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27 juin 2009 6 27 /06 /juin /2009 20:52

                                                                                  
                                                                                       Chronique N°733

       Contrairement à 2008, l’année en cours semble être excellente au niveau des productions fruitières.
En 2008 ma récolte de mirabelles, de coings n’avait été nulle, celle de cérises et de griottes limitée à quelques fruits acides et pleins de pucerons, celle de pommes et de poires à peine meilleure. Ne parlons pas des groseilles la récolte la plus congrue de ces dernières années.
 En 2009 tout change, les fruits déjà produits présentent une réelle abondance avec une qualité certaine, peu de pucerons et les espoirs de récoltes pour ceux à venir paraissent tout à fait intéressants.
 Des facteurs climatiques importants expliquent cette situation.
 Pour se développer les végétaux doivent subir préalablement un hiver suffisamment rude pour faciliter le démarrage de la plante et la floraison, ce que l’on nomme la vernalisation. Pour les arbres fruitiers, selon Mathon et Stourn, extrait de « Température et floraison » « les pommiers, pruniers, amandiers, cerisiers, abricotiers, pêchers nécessitent souvent une cinquantaine de jours entre 0 et 10° pour lever leur dormance et peut être induire leur mise à fleur. C’est ainsi que, par exemple, dans le sud de la Californie et la Floride, on ne peut cultiver de Pêchers, l’hiver étant trop tiède pour autoriser la floraison. Le froid est nécessaire à la levée de la dormance du cassissier. » Toute la différence entre 2008 et 2009 se situe à ce niveau. L’an dernier la très grande clémence des températures de janvier et février avait gêné cette vernalisation alors que la rigueur de l’hiver 2009 l’a facilité. Voilà qui peut expliquer la floraison très abondante et par voie de conséquence l’importance de la récolte d’autant plus que d’autres facteurs climatiques ne sont pas venu perturber ce début prometteur.
 Le second moment sensible du développement des arbres fruitiers concerne la sensibilité aux gelées de printemps qui surviennent quand les végétaux ont effectué un départ prématuré. Alors que ces arbres fruitiers peuvent supporter des gelées sévères au cœur de l’hiver, ces dernières effectuent des dégâts importants quand elles affectent les végétaux au moment de la floraison ou de la formation du fruit. Alors qu’en plein hiver -20° peuvent n’avoir aucune conséquence, -2 à -3° lors de ces phases sensibles peuvent provoquer des dégâts irrémédiables et ruiner totalement la récolte. Plus la végétation connaît un démarrage précoce au sortir de l’hiver et plus elle risque de connaître le coup d’arrêt d’une gelée tardive, ce qui s’était produit en 2008 lors des coups de froid qui avaient suivi la fête de Pâques dans le département du Gard en affectant en particulier la récolte des abricots. L’allure prise par le climat de 2009 est toute différente. Après un hiver nettement plus froid que la normale, mars a connu des températures légèrement plus clémentes que les moyennes, avril a été indemne de gelée avec des températures élevées et mai a renforcé la tendance. Toutes conditions qui ont facilité les bonnes conditions de développement des fruitiers.
 Par ailleurs les régions méridionales de la France grosses productrices de fruits, ont connu une pluviométrie de saison froide très abondante cette année, autre facteur favorable.
 Ceci ne veut pas dire que les conditions économiques seront aussi bonnes pour le revenu des agriculteurs. Une récolte abondante facilite toujours la surproduction et l’effondrement des cours. Le marché d’un fruit de printemps connaît toujours 4 périodes.
 1) Lors de l’arrivée des premiers fruits, les prix sont élevés car l’engouement des consommateurs est supérieur aux quantités que les producteurs peuvent placer sur les marchés. C’est pour cette raison qu’il est important d’être le premier à produire pour bénéficier des meilleures conditions de prix. C’est aussi pour cela que les régions les plus méridionales produisent les variétés précoces pour accentuer leur avantage climatique. Pour la fraise, jusqu’aux années quatre-vingt, la France du sud bénéficiait de cet avantage, elle l’a perdu quand l’Espagne est entré dans l’union Européenne et a commencé à produire massivement des fraises dans la région de Huelva en Andalousie qui dispose de conditions climatiques qui permettent une récolte bien plus précoce, en raison d’une latitude plus basse.
2) Plus on évolue dans la saison, plus les tonnages mis sur le marché augmentent, les quantités produites dans les jardins s’ajoutent dans la consommation. Cette dernière augmente dans des conditions moindres au point que la surproduction arrive quand on se trouve au cœur de la saison de production. C’est le moment où les producteurs pour tenter de maintenir les prix sacrifient le plus souvent vainement, en mettant à la décharge ou ne ramassant pas, une partie de leur récolte.
3) En fin de saison, les quantités mises sur le marché se raréfient mais la consommation continue et les prix remontent. C’est ainsi qu’un producteur qui ne peut apporter ses fruits le premier, peut avoir sa chance en étant le dernier. Les régions les moins favorables climatiquement doivent donc produire des variétés tardives.
 4) Pendant le reste de l’année lorsqu’on ne peut plus produire chez nous, en fonction des différents fruits, on déstocke le contenu des frigos remplis à la pleine saison comme pour la pomme et la poire, on utilise les productions sous serres comme pour la tomate, ou on va chercher les fruits sous des climats chauds lointains susceptible de les fournir quand c’est impossible chez nous. Il s’agit des fruits et légumes à « contre saison » comme le raisin du Chili ou d’Afrique du sud en janvier. Sans oublier les conserves ou la surgélation.
 Les fruits de printemps qui n’ont pas ces possibilités comme la cerise ou la fraise présentent la particularité d’avoir une série de régions de productions qui doivent échelonner dans le temps les quantités qu’elles mettent sur le marché pour que ce dernier soit alimenté sans à coups. Pour la cerise, on commence au début mai par les productions de l’Espagne ou du Roussillon. Ensuite on passe à celles de la vallée du Rhône avec le bigarreau burlat assez précoce. Puis viennent les productions de la région Rhône Alpes avec Cellieu dans la Loire ou Bessenay dans le Rhône. Enfin, la saison se termine par les cerises tardives, les marmottes, de la moitié nord de la France en particulier de la région d’Auxerre ou celles de l’Allemagne. C’est par cette complémentarité régionale qu’une récolte qui se limite à quelques semaines sur un lieu déterminé, peut permettre d’alimenter une saison de consommation de plusieurs mois
De part et d’autre du Pilat les lecteurs de mon blog, on pu constater cette année qu’il y a eu quasiment un mois d’écart entre les productions de la vallée du Rhône et celles des jardins de l’agglomération stéphanoise.
 Quand les productions de ces différentes régions s’articulent correctement dans le temps selon une succession bien établie, le marché connaît un développement harmonieux. Les problèmes viennent quand les conditions climatiques provoquent en même temps la collision de la production de deux régions qui auraient dû être étalées sur le marché. Il n’y a rien de tel pour accentuer l’écroulement des cours. Au contraire, une région manquante pour cause de gelées comme en 1991, 2003 dans la région Rhône Alpes ou en 2008 dans le Gard provoque une flambée des cours qui dissuade la consommation.
 Il n’y a rien de plus sensible que la production fruitière. Un hiver trop doux, la moindre gelée de printemps, un décalage de production entre deux régions sont autant de facteurs qui peuvent déséquilibrer un marché particulièrement sensible.

 Gérard Staron vous donne rendez vous samedi prochain sur les ondes de radio Espérance, vous retrouverez son texte sur zoom42.fr ou  ce blog..

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