Chronique N°889
La fin d’un été, ce pourrait être une banalité, s’il n’y avait une correspondance entre la fin des vacances, la fin météorologique de la saison puisque contrairement à la limite cosmique qui la prolonge jusqu’à l’équinoxe le passage de témoin entre l’été et l’automne s’effectue selon les normes au 1er septembre et enfin avec la fin du temps estival beau et chaud que vous avez tous constaté.
Cette année, le beau temps estival a été très lent à se mettre en place. Juillet a été longtemps qualifié de « pourri », surtout dans la moitié nord de la France en raison de la présence pressante des perturbations en provenance des hautes latitudes. Peu à peu les incursions répétées des anticyclones méditerranéens ont changé la donne et le beau temps chaud et sec est apparu avec une insistance de plus en plus grande. Le paroxysme a correspondu avec la vague de chaleur commencée le 17 août et terminée entre le 20 et le 23 août selon les régions.
Samedi dernier, je vous expliquais comment la vague de chaleur s’est détruite elle-même par une série d’orages. Cette semaine, les perturbations en provenance des hautes latitudes ont pris le relais, les épisodes pluvio-orageux se succèdent en déposant des précipitations substantielles. Les températures maximales sont restées supérieures à 25° en plaine ou dépression jusqu’à mercredi avant de connaitre un décrochage sensible entre jeudi et samedi baisse qui a toutes les raisons de rester sensible pendant le début de septembre.
Notre région dans l’est du Massif central a été au centre de l’affrontement depuis la fin de la vague de chaleur entre les perturbations en provenance des hautes latitudes qui poussent à partir du nord et les anticyclones méditerranéens qui résistent au sud. Le résultat s’est accompagné de très grosses précipitations orageuses, en effet le contraste thermique s’accentue quand l’air froid en provenance du nord entre en contact avec la chaleur des zones affectées antérieurement par les hautes températures. Les phénomènes orageux prennent toute leur importance en fin de journée quand ce contraste est à son comble après l’action de l’ensoleillement diurne. Il en résulte deux épisodes majeurs.
La première ligne d’affrontement des 23 et 24 s’étend du nord du Massif central à celui du Jura . Il ne s’agit pas des massifs proprement dits mais des zones situées en avant, au nord de ces derniers. Les fortes précipitations commencent sur l’Allier, continuent sur la Saône et Loire avec 55 mm à Saint yan Paray le Monial en 6 heures en soirée. Elles passent ensuite le lendemain au pied du Jura selon une ligne Besançon avec 26.6 mm, Belfort avec plus de 40 mm et Bâle Mulhouse avec 33.7 mm.
Après un intermède, La seconde ligne d’orages se déplace plus au sud, à une distance d’une centaine de kilomètres environ, gagnée sur l’influence de la chaleur des anticyclones méditerranéens. La ligne du Velay au Forez et au Lyonnais, reçoit l’essentiel des pluies orageuses. Il s’agit de l’orage du versant nord du Pilat qui termine sa vie sur Lyon le 25 avec 22.3 mm à Bron. Puis arrive le combat final. Il commence avec la perturbation de mardi matin 28 qui dépose l’essentiel de ses pluies des régions méditerranéennes à l’est du Massif central avec 16.2 mm au Puy en Velay. Il continue par les lignes orageuses multiples du mercredi 29 qui déposent 40 mm à la station d’Andrézieux et 19 mm à celle de Montregard.
Alors que jeudi, il restait 2 jours à comptabiliser pour le total d’août 2012 et que de nouvelles cellules pluvio-orageuses arrivent en rang sérrés du nord, le mois d’août 2012 est déjà très arrosés avec plus de 100 mm, selon une ligne qui s’étire du Velay, avec 106 mm au Puy Loudes, au Forez avec 123 mm à Andrézieux Bouthéon, au Charollais avec 131 mm à Paray le Monial et 108 mm à Macon . Enfin on trouve au pied du Jura 115.7 mm à Lons le Saulnier, 100mm à Besançon et 124 mm à Belfort et même 139.5 mm à Curtafond.
