures vendredi: L'événement du jour! pluie et douceur à Saint Etienne,froid et neige à Lyon . Les températures sont à nouveau aspirées vers les gelées de plus en plus fortes et durables !
Ce redoux s’est accompagné de fortes précipitations qui ont traversé la France. Elles ont commencé dimanche sur la côte Atlantique, Elles ont connu leur paroxysme lundi du limousin, au Morvan et au Jura. Sur la face occidentale de ces 3 massifs, les cumuls sont importants, 24.4 mm à Limoges pour le premier, 28.8 à Paray le Monial et 29.3 mm à Nevers pour le second et enfin 25.4 à Besançon pour le 3ème. Le lendemain les fortes précipitations continuent de s’attarder sur le Jura ou il s’ajoute 5 mm à Besançon et bien plus sur les sommets. Des chutes de pluie ou de neige de moindre importance se sont produites un peu partout sur le pays ensuite. Les Pyrénées Atlantiques ont aussi été arrosées.
La conjonction des fortes précipitations et du redoux thermique avec des niveaux proches de zéro dans l’est de la France ont provoqué un cocktail hydrologique.
En altitude, tout est tombé sous forme de neige et le manteau arrivé dans les derniers jours de novembre se renforce de jours en jours au-dessus d’un niveau de l’ordre de 1000 m.
Dans les Alpes, l’épaisseur nivale est passée de 1.05 à 1.91 m à Santis à 2500 m ou de 24 à 43 cm à Arosa à 1840 m d’altitude entre le 1er et le 6 décembre.
En-dessous du seuil de 1000 m, le manteau antérieur a fondu au moment du redoux, mais il s’est reconstitué sur la fin quand la température est à nouveau descendue. A la Chaux-de- fonds sur le Jura l’épaisseur primitive de 30 cm choit à moins de 20 puis remonte à 45 cm.
Le même phénomène a été observé sur le versant nord du Pilat, la grosse chute du 29, novembre avait fait descendre la neige entre 500 et 600 m d’altitude. Lors du redoux, l’altitude de base du manteau remonte au-dessus de 800 m puis descend plus bas qu’avant lors des dernières giboulées. Au-dessus de 1000m , il était déjà tombé le 29 une bonne couche , 49 cm à Tarentaise à 1150 m, cette dernière a continué ensuite de recevoir des renforts. Parmi les secteurs très affectés par cette couche de neige entre le massif du Pilat et celui du Mézenc, de nombreux secteurs sont encore difficilement accessibles !
Cette évolution de l’enneigement combinée à l’écoulement des précipitations tombées sous forme de pluie dans les zones les plus basses a provoqué la montée des cours d’eaux là où les deux phénomènes se sont au mieux combinés soit une fois de plus le bassin de la Saône.
La rivière principale et surtout ses affluents avaient déjà connu une première crue que nous relations la semaine dernière. les niveaux avaient baissé. Cette combinaison de fusion nivale a fait repartir les crues à un niveau très proche de celui de la première crue. Par exemple le Doubs est remonté ce jeudi à 4.61 m à Besançon alors que nous l’avions laissé à 5.06 m dans notre précédente chronique. La Loue est déjà montée plus haut. La Saône à Verdun sur le Doubs a atteint 4.80 m contre 4.58 m de maximum la semaine dernière. Ce Yoyo des rivières n’est probablement pas terminé ! Sur la Saône la crue a été plus forte que celle de la semaine dernière avec des précipitations bien plus faibles compensées par une fusion nivale et un écoulement très élevé sur des sols gelés ! Ceci est susceptible de se reproduire !
Nous avons connu un redoux océanique avec l’arrivée d’une multitude de perturbations en provenance de l’océan et ces derniers sont souvent trompeurs.
Au moment où le redoux se met en place, la précipitation arrive au même moment que la remontée des températures, ceci peut donner un dosage neige, verglas et pluie dangereux.
Au cœur du redoux, la hausse des températures et le passage à la pluie sont susceptible de doper l’écoulement et de faciliter la montée des rivières, même s’il y a eu des déperditions dans l’exemple de la Saône !
Surtout ces redoux sont souvent timides. Leur ampleur incomplète ignore les régions d’altitude et continentales. Celui de lundi est venu buter sur les reliefs de l’est de la France et a peu intéressé les secteurs au-dessus de 1000 m d’altitude. Dans ces régions les conditions sont dantesques, plus difficiles au moment du redoux qu’avant ou après ! Ne pas oublier qu’il s’agit d’un air en provenance des hautes latitudes qui a subi un adoucissement au moment de son trajet sur l’océan, il arrive sur les côtes avec des niveaux de l’ordre de 6 à 10° insuffisants pour chasser rapidement l’air froid toujours tenace et accrocheur.
Ces redoux sont aussi peu durables et l’air froid reprend très vite le dessus pour imposer des conditions thermiques plus sévères.
Les perturbations connaissent toujours le passage successif de fronts chauds et froids. Au passage du premier les températures montent, puis elles baissent après le second. La phase intéressante du redoux entre les deux est donc souvent très courte : quelques heures hier vendredi.
Surtout dans une famille de perturbations, la première provient souvent de l’ouest , puis on passe à celles de nord-ouest et enfin à celles de nord. Ceci s’est produit cette semaine. En fonction de cette trajectoire l’air est plus ou moins doux et il devrait être inutile de vous préciser que celui qui vient de l’ouest est plus doux que celui de nord-ouest après, lui-même, moins froid que celui de nord qui termine.
Pour toutes ces raisons, les périodes de redoux après un épisode hivernal marqué avec froid et neige sont toujours des périodes où la prévision du temps est difficile et où la gestion de la situation météorologique est délicate pour les activités humaines. Le problème est accru dans l’est de la France et ses montagnes où ces redoux entrent en contact avec un air froid résistant et n’ont pas la force de le chasser !
Gérard Staron vous donne rendez-vous samedi prochain sur les ondes de Radio Espérance, bon anniversaire à la radio et bonne semaine à vous tous……..