Chronique N°766: La baisse des températures
Depuis quelques années, à échéances régulières, j’analyse dans cette chronique l’évolution des moyennes des températures coulissantes sur 12 mois. Plus que la moyenne sur l’année civile classique, ce calcul permet une analyse plus fine des variations des températures, sans que la donnée soit faussée par les variations saisonnières puisque cette moyenne coulissante contient chacun des mois de l’année avec un décalage d’une unité chaque fois.
L’étude a été effectuée jusqu’à fin décembre 2009, ce qui ne prend pas en compte les températures très basses du mois de janvier 2010, dont toutes les moyennes ne me sont pas encore parvenues. Un panel de stations françaises, Saint Etienne, Laval, Lille, Nice, le Mont Aigoual, etc. et de pays voisins Frankfort, Aix la Chapelle et Santander a été retenu depuis le maximum de chaleur qu’elles ont toutes connu au printemps 2007.
Après un été et un automne 2006 très chaud et un début 2007 tout aussi doux, tous les postes ont subi un maximum de températures entre avril et juin 2007, le plus souvent en mai, à l’exception du Mont Aigoual en avril et de Santander et Frankfort en juin.
Je vous ai déjà précisé que, depuis cette date, la chute a été très forte, une première fois jusqu’en avril 2008, ensuite, après un pallier pendant l’été et l’automne 2008, la baisse reprend pour connaître un minimum de températures en février 2009 ou en mars 2009 pour la station d’Aix-La-Chapelle.
A la fin de l’hiver 2008-2009, les températures de la série mars 2008- février 2009 ont chu de façon spectaculaire par rapport à celles du maximum juin 2006–Avril 2007. L’écart est partout supérieur à -2° à l’exception de la station de Nice où la différence n’est que de -1,5°.
La baisse atteint -3° dans les stations d’altitude du nord du Massif central, Montregard comme Pierre-sur-Haute. Elle est presque aussi importante pour les deux stations allemandes Frankfort et Aix La Chapelle avec -2,9°. Saint-Etienne, le Mont Aigoual et Lille ont descendu de -2,6°. La chute est un peu plus faible dans les régions océaniques à Laval -2,4° et Santander -2,3°.
D’une façon générale la baisse jusqu’en février 2009 a été plus forte dans les régions d’altitude que dans celles de plaines (-0,4° d’écart entre Pierre sur Haute ou Montregard et Saint Etienne) et dans celles septentrionales par rapport à celles du sud dans les régions océaniques (-0,3° d’écart entre Lille et Santander) comme dans celles continentales (-0,3° d’écart entre Saint Etienne et les Allemandes.
Pendant le reste de l’année 2009, la tendance est à une remontée générale des températures jusqu’en décembre. Le phénomène est régulier et général à l’exception du mois de mai dans les régions océaniques avec une rechute à la baisse à Lille, Laval et Santander. Le printemps est aussi globalement très frais pour les stations allemandes.
A la fin de l’année 2009, c'est-à-dire avant l’hiver très froid que nous connaissons, aucune station n’a retrouvé le niveau de la série juin 2006 – mai 2007. Toutefois l’écart s’est différencié.
Ce dernier est le plus faible à Nice qui présente seulement une moyenne inférieure de -0,9°. La Méditerranée réserve de chaleur importante par ses eaux tièdes profondes mais aussi par la présence d’anticyclones chauds tenaces en 2009, a contribué à atténuer la baisse des températures
L’ensemble des stations françaises, avec en plus Santander, présente encore à la fin de l’année civile 2009, une température inférieure de -1,4° à -1,8° par rapport au maximum atteint pour la série juin 2006- mai 2007. On distingue une légère différence entre les plus méridionales Santander, Saint Etienne ou le Mont Aigoual et les plus septentrionales, Laval ou Lille.