Dans la région stéphanoise, ces pluies de fin de mois placent août 2012 parmi les mois les plus arrosés depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Ma station de Saint Etienne 500 m a déjà battu son record de la plus forte pluviométrie d’août depuis 2005 ( 142 mm au final contre 123 mm en 2007). Avec 123mm pour 29 jours sur 31 à Andrézieux, août 2012 vient déjà en 9 ème position depuis 1946, après 2004 187 mm, 1982 186 mm, 1963 164 mm et 1977 136 mm. Le mois fini est le 7ème plus arrosé avec 127.5 mm et termine à 0.5 mm de la 5ème place. Au passage le cumul de janvier à août de 2012 à la même station est le 10 ème depuis 1946 avec 559.9 mm. Les 8 premiers mois de 1951 avec 680 mm ne perdront pas leur total janvier août le plus élevé !
Ces fortes pluies de la fin du mois ont provoqué quelques montées non négligeables des cours d’eaux secondaires, car les grands fleuves comme la Loire n’ont pas bougé
Dans le Charollais, la Bourdince affectée par le fort orage du 23 à Paray le Monial est montée à proximité de la cote 1 m dans la nuit du 23 au 24. Les autres rivières du secteur, l’Arconce, le Sornin, la Besbre ont peu réagi.
Sur le versant nord du Pilat, le Furan présente les réactions les plus fortes en liaison avec les orages du 23, du 25 et du 30. La cote de 1.7 m a été atteinte. La montée du Gier à Rive de Gier comme Givors est modeste (0.91 m le 30). Les rivières du versant sud, Semène, Dunières, ont peu réagi. Au nord la Coise est monté à 0.88 m à l’entrée dans la plaine du Forez.
Après les précipitations, des deux passages orageux, celui du 23 et 24 , puis ceux des derniers jours du mois, des baisses de températures ont été provoquées chaque fois dans les jours suivants, en liaison avec une invasion d’air froid.
La première s’est manifestée par des minimums très bas le dimanche 26 et le lundi 27 août.
Il fait respectivement 8.3° et 4.3° au Puy Loudes, mais aussi le lundi 4.7° à Gouzon, 8° à Vichy, 8.2° à Saint Yan.
Les maximums ne baissent que deux journées avec des valeurs proches de 20°, un peu au-dessus dans les dépressions et en dessous sur les reliefs. Le retour des anticyclones dans la journée de lundi permet à la chaleur de rétablir les maximums avec 29.5° à Clermont Ferrand, 26.6° au Puy Loudes et plus de 30° en vallée du Rhône.
La deuxième offensive orageuse est elle aussi suivie d’une baisse des températures, cette dernière est bien plus forte que la précédente, vous l’avez déjà constaté. Elle sera aussi bien plus durable dans les premiers jours de septembre.
Comme vous l’avez observé, il a fallu plus d’une grosse semaine pour passer de la plus forte vague de chaleur de l’année au début de l’automne ressenti. Les coups de boutoirs des perturbations descendant des hautes latitudes ont dû être multiples pour faire reculer très lentement, les anticyclones méditerranéens. Chaque pulsion pluvio-orageuse a gagné quelques kilomètres et fait baisser d’autant les températures. Entre les deux vagues d’assaut de l’air froid, les anticyclones méditerranéens ont tenté de se reconstituer et ont utilisé leur atout, l’ensoleillement, pour rétablir des températures maximales élevées. Notre région a été au centre du combat. L’air frais perturbé avait déjà conquis le nord du pays depuis la semaine dernière, la chaleur des anticyclones restait encore dans le midi méditerranéen et en vallée du Rhône. Les derniers arpents de terre à conquérir se trouvaient donc chez nous en région centre-est. Ils ont été âprement disputés, le froid a gagné contre la chaleur.
Condoléances pour l’été chaud et sec décédé !
Gérard Staron vous donne rendez-vous la semaine prochaine sur Radio Espérance , Bonne semaine