Par contre les stations Allemandes, Frankfort comme Aix la Chapelle, ont gardé des températures en baisse de plus de -2°. L’écart s’est nettement accentué avec les stations Françaises au cours de 2009. Les températures du printemps ont été décevantes et la remontée depuis l’été a été plus modeste qu’ailleurs. L’hiver actuel, avec des températures très froides au-delà du Rhin depuis le début de janvier, va encore contribuer à creuser les écarts. Ceci permet seulement de constater que la baisse des températures est un phénomène qui se poursuit à partir des régions continentales, comme l’air en provenance du nord-est a été le fer de lance du froid de cet hiver et les descentes d’origine arctiques sont arrivées jusqu’à nous par cette trajectoire.
L’influence maritime a contribué à atténuer le phénomène, un peu pour les régions océaniques et beaucoup pour celles de la Méditerranée.
Depuis une quinzaine d’années, on constate que ces moyennes coulissantes des températures sur 12 mois permettent de mettre en évidence des cycles thermiques d’environ 3 ans. Le phénomène a été constaté pour Lyon Bron pour Jean Louis Grieneisen et pour Saint Etienne ou Laval par moi. C’est ainsi que l’on a constaté des pointes de températures croissantes, au printemps 1998, puis à la fin de 2001, au début de 2004 et enfin en avril et mai 2007. Entre chaque pointe, on constate un creux à mi chemin entre ces maximums.
L’analyse récente montre que le point bas de février 2009, une année et demi environ après le maximum de 2007, correspond assez bien au cycle de 3 ans déjà présenté. Ce creux, partout supérieur à -2° est déjà largement plus marqué que les précédents et il faut remonter à l’hiver 1997 pour retrouver des températures moyennes sur 12 mois aussi basses.
Si le rythme de 3 ans se poursuivait, on devrait trouver un nouveau maximum thermique au printemps 2010. On peut faire déjà deux observations.
Ce nouveau maximum a toutes les chances d’être nettement en dessous du précédent. En effet à l’exception de la station de Nice, il conviendrait que la moyenne regagne 1,5° à 2° en moins de 6 mois. C’est déjà statistiquement impossible puisqu’il faudrait pour cela que sur les 6 premiers mois de 2010, chaque mois dépasse de 3 à 4° la températute de son homologue de 2009. C’est d’autant plus invraisemblable que la remontée des températures de la seconde partie de 2009 a été très timide à l’exception d’août ou de novembre. Les mois de janvier et très probablement février 2010 contribuent déjà à plomber les moyennes de l’année qui commence. Par ailleurs, par la nouvelle baisse qu’ils induisent, ils perturbent singulièrement ce cycle de 3 ans observé depuis plus de 15 ans
La seule incertitude que devront lever les prochains mois, consiste à savoir si janvier et février sont le début d’un changement de tendance qui se poursuivra dans le reste de 2010. Dans ce cas le maximum du cycle aura été très précoce en décembre 2009, et surtout très nettement en dessous par rapport à son prédécesseur de 2007 avec -1,5° à -2° de baisse. Dans le cas où la hausse du thermomètre reprendrait après cet hiver, le nouveau maximum serait largement reporté au-delà des 3 ans puisque la température devrait rattraper le retard de fin 2009 accentué par l’hiver actuel !
Seule conclusion, le réchauffement de la planète qui a cessé depuis le printemps 2007 n’est pas prêt de reprendre. L’argument, selon lequel des années froides se sont glissées dans l’évolution générale en raison de la variabilité interannuelle, mais ne remettraient pas en cause le réchauffement, est de moins en moins crédible au fil des mois. L’hiver 2008-2009 a été présenté comme exceptionnel, ce fût vrai pour la neige, mais l’actuel 2009-2010 est pire pour le froid en particulier pour nos amis allemands. Surtout, il arrive alors que la température moyenne est restée à des niveaux assez bas. La publicité que l’on entend tous les jours à ce sujet et qui se termine par « ça chauffe » se transforme mois après mois en une propagande de plus en plus déconnectée des réalités.
Gérard staron vous donne rendez vous samedi prochain sur les ondes ou le site de Radio Espérance, le texte étant repris sur mon blog http://gesta.over-blog.com, avec le graphique. Bonne semaine